Le programme Ose le Haut, de la Municipalité régionale de comté du Haut-Saint-François, vise à attirer et accueillir des visiteurs et nouveaux résidents à la région.
J’irai contre le courant avec une vision différente ici. Souvent, une crise amène aussi de l’opportunité. Dans la région du Haut-Saint-François, à travers le Québec, et nationalement, on risque de vivre une crise économique après le changement de pouvoir chez nos voisins du Sud en janvier.
La nouvelle administration élue aux États-Unis ne s’est pas exprimée très favorable à recevoir nos produits, à échanger avec nous sous nos politiques actuelles ou à recevoir de nouveaux arrivants, que ce soit de chez nous ou ailleurs. Mais, notre économie dépend beaucoup de nos ventes aux Américains, d’où le risque d’une crise économique chez nous.
Selon les analystes, cette nouvelle administration mettra aussi de la pression contre notre système de gestion de l’offre, qui contrôle la quantité de biens ainsi que leurs prix, comme le lait, le sirop d’érable, la volaille et le bois, que nous produisons.
Déjà, notre économie et notre société subissent de pressions importantes : la hausse des prix, le manque de main-d’œuvre et les coûts grandissants de nos services publics, surtout en santé. Proportionnellement, de moins en moins de jeunes doivent épauler le fardeau de notre système de sécurité sociale, qui dessert une population vieillissante.
Nos fermes n’ont pas assez d’ouvriers, les hôpitaux manquent d’infirmiers et de médecins, et nous n’avons pas assez de travailleurs et d’entrepreneurs de la construction pour répondre à la demande criante pour bâtir et entretenir nos logements.
En même temps, sous la nouvelle administration américaine, on s’attend à voir la plus grande déportation d’immigrants dans son histoire. « Les États-Unis sont pour les Américains seulement » qu’une voix en faveur de cette nouvelle administration a dit après les élections.
Pourquoi qu’on ne fait pas le contraire au Canada ?
« Le Canada est accueillant! Le Québec est fort de son ouverture au monde. Ose le Haut !
« Mon pays, ce n’est pas juste pour moi. J’ai besoin de mes voisins – les vieux, les jeunes et les nouveaux. »
Non seulement notre économie pourrait éviter le pire d’une crise potentielle, elle pourrait au contraire vivre une nouvelle ère d’essor si on recevait plus de nouveaux résidents venus d’ailleurs. Ce serait plus de personnes à qui vendre nos œufs, notre viande, notre lait, notre sirop d’érable. Ce serait plus de personnes à remplir nos postes en agriculture, en administration, en santé et services sociaux. Ce serait plus de personnes à payer les impôts nécessaires pour financer nos programmes d’aide sociale – qui sont de plus en plus recherchés par notre propre population vieillissante. Ce serait aussi plus de personnes pour bâtir et maintenir nos maisons et appartements.
Malheureusement, le courant populaire voit l’immigration comme un fardeau au lieu d’un atout : comme si de nouveaux voisins occupent nos logements sans contribuer à leur construction; comme si de nouveaux résidents bénéficient de nos programmes sociaux sans y contribuer.
Mais en réalité, qui pensez-vous est plus apte à faire une contribution positive : celui qui est citoyen actuel depuis longtemps et qui reçoit les services de santé, l’assurance chômage quelques mois par année, ses routes déneigées et pavées, sa garderie subventionnée, et qui paie autant qu’il peut en dessous de la table…; ou celui qui arrive d’un pays duquel il préférait partir pour rebâtir une meilleure vie ?
Les différentes expériences vécues ailleurs peuvent amener une grande appréciation pour et un engagement dans nos systèmes et institutions, qui ont maintenant besoin de plus d’appuis.
Au Québec et ailleurs au Canada, nous fermons nos portes de plus en plus à l’immigration. Nous ne pensons pas être prêts, pas avoir assez d’espace, assez d’argent. Dans certains contextes, on peut comprendre. Surtout, c’est clair qu’il manque de logements.
Nous vivons aussi une vague de conservatisme qui aura l’effet de démanteler une partie du filet de sécurité sociale. Si on ajoute la pression qui arrivera de nos voisins du Sud contre notre système de gestion de l’offre, je crois qu’on peut s’attendre à une ère de dérèglementation.
Ce ne sera pas tout mauvais si ça nous permet de créer plus rapidement des logements, plus facilement engager de nouvelles infirmières et médecins, plus efficacement avoir de l’aide sur nos fermes.
Surtout, si nous pouvons nous sentir plus ouverts à recevoir de nouveaux arrivants et citoyens – avec une campagne de préparation à tous les niveaux – peut-être notre avenir économique et social pourrait être plus prometteur.