Le cas de Guitabec : la gestion d’un sujet chaud

La tête d’une guitare de marque Godin. Photo provenant de l’entreprise

On accuse le journal de publier des « commérages de perron d’église », et le professionnalisme de notre journaliste, Jean-Marc Brais, est attaqué au sujet de notre article la semaine dernière sur l’avenir des usines de Guitabec à La Patrie. Notre première publication à ce sujet suivait une semaine d’enquête par M. Brais, par téléphone, par courriel, sur Internet et sur le terrain, en personne, à La Patrie. Son travail et la crédibilité du Haut-Saint-François à travers la région parlent d’eux-mêmes, mais je vous offre ici quelques aperçus pour aider à mieux comprendre et pour corriger les accusations.

Les gens de La Patrie et de la région se questionnent depuis un certain temps sur l’avenir des usines de Guitabec, et on nous a demandé récemment pourquoi on ne s’intéressait pas à cette question. M. Brais l’a alors abordée, en commençant par contacter l’usine de La Patrie. On lui a dit que les gens de l’usine ne pouvaient pas répondre à ses questions et qu’il devait plutôt s’adresser à la direction de l’entreprise à Montréal. M. Brais l’a fait une dizaine de fois en sept jours ouvrables, sans réponse. Il a enregistré ses messages. Il a aussi continué ses recherches sur le terrain.

Peut-être le sujet est-il délicat ? La gestion d’une entreprise d’envergure internationale, avec des installations dans des petites communautés comme La Patrie, doit impliquer des enjeux parfois difficiles, en termes de main-d’œuvre, tarifs américains, perception de la communauté et plus. On peut comprendre que ce n’est pas évident de gérer les communications autour de ces enjeux. On peut aussi comprendre le milieu local, sa fierté envers une entreprise, ses espoirs de préserver des emplois et une institution centrale.

D’où les questions qui circulaient. Et d’où l’importance de bien communiquer, par l’entreprise, par la communauté, les employés, et par le journal communautaire. Sans communications saines et ouvertes, les doutes, les peurs et la confiance se dégénèrent.

Après notre publication sur Internet le 31 mars, la direction de l’entreprise ne nous a toujours pas contactés, mais a émis un mémorandum à ses employés à l’effet que notre article constitue des « commérages de perron d’église » et qu’elle est « surprise » de la nouvelle.

L’article a fait fureur, attirant une attention hors norme comparativement à nos publications régulières; aussi des critiques inhabituelles, incluant cette réaction si ancienne et simpliste de tirer sur le messager.

Radio-Canada s’est ensuite intéressée à l’histoire et a fait un suivi. À notre grande surprise, leurs journalistes ont réussi à parler au responsable de l’entreprise à qui nous avons laissé tant de messages.
La question demeure : pourquoi ne nous a-t-il pas répondu ? Si les usines ne ferment pas, c’est une simple et heureuse réponse à donner, n’est-ce pas ? Nos lecteurs aimeraient bien l’entendre. C’est dommage qu’on ne nous offre pas ce respect, au journal local, et à son journaliste professionnel qui est maintenant attaqué, d’offrir cette réponse qui aurait été si simple à donner.

L’intérêt et la sensibilité autour de notre article parlent peut-être aussi fort que la version des faits que nous avons pu déterminer avant publication. Jean-Marc Brais a bien fait ses recherches et est même allé au-delà pour pouvoir répondre aux questions qui circulaient quant à l’avenir de cette institution importante. Que les porte-paroles de cette institution ne soient pas disponibles pour répondre à nos questions n’aide évidemment pas la communauté à comprendre des évènements qui l’affectent. Un moment donné, le messager, qui est le journal communautaire, doit publier les faits au meilleur de sa connaissance, ce que nous avons fait par Internet en premier, selon ma décision, et que nous continuerons à faire.

Article précédentArticle suivant
Scott Stevenson
Scott est le directeur du Journal depuis 2024. Originaire du Canton de Hatley, il demeure sur sa ferme à Island Brook depuis 2012.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

©2025 Journal Le Haut-Saint-François