Matthew Burns : « Les États-Unis vendent trois fois plus de produits laitiers au Canada qu’on vend chez eux. »
« La sécurité alimentaire, ça ne se réalise pas à la bourse », de dire le renommé producteur laitier, Noël Landry, 87 ans, et aujourd’hui à la retraite. Bon nombre de candidats électoraux promettent de protéger la gestion de l’offre en agriculture, mais M. Landry les avertit contre d’autres ouvertures, même petites, de notre marché aux États-Unis dans l’actuelle guerre d’échange.
Dans toutes les ententes précédentes, le Canada « a perdu 18 % de notre production, pour combler nos besoins », a-t-il dit lors d’une entrevue le 25 mars dernier. Autrement dit, nous avons préservé seulement 82 % de notre propre marché. « En bas de 70 %, tout est perdu », selon M. Landry.
Actuellement, les producteurs américains vendent 700 millions de dollars de lait au Canada, comparé à 200 millions de produits canadiens vendus aux États-Unis, selon M. Landry.

Ce sont deux marchés très différents, deux profils d’entreprises agricoles incomparables : au Québec, il y avait une moyenne de 82 vaches par ferme entre 2020 et 2023, selon Statistiques Canada, publié par l’Association des Producteurs de lait du Québec; en Californie, il y avait 1545 vaches par ferme, selon la Idaho Dairymen’s Association.
À la ferme de Matthew Burns, 30 ans, à Newport, dans le Haut-Saint-François, il y a actuellement 50 vaches en production. Il est en train de bâtir une nouvelle grange avec des machines robotisées pour pouvoir augmenter sa productivité et ajouter une dizaine de vaches, ce qui pourrait monter sa production d’environ 40 %. C’est un investissement entre 1 et 1,5 million de dollars pour les infrastructures plus un autre 500 000 dollars de quota lorsque la ferme peut l’acheter.
Ce quota est la monnaie courante du système canadien de gestion de l’offre, qui relie les besoins des consommateurs canadiens à la production agricole et des prix stables pour consommateurs comme producteurs.
Les investissements de M. Burns, comme les grands investissements que notre région connait depuis plusieurs années dans le domaine du sirop d’érable, sont plus accessibles par cette stabilité. Aussi, M. Burns a noté la grande fluctuation au prix des œufs américains lors de la grippe aviaire récente, comparé à la stabilité canadienne. S’il y avait une crise semblable dans le domaine laitier et notre marché était plus ouvert aux américains, « ils vont fournir leurs propres peuples en premier, et on n’aura pas de produits laitiers sur nos tablettes », de dire Matthew Burns.
Il a une certaine confiance dans les promesses des politiciens canadiens en ce moment, mais il dit aussi qu’« on ne connait pas vraiment ce qu’ils peuvent changer ». La guerre d’échange l’affecte alors. « Je ne dirai pas que j’ai peur, mais je suis quand même un peu préoccupé ».
S’il y a une consolation, il la trouve dans les consommateurs d’aujourd’hui. « Comme producteurs laitiers, nous sommes reconnaissants de l’appui général démontré par le public ». Les gens remarquent de plus en plus le logo bleu, qui indique des produits laitiers 100 % canadiens, selon lui.