De gauche à droite : André Martin, Claire Comeau et Samuel Veilleux.
« Des nouveaux garages qui ouvrent dans la région, je n’en connais pas vraiment. Mais des garages qui ferment, oui, surtout depuis trois ans. C’est surtout le manque de personnel qui cause ça », de dire Claire Comeau.
Claire et son mari, André Martin, sont propriétaires de Service de pneus Comeau à East Angus depuis 2002. Cette entreprise a été créée en 1979 par le père de Claire, Roger Comeau.
« On a beaucoup de difficulté à trouver de nouveaux employés et encore plus des mécaniciens. Si tu n’as pas de main-d’œuvre, c’est difficile de vendre ton entreprise. »
C’est ce qui arrive à d’autres garages, d’expliquer André. Ils finissent par vendre un bâtiment seulement, et la région perd l’entreprise.
Selon lui, cette pénurie de main-d’œuvre dans les garages pourrait s’expliquer par le fait que le travail « […] de poseur des pneus et de mécanicien, c’est plus exigeant physiquement que d’autres emplois qui le sont moins, ce qui les rend moins attractifs pour les jeunes. »
Comme Claire et André n’ont pas d’enfants pour prendre la relève de l’entreprise familiale, il y a un peu plus d’un an, ils ont engagé Samuel Veilleux, qui a 15 ans d’expérience dans le domaine.
« On a créé le poste de directeur adjoint juste pour lui. Quand on n’est pas là, c’est lui qui s’occupe du service à la clientèle, de la gestion des employés et de l’entreprise. Quand l’heure de la retraite arrivera pour nous, il sera prêt à prendre la relève », de dire Claire.
Clovis Desrochers : pénurie de mécaniciens
« J’ai acheté mon garage le 16 mars 2020, juste quelques jours avant que le début de la pandémie de Covid-19 au Québec », de se rappeler Clovis Desrochers, 31 ans, mécanicien de formation avec 12 ans d’expérience.

Il est bien conscient des nombreuses difficultés rencontrées dans son domaine. La fermeture d’autres garages laisse leur clientèle à la recherche de nouveaux.
« Comme tous ceux du coin débordent déjà, le mien y compris, et qu’il y a une pénurie de mécaniciens, je ne pense pas pouvoir fournir. On va donc faire ce qu’on peut. »
Lui aussi trouve qu’être mécanicien « […] c’est dur physiquement. On adopte parfois des postures qui sont dures pour le dos, pour les articulations. »
« Ça fait partie des raisons qui, selon moi, expliquent que ce métier attire moins les jeunes et qu’on a de plus en plus de difficultés à se trouver des employés. »
« Moi, ça m’a pris quatre ans avant d’en trouver un qui me convient. Mais si je veux le garder, je dois le payer très bien et je dois l’augmenter régulièrement. Je parle aussi beaucoup avec lui. »
« Maintenant, il y a plus d’employeurs que d’employés intéressés à travailler dans les garages. Pour trouver quelqu’un, j’ai dû aussi modifier l’horaire de travail. Ça faisait partie des conditions d’embauche. »
« Si je perds cet employé, je ne pense pas que je vais le remplacer. Ma plus grande peur, c’est d’embaucher quelqu’un d’incompétent, parce que c’est ma réputation qui est en jeu. »
Roger Gourde : Manque de relève
Roger Gourde travaille depuis 45 ans dans le débosselage, la peinture et la mécanique automobile. « Mais ça fait 26 ans que je travaille dans mon garage qui est sur ma propriété située sur le chemin Galipeau à Ascot Corner. »
« Le manque de relève est la principale raison qui fait que je vais fermer mon garage, même si je n’ai pas encore de date officielle de fermeture. »
« Je ne reçois plus de clients, mais comme j’ai un permis de vendeur automobile, j’achète des véhicules accidentés, je les répare et je les revends. »
« Comme je n’ai pas d’employés, c’est presque impossible de trouver un acheteur qui va investir son argent pour acheter un garage situé sur un chemin de campagne. »
« L’avenir pour les petits garages en région n’est pas drôle. Avant, il y avait six garages à Ascot Corner, mais je crois que je suis le dernier qui reste. À qui je vais référer les clients, je ne sais pas. »