Cinq démissions de conseillers municipaux et trois au poste de direction générale. Le Canton de Lingwick fait face à un haut roulement de son personnel depuis le début du mandat du maire Robert Gladu en 2021. Ce lundi 4 novembre, 70 citoyens s’étaient déplacés à la séance du conseil municipal pour réclamer son départ, que le principal intéressé a balayé du revers de la main.
Dès l’ouverture de la séance, six citoyens ont pris la parole à tour de rôle pour exposer les dossiers jugés problématiques : le climat de travail, les finances, le pont couvert. L’ancien conseiller Jonatan Audet a déploré l’état des routes, sur lesquelles des travaux étaient envisagés. Or, lors de la dernière séance du conseil, « on a compris que les travaux prévus n’ont pas pu être faits parce qu’on a oublié la TECQ. 750 000 $! C’est plus que la moitié du budget total de la municipalité! », s’est-il indigné.
Durant son mandat, l’ancienne mairesse Céline Gagné dit qu’elle surveillait de près les finances du canton. Elle avait l’habitude d’en faire un résumé qu’elle partageait avec la population dans le journal communautaire Le Reflet. Lorsqu’elle a voulu prendre connaissance du rapport financier consolidé 2023 de la municipalité, le maire Gladu lui a fait parvenir un lien web imprimé de 75 caractères non-cliquable. Malgré cette embûche, son analyse de la situation financière de Lingwick lui fait dire que « ça n’a plus de sens. Ça ne peut pas continuer à augmenter, les frais. »
Caroline Poirier de la Ferme Croque-Saisons a résumé la position de l’assemblée en interpellant directement Robert Gladu. « Ça pourrait pas être pire. Votre passage à la mairie est cataclysmique. La tâche sera colossale pour relever la situation financière, humaine, communautaire. […] On ne peut pas se permettre une année de plus. »
Des méthodes différentes
Robert Gladu disait s’attendre qu’en passant d’une grande ville à « un petit village, ça pouvait amener des situations pas mal différentes. […] De me faire dire que le climat est toxique icitte, non. »
Le maire de Lingwick s’est alors lancé dans un monologue de 30 minutes dans lequel il a accusé un ancien conseiller d’avoir « des intérêts pécuniers dans des terrains » et insinué qu’un citoyen pourrait avoir des ennuis s’il était amené devant la Commission municipale du Québec. Chacune de ces accusations était accompagnée des huées de l’assistance.
Après que Robert Gladu ait confirmé ne pas avoir l’intention de démissionner, la conseillère Elizabeth Bernatchez a proposé une résolution visant à limiter les interactions entre le maire et la future directrice générale « à une rencontre quotidienne de 15 minutes » et d’interdire celles avec les autres employés municipaux.
Des policiers ont été présents lors de deux séances du conseil municipal de Lingwick cette année, dont celle extraordinaire du 13 mai qui avait été ajournée devant le refus du maire Gladu de fournir les grandes lignes d’une nouvelle politique d’aide financière et de soutien aux organismes à but non lucratif du territoire.
Avant son arrivée à Lingwick, Robert Gladu a été conseiller municipal à Longueuil de 2001 à 2013.
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