Pour survivre en forêt et sur la ferme

Pendant que nos érablières finissaient d’entailler à la mi-février, on parlait justement d’elles au forum régional sur le développement de notre zone agricole. Les fermes et entreprises forestières étaient les vedettes de ces discussions : on veut les voir réussir et se distinguer.

Elles essaient : exceptionnellement, comparé à d’autres régions, le Haut-Saint-François a vu son nombre d’entreprises agricoles augmenté dans les 20 dernières années. On est aussi reconnu pour la haute proportion de petites entreprises.

Mais petite entreprise égale petit revenu, surtout sur la ferme ou dans la forêt. La moitié des exploitations ici gagne moins de 50 000 $ par année. Aussi, « Le nombre d’entreprises en démarrage (déclarant des revenus de 5 000 $ et moins) a presque triplé depuis 2010 », selon la mise à jour 2024 du Plan de développement de la zone agricole du Haut-Saint-François.

Pour survivre, sans parler de réussir, il faut les aider à augmenter leurs revenus. Ces fermes qui ont des revenus moins de 50 000 $ doivent avoir une ou plusieurs personnes dans la famille, si elles sont chanceuses d’avoir une famille, qui gagnent aussi un revenu hors-ferme. Mais on est grand nombre dans la région à pouvoir témoigner qu’exploiter une ferme et poursuivre un revenu hors-ferme est très difficile.

Pour soutenir ces gens courageux et acharnés, les planificateurs au forum, les Mariane Paré, Robert Roy et autres, parlaient de collaboration, d’entraide, de mobilisation et de synergie entre les acteurs intéressés. Le ton était positif. La rencontre d’une journée au milieu de la semaine a attiré une grande participation, environ 80 personnes.

Mais on ne parlait pas juste de planification. Une rencontre de producteurs agricoles et forestiers, que ce soit formelle ou informelle, couvre toujours des sujets des plus intéressants, en allant de la météo aux morts. Sans le qualifié comme acharné (c’est juste normal), on parle du travail, de la fin de l’entaillage, des naissances au cheptel, de la coupe à la forêt, des voyages de bois; aussi des incidents et des accidents.

L’industrie de la forêt et la scierie se trouve parmi les cinq premières en termes de décès par accident au Québec, selon la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST); l’agriculture parmi les 10 premières.

Au forum à Bury, on parlait aussi de la perte d’un collègue récemment, qui n’est pas retourné vivant de sa sortie de coupe de bois. On sait tous comment ça peut arriver si facilement, comme le travail avec les grands animaux, surtout une vache avec son nouveau-né, peut aussi se retourner contre nous.
Dans mon cas, des arbres coupés qui bougent soudainement de façon horizontale m’ont souvent surpris, une fois avec un bon coup à la jambe qui a pris des semaines à guérir. On sait que chaque fois qu’on sort de la forêt sans accident, on est chanceux.

On met aussi la chance de notre bord par des formations : le cours de base sur l’abattage directionnel et de précision, par exemple, offert par le Syndicat des Producteurs forestiers du Sud du Québec, a énormément amélioré mon travail et ma sécurité, malgré plusieurs décennies d’expérience auparavant. Ça n’enlève pas la malchance, mais ça augmente beaucoup la chance.

Et ça parle justement des bénéfices de la collaboration : que les producteurs se sont réunis à l’intérieur d’un organisme, dans ce cas le Syndicat, pour améliorer leur sort, que ce soit par l’offre de formation, par la gestion de l’offre même ou par la planification. Comme lors d’un forum à Bury où on parle d’un meilleur avenir pour nos fermes et nos entreprises forestières.

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Scott Stevenson
Scott est le directeur du Journal depuis 2024. Originaire du Canton de Hatley, il demeure sur sa ferme à Island Brook depuis 2012.

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