De son surnom le Peintre de la nuit : André Philibert, toujours aussi impressionnant

AndrePhilibert-Atelier

Le peintre André Philibert dans son atelier, situé à l’arrière de sa maison. Sur son chevalet se trouve une toile qu’il avait commencée plusieurs années plus tôt et qu’il vient de sortir de sa dormance, dans sa section réservée à l’entreposage. Il se fie sur l’inspiration qui lui revient et son instinct, bien sûr, pour la terminer.

Le journaliste que je suis a eu le plaisir de rencontrer l’artiste peintre André Philibert au début de ma carrière pour un autre journal, vers la fin des années 1990. Une entrevue où cet artiste d’envergure s’était montré généreux, impressionnant, professionnel, fort intéressant. Ses toiles très spéciales lui avaient déjà valu le surnom de Peintre de la nuit. Et je dois ajouter qu’elles m’avaient grandement frappé par leur originalité, leur créativité, leur spécificité.
Le retrouver ce 4 février dernier à son atelier-galerie d’art de Saint-Mathias-de-Bonneterre, entre Chartierville et Sawyerville, c’était pour moi comme un retour aux sources. À mes sources !
Mon but ici n’est pas de résumer toute la carrière de cet artiste prolifique, de réputation internationale, qui ne peut se réduire à quelques paragraphes, et je n’ai pas l’espace dans le journal pour la multitude de paragraphes qu’il faudrait produire pour ce faire.
Sa première exposition comme peintre s’est tenue en 1968, à ses débuts. Et aujourd’hui, il a encore, comme octogénaire, un projet d’exposition qui lui tient à cœur, pour juillet prochain, à Lac-Mégantic, où il présenterait une rétrospective de ses œuvres du début, avec j’imagine certaines de celles qui ont suivi au cours de sa grande carrière.
Dans le monde, il a un certain nombre de galeries d’art qui vendent des toiles issues de son grand talent. La Galerie Liss, à Toronto, qui a pris la relève de la Galerie torontoise Christin. Il y a aussi la Galerie Archambeault, de Lavaltrie, où une salle a été peinte complètement en bleu, spécialement pour lui, avec un variateur d’intensité lumineuse, créant un effet très spécial pour ses toiles. Et à Québec, et à Paris, et… Je ne veux pas en faire toute une nomenclature, car il y a aussi une kyrielle de galeries où des expos occasionnelles ont été présentées.
Il y a même une couleur, un bleu très spécial qui porte le nom de Bleu Philibert. Pour moi, c’est un signe. Un signe qui ne trompe pas, d’universalité, de dominance, d’importance.
« Comme je peins à l’acrylique et que ça sèche très rapidement sur la toile, la couleur, au début, représentait pour moi un vrai défi, car le dégradé de mes cieux devenait très difficile à obtenir, à mon goût ! », se confie facilement l’homme sympathique.
Il se montre modeste, mais tellement cultivé, produisant des œuvres envoûtantes, qu’il qualifie lui-même de presque monochrome, le mot presque est de moi… Car j’y vois au contraire plein de couleurs qui sont bien cachées, qu’on découvre dans les détails, qu’on devine plutôt, à l’intérieur des maisons où les fenêtres portent une brillance presque magique.
Comme ses toiles, André Philibert est un homme sobre d’approche, à première vue, mais volubile et généreux tout à coup, se montrant différent, bleu sombre, toiles toutes pleines de pénombre, de crépuscule, aux multiples plans de profondeur, le premier plan souvent rempli de grands espaces, de lacs, de grands champs; de personnages variés, de couleur souvent rouge, au deuxième plan, des patineurs; de maisons ou de granges, d’édifices en rectangles au troisième plan; et la montagne, le ciel immense au loin, un horizon sombre comme fond lointain au quatrième plan, fermant la profondeur d’un insondable espace, ajoutant au mystère de l’ensemble, servant de contraste épique à la magie de la lumière vive dans plusieurs fenêtres des maisons… Un défi chaque fois renouvelé, intact, à recréer comme luminosité fluo, incandescente, toujours particulière.
Chacune de ses toiles, un enchantement, toujours présentées dans un équilibre étudié, intelligent.
Il vit dans un coin retiré, inspirant, chemin Verchères, en pleine forêt composée d’arbres qu’il a plantés lui-même autour de sa maison, touffue, protectrice. Il a agencé son atelier, sa galerie d’art à l’étage et son garage dans le même complexe à l’arrière de sa maison.
Merci, André Philibert, pour les grands espaces de vos toiles, calqués sur les montagnes de votre HSF, où vos chemins deviennent des montées vertigineuses, des côtes démesurées, des descentes dangereuses, merci pour le grand pays du
Québec que vous peignez.

Article précédentArticle suivant
©2024 Journal Le Haut-Saint-François