Mon titre de l’automne dernier, « Le rejet local », était peut-être trop loin de son allusion, le Refus global. J’évoquais une réalité vécue par les petits milieux ruraux et souvent marginaux où la vie est dominée par les pouvoirs centraux. Dans l’article, on racontait le rejet par l’UPA local du Haut-Saint-François du plan de financement de la fédération centrale de l’Union des producteurs agricoles du Québec (UPA). Le directeur de l’UPA régionale de l’Estrie présentait, positivement, le plan aux membres de l’UPA du Haut-Saint-François en septembre dernier, mais les membres locaux sont devenus les premiers en Estrie à le rejeter. Par la suite, les membres de l’UPA régionale de l’Estrie, à leur tour, l’ont rejeté, avant de finalement être accepté au niveau provincial à condition d’une amélioration prompte dans le système de cotisations.
En entrevue récemment, Noël Landry a exprimé son accord avec cette idée de cotiser les membres selon le niveau de production au lieu d’un prix unique pour producteurs ou entreprises. « Avant, il y avait plus d’uniformité dans les productions », a-t-il confié.
Justement, le Haut-Saint-François accueille aujourd’hui un grand nombre de petites fermes comparé à d’autres régions. Le petit et le local sont importants ici. L’innovation et le leadership aussi. M. Landry nomme une dizaine d’agriculteurs d’ici qui, au fil des années, ont occupé des postes clés dans la gestion de l’agriculture québécoise, comme les Berthier Gelé, Auguste Hivert, Marie-Antoine Roy et Antoine Doyon. M. Landry lui-même a été président de l’UPA-Estrie pendant plusieurs années.
Même si l’UPA est une entité centrale et puissante, sa structure en partie décentralisée permet l’opposition comme on l’a vécu l’automne dernier lors des votes contre son plan de financement par les membres locaux.
Heureusement aussi, la grande force de la centralisation, qui a vidé tant de villages des régions comme la nôtre depuis des décennies, est aujourd’hui contrebalancée par la possibilité de se connecter à distance et par un nouvel intérêt pour la vie en région et sur les petites fermes.
L’entité centrale, quelle qu’elle soit, a toujours besoin de ces membres et milieux locaux. Elle doit aussi toujours être ouverte à l’opposition et à la critique. La solidarité, d’accord. Mais il faut toujours laisser la place à l’expression libre, saine et constructive du bas vers le haut, du local vers le centre. Sinon, les membres et les milieux locaux n’ont pas de place, et l’organisme est vide et sans fondation.