Chantal Fortin au travail dans la manufacture des Confections Troy à Weedon lors de ses Portes ouvertes le 27 mars dernier.
Tout comme la pandémie, la guerre tarifaire avec les États-Unis semble bénéficier aux Confections Troy de Weedon. Mais contrairement à la fin de l’engouement après la pandémie, une hausse de production devrait être durable cette fois, selon les propriétaires, Marc Beaudoin et Alain Bergeron.
Les deux ont accueilli environ 75 visiteurs lors des portes ouvertes du 80e anniversaire de la compagnie en mars. Le public a pu voir les deux planchers et une vingtaine d’employés en plein travail. C’était aussi l’occasion de jaser avec les dirigeants, M. Beaudoin à la compagnie de confection de vêtements depuis 1983 mais comme co-propriétaire depuis 1994, et M. Bergeron depuis 2011.
Malgré les hauts et les bas de l’industrie des textiles et des vêtements au Québec à travers les décennies, aujourd’hui, « les clients cherchent de plus en plus au Canada », selon M. Beaudoin. « Il y a plus d’intérêt pour l’instant, mais est-ce que ça va durer ? »
Lors de la crise de la pandémie, il y avait beaucoup de contrats offerts à Troy, comme pour les habits protecteurs des infirmières et des blouses à coutures scellées pour les premiers répondants, mais cette demande « a tombé sec » lorsque les clients ont pu retourner vers l’Asie pour une main-d’œuvre « à coût beaucoup, beaucoup plus bas que nous autres », de dire M. Beaudoin.
Auparavant, les Confections Troy fournissaient des pantalons pour de gros clients gouvernementaux, comme la Sûreté du Québec, la GRC, Postes Canada et plusieurs corps policiers de la province. Maintenant, « nous n’avons plus de contrats par les gouvernements. Tout est en importation. »
« On est encore là, mais pour combien d’années ? » se demande M. Bergeron. Les deux propriétaires notent aussi une perte d’expertise au Québec par ce transfert de contrats ailleurs. « Si la demande augmentait beaucoup, l’expertise n’est plus là », selon M. Bergeron.
Les deux hommes d’affaires ont pris du temps lors de leurs portes ouvertes le 27 mars dernier pour une courte entrevue dans leurs bureaux aménagés dans un coin de la manufacture, construite dans les années 1940 par les propriétaires de l’époque, Jean Libérali et Joseph Bordoff. Ces bureaux, occupés principalement par le directeur général, Marc Beaudoin, et l’adjointe administrative, Guylaine Bolduc, prennent un tout petit espace du bâtiment, comparé aux ateliers.
En faisant un peu de tout, les propriétaires retiennent cette expertise qui était tout un coup nécessaire lors de la pandémie et encore maintenant avec le Canada en guerre d’échange.
Parmi cette expertise, les Confections Troy ont investi dans une machine de plus de 150 000 $ pour aider à répondre à la demande durant la pandémie. Elle attache les poches aux pantalons à un rythme de 45 secondes comparé aux 2 minutes par une couturière. Mais depuis, la machine est peu utilisée due à la baisse post-Covid de la demande.
Aujourd’hui, en guerre tarifaire, on parle de diversifier notre propre économie, mais MM. Beaudoin et Bergeron espèrent que la volonté ne sera pas juste passagère. « On devrait au moins garder 30 % de capacité au Québec », mentionne M. Beaudoin.

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