Jean-Paul Gendron tirera sa révérence à la présidence de l’Agence de mise en valeur de la Forêt privée de l’Estrie (AMFE) au mois de juin prochain après 14 années à sa tête. Il est d’avis que « le couvert forestier se porte bien » dans le Haut-Saint-François et que la forêt jouit même d’un certain « engouement » à l’heure actuelle.
Bon an, mal an, l’Estrie demeure la deuxième région productrice de bois provenant de la forêt privée au Québec, derrière le Bas-Saint-Laurent. Au sein du territoire estrien, « c’est encore le Haut-Saint-François qui met le plus de bois en marché », indique M. Gendron, avec 24 % du volume émis sur le territoire du Syndicat des Producteurs forestiers du Sud du Québec en 2023.
Hausse de budget
Le budget de l’AMFE suit cette tendance. Parmi les 17 agences de mise en valeur des forêts privées dans la province, « on s’est toujours situé deuxième en importance budgétaire », derrière le Bas-Saint-Laurent, poursuit M. Gendron. Jusqu’à tout récemment, le budget annuel de l’AMFE « tournait autour de 3,5 M $ ».
Or, à la suite de représentations faites auprès de la ministre des Ressources naturelles et des Forêts par la Fédération des producteurs forestiers du Québec et Groupements forestiers Québec, « ils ont augmenté les budgets. À notre grande surprise, le budget a doublé d’une claque! », confie Jean-Paul Gendron.
C’est ainsi que l’AMFE s’est retrouvée avec un budget d’environ 7,5 M $ pour l’année 2024-2025. Ce budget a été réparti parmi les groupements forestiers du territoire parmi lesquels on retrouve : des Cantons (bureau à Cookshire), des Appalaches (La Patrie), Laforêt (Ham-Nord) et Saint-François (Windsor).
Avec des investissements de 147 M $ de 2024 à 2029 pour la forêt privée de la part du gouvernement du Québec, « on devrait avoir les budgets pour continuer notre démarche régionale de valorisation puis de pérennisation », estime M. Gendron.
Hausse de la possibilité forestière
La Fédération des producteurs forestiers du Québec (FPFQ) a récemment déposé son cinquième inventaire forestier. Ces inventaires recensent les forêts privées et publiques aux 12 ans. Entre le quatrième et le cinquième – qui est en cours et se terminera d’ici 2028 ‒, « le volume de bois a progressé de 24 % pour le territoire de l’AMFE », indique un document de l’Agence.
La possibilité forestière du territoire (soit ce qu’il est possible de récolter sans épuiser la ressource) se maintient autour de 1,8 M m3/an, avec « la moitié des forêts [qui] sont maintenant matures [50 ans et plus] et propices à la récolte. »
Baisse des accidents
La fréquence des accidents en forêt est à la baisse, mais le risque demeure toutefois bien réel. « Être bûcheron, c’est un métier qui est dur et qui est dangereux. Des accidents forestiers, tu en as à tous les ans », se désole Jean-Paul Gendron qui a déjà subi des blessures mineures en bûchant.
Près de chez nous, Pierre Girard est décédé le 12 février dernier à la suite d’un accident sur les terres de la ferme familiale à Westbury. Malgré ce côté sombre, la forêt « ça crée de l’emploi, ça génère de la plus-value économique », rappelle M. Gendron. Ses autres avantages incluent « le tourisme, les paysages et la santé publique. »
Jean-Paul Gendron a fait carrière au Bas-Saint-Laurent—Gaspésie de 1972 à 1986 pour l’Office de planification et de développement du Québec, puis en Estrie de 1986 à 1991. Il a été sous-ministre adjoint au développement des régions en Estrie de 1992 à 1996. Il multiplie depuis les implications au sein de comités, dont celui de la création du parc national du Mont-Mégantic en 1994 et du réseau des Sentiers frontaliers.
Il est membre de Nature Cantons-de-l’Est depuis 2001 et président de l’Agence de Mise en valeur de la Forêt privée de l’Estrie depuis 2011.