Une grande manifestation agricole a eu lieu à Sherbrooke. Plus de 500 personnes, avec le passage de 100 tracteurs et autres véhicules de ferme, ont perturbé le boulevard Bourque, afin de livrer un message très clair au bureau du MAPAQ situé sur cette artère.
Plus de 500 personnes, dont une majorité de producteurs et productrices agricoles de l’Estrie, accompagnés par une centaine de tracteurs et autres véhicules de ferme, ont manifesté sur le boulevard Bourque, à Sherbrooke en avant-midi, le lundi 22 avril dernier.
Leur but avoué : livrer un message très clair et émotif devant les bureaux du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). Le thème de la manifestation, Nourrir dans la dignité, se voulait un jeu de mots ironique, calqué sur Mourir dans la dignité…
« L’agriculture est en crise. Le modèle agricole québécois, basé sur une multitude de fermes familiales dynamisant les villages, risque de disparaître et laisser sa place à des géants de l’agroalimentaire. À très court terme, le Québec risque de diminuer sa capacité à assurer son autonomie alimentaire. C’est la sécurité alimentaire du Québec qui est en péril », livre l’UPA dans son communiqué de presse.
« L’inflation, les taux d’intérêt et la valeur des terres agricoles tuent les fermes. Les aléas climatiques et les marchés mondiaux menacent les autres. La zone agricole est sans cesse amputée. La paperasse s’alourdit. Loin de l’autonomie pourtant souhaitée par le gouvernement du Québec, c’est de sécurité alimentaire dont il faut maintenant se soucier », a exprimé Michel Brien, producteur de lait et de foin de commerce, à Racine, et président de la Fédération de l’UPA-Estrie.
Pour sa part, le président général de l’UPA, Martin Caron, a affirmé : « Chaque jour, les productrices et producteurs agricoles contribuent à un important projet de société, soit de nourrir les Québécoises et les Québécois. Ils contribuent au dynamisme économique de nos régions. Depuis quelques années, nous sonnons l’alarme sur la situation économique et financière des entreprises. Ils souhaitent être au cœur des discussions et des décisions ayant un impact sur leur avenir, ainsi que sur celui de la relève. Cet avenir est plus fragilisé que jamais et il est plus que temps que des solutions porteuses et pérennes soient mises en œuvre. C’est l’assiette et le territoire des Québécoises et des Québécois des 10, 20, 100 prochaines années qui sont en jeu ! »
Le Haut-Saint-François (HSF) subit la même pression du milieu agricole. Les producteurs et les productrices veulent être au cœur des solutions. Le président du Syndicat local de l’UPA du HSF, Bernard Lapointe, en rajoute.
« La manifestation reprenait les thèmes des difficultés du secteur agricole à tous les niveaux : les coûts de production qui dépassent de beaucoup les revenus, la diminution du cheptel dans la production du porc, la fermeture de l’usine d’Olymel à Saint-Jean-sur-Richelieu, etc. Les répercussions chez les producteurs de proximité sont énormes. Dans le HSF, la majorité des fermes ont des chiffres d’affaires bruts de moins de 100 000 $ par année, et même avec plusieurs de moins de 50 000 $ annuellement », a-t-il indiqué lors d’une conversation téléphonique.
« Les programmes d’aide sont complètement inadaptés aux fermes de petite taille. Ce qu’ils vivent a pour conséquence que les gens se découragent. Les jeunes sont pénalisés s’ils gardent le deuxième job qui leur sert pour survivre : leur subvention est coupée. Ceux qui préparent le budget de l’agriculture, depuis de nombreuses années, ne démontrent pas de volonté politique de maintenir l’agriculture saine et vivante. Les députés sont présents, ils nous entendent, mais ils ont peu d’écoute et encore moins d’action. Des milliers d’emplois au Québec sont en jeu. Quand l’agriculture est moribonde, la région devient moribonde », a conclu M. Lapointe.