Des trompe-l’œil partout

Coucher de soleil

Un coucher de soleil exagéré par l’appareil cellulaire.

Vous avez peut-être déjà remarqué maintenant que vos photos cellulaires du beau coucher de soleil ou des aurores boréales sont plus belles que vous avez vu à l’œil, en réalité. Justement, les nouveaux appareils semblent augmenter et exagérer la réalité. Les nouvelles technologies nous trompent.

Ça fait penser aux conversations dans les médias sociaux, surtout aux différences d’opinion. Nos différences sont exagérées par les algorithmes ainsi que par la simple vitesse de communication, entre autres, des nouvelles technologies. Tout d’un coup, l’ami avec qui on pouvait trouver un terrain commun dans le passé a maintenant des croyances, nourries par les médias sociaux, qui sont exagérées, et nous ne sommes plus capable de s’entendre.

Dans une campagne pour la Semaine nationale des journaux plus tôt ce mois, les Médias d’Info Canada ont invité le public à un « retour à la réalité, en rendant hommage aux personnes qui produisent de vraies nouvelles…, c’est-à-dire un contenu qui fait l’objet de recherches et de vérifications avant d’être publié », selon un communiqué publié sur le site communitywire.ca le 7 octobre dernier.

En fait, la différence entre un journal communautaire et un média social est comme celle entre un producteur de pomme du Haut-Saint-François et un méga verger californien ou chinois. À qui faites-vous le plus confiance ? Pourquoi ?

Mais peut-être le méga verger californien achète des pommes produites dans le Haut-Saint-François et nous les revend. Est-ce si mauvais ? La différence est surtout dans le traitement des pommes, le traitement des informations. Est-ce qu’on veut un monde où le dialogue public et le partage des informations se passent par une méga entreprise privée dans un pays lointain ? Est-ce qu’on veut le type de dialogue présent dans les médias sociaux aujourd’hui ? Avec une exagération de la réalité ?
Quand votre journal communautaire choisit mal le titre d’un article, n’est pas assez équilibré dans son traitement d’un débat, ou critique d’une façon injuste, vous prenez le téléphone et vous appelez la journaliste ou le directeur. Bonne chance à le faire avec votre média social !

Une campagne semblable aura lieu à travers le Québec le 3 novembre prochain sous le titre « Je dépense local ». L’idée est d’arrêter le saignement de notre économie par les campagnes styles « Black Friday » et l’achat à ces occasions de produits de mégas entreprises d’ailleurs.

Vous avez peut-être déjà remarqué maintenant que le prix n’est pas un idéal en soi dans la vie. Un bas prix vient avec d’autres coûts, comme la qualité, mais aussi, de nos jours, comme la pérennité d’entreprises locales. Il n’y a plus de magasin général à Island Brook où acheter une pinte de lait ou du pain parce que nous avons préféré les acheter à plus bas prix en ville. Il n’y aura plus d’IGA à Cookshire ou East Angus à l’avenir si on préfère toujours acheter à plus bas prix à Sherbrooke ou de compagnies lointaines qui livrent le lendemain.

Il n’y aura non plus de journaux communautaires si on préfère défiler d’une distraction à une autre en ligne, d’une petite bouchée éphémère d’information à une autre. Vous lirez dans ces pages que le journal communautaire de Dudswell, Le Papotin, célèbre ses 40 ans. Encouragez vos voisins, vos jeunes à continuer de le fidéliser. Si non, on risque de perdre ses institutions vitales à la santé de nos communautés et de nos relations humaines.

Le Journal régional Le Haut-Saint-François a été créé en 1986 en partie pour « favoriser… un dynamisme » au plan de l’économie et la société de la région. Nous continuerons à le faire, avec une fiabilité et crédibilité sans pareil—en produisant « un contenu qui fait l’objet de recherches et de vérifications avant d’être publié ».

Suivez-nous de près dans les prochains mois pour voir à quel point un journal communautaire peut aider à renforcer, au lieu de distancier, les liens entre nous.

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Originaire du Canton de Hatley, Scott Stevenson est directeur du Journal Le Haut-Saint-François et demeure sur sa ferme à Island Brook depuis 2012.
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