La première édition du Forum sur la sécurité alimentaire du Haut-Saint-François (HSF) a bien rempli ses objectifs de sensibilisation aux grands enjeux auxquels la région est confrontée sur le plan de l’alimentation.
Le thème Pour que la faim prenne fin s’est révélé à point, au-delà du jeu de mots. Présentée par la Table de concertation en sécurité alimentaire du HSF, l’activité a réuni 65 personnes actrices de plusieurs milieux, surtout du communautaire, mais aussi des producteurs maraîchers, des gens du milieu scolaire, des municipalités, en somme un événement rassembleur qui a rejoint et fait travailler ensemble tous les acteurs concernés par les grandes questions autour de la faim.
« Toutes ces personnes se sont senties interpelées par l’insécurité alimentaire que de plus en plus de gens vivent. C’est un premier pas qui visait à mettre la question de la faim sur la sellette. Cela a sensibilisé beaucoup les gens, les a fait réfléchir à propos des actions concrètes à poser pour créer une concertation alimentaire et travailler ensemble aux solutions qu’il faut apporter », a décrit Mélanie Lacroix, coordonnatrice de la Table de concertation en sécurité alimentaire.
« Ont été dégagés cinq enjeux, des défis thématiques : l’approvisionnement et l’entreposage, le gaspillage alimentaire et les lieux de transformation, les enfants et les jeunes pour qu’ils mangent à leur faim (club des petits déjeuners, collations, etc.), l’autonomie alimentaire et les déserts alimentaires sur le territoire, et les personnes adultes isolées et les personnes aînées, pour qu’ils mangent eux aussi à leur faim », a continué Mme Lacroix.
Un des organismes forts et très impliqués, dont le travail à contrer la faim est la mission première, les Cuisines collectives du HSF, dont la directrice générale, Julie Jeanson, en avait beaucoup à dire : « Au retour de la pandémie, les coûts de l’épicerie et les besoins, déjà énormes, ont explosé encore davantage », déplore-t-elle.
« En 2022-2023, nous avons nourri 312 bouches. En 2023-2024, nous en avons 1254, soit une hausse de 301,92 pour cent. La hausse des coûts, pour la population, c’est phénoménal, pour les aliments, pour les loyers, ça amène de la misère. Nos employés travaillent très fort ! »
Nous pourrions faire tellement plus, on donne déjà beaucoup. C’est catastrophique, la hausse des coûts. Les matières premières, ce sont nos fonds de base, les aliments sont gratuits pour les membres, ce sont 10 000 $ que nous devons payer, Moisson Estrie Sherbrooke ne comble pas tous nos besoins », indique-t-elle.
Pour Nathalie Blais, DG de Moisson HSF, même cri d’alarme. « La faim, on la vit. Elle n’est pas en diminution ! C’est un gros enjeu pour l’ensemble des banques alimentaires. Les besoins augmentent de manière fulgurante. Nous avons de cinq à sept demandes de plus par semaine, depuis le 1er avril. Et ce ne sont pas tous des gens sur l’aide sociale, loin de là ! Ces gens-là travaillent, ils ont honte de venir nous voir, parce qu’ils se font juger, ils attendent à la dernière minute, à la dernière extrémité, cela nous désole, mais je les comprends tellement », déclare-t-elle, compatissante.
« Au 31 mars, 415 personnes utilisaient nos services, des ménages, des personnes seules, des familles avec des enfants. Il s’en est ajouté 22 de plus, inscrites à la banque alimentaire en avril-mai, et nous prévoyons que ce chiffre atteindra plus de 500 personnes d’ici la fin de l’année. Et le nouveau phénomène, c’est l’itinérance. Nous sommes la seule banque alimentaire qui livre des denrées aux gens qui en ont besoin », conclut-elle.