Marie-Claude Bibeau attribue son succès entre autres à sa présence sur le terrain et l’efficacité de son équipe.
Marie-Claude Bibeau entame un troisième mandat en six ans à titre de députée de Compton-Stanstead. Elle a même légèrement augmenté son avance avec 3 344 voix de majorité sur sa plus proche rivale, la candidate du Bloc Québécois et mairesse d’Ascot Corner, Nathalie Bresse.
Bien qu’elle était relativement confiante, Mme Bibeau avouait lors de l’entretien téléphonique qu’elle était prête à tout, les élections étant fréquemment imprévisibles. La députée attribue sa victoire à sa connaissance du terrain, à sa présence dans le milieu avec une équipe qu’elle qualifie de « très compétente, expérimentée et engagée. » Cette présence, ajoute-t-elle, a permis d’aider les citoyens, les organisations, entreprises et municipalités. « Donc 6 ans de travail, de loyaux services. C’est probablement une partie de ce qui peut faire la différence. »
Mme Bibeau retient de la campagne les préoccupations des gens envers l’environnement et la pénurie de main-d’œuvre. « La formule actuelle d’être bien entourée au bureau de circonscription pour bien servir la communauté de différentes façons, je pense que c’est une formule gagnante qu’il faut continuer. »
Quant au résultat national, il est similaire à celui précédent le déclenchement des élections, Mme Bibeau répond que « l’important est de poursuivre avec le gouvernement libéral » tout en rappelant l’importance d’avoir déclenché des élections. La députée rappelle que le mandat accordé lors des élections générales de 2019 n’avait rien à voir avec « le monde dans lequel on vit après une pandémie. On se faisait dire par l’opposition : vous n’avez pas le mandat de ceci et cela. On sait qu’un gouvernement minoritaire a une durée de vie moyenne de 18 mois, on sentait quand même la fin venir d’une certaine façon ou d’une autre. C’était le moment de demander aux Canadiens est-ce que vous êtes d’accord avec l’orientation qu’on prend. Les Canadiens et Québécois ont répondu, on est d’accord avec votre orientation, allez-y pis vous allez continuer à le faire en collaboration avec les autres partis. »
Invitée à commenter si elle souhaitait un retour au sein du conseil des ministres, Mme Bibeau rappelle que la décision revient au premier ministre. Toutefois, elle avoue éprouver une hâte de voir d’une façon ou d’une autre quelle responsabilité elle pourrait jouer au sein de toute l’équipe libérale. Interrogée à savoir si elle préférerait conserver son ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire ou aller voir ailleurs, « j’aime beaucoup l’agriculture, c’est sûr; en plus, c’est proche des gens de chez nous, donc si j’ai le privilège de continuer je vais être très contente, si c’est d’autres défis, ça sera d’autres défis, je suis prête à tout, alors c’est à suivre. »
D’autre part, Mme Bibeau ne croit pas que la sortie du premier ministre du Québec, François Legault, demandant aux Québécois de voter pour le Parti conservateur, entache les relations avec ses collègues élus. « On travaille avec eux (députés) déjà depuis trois ans. Moi, ici, j’ai une super belle relation avec M. Jacques (François Jacques, député de Mégantic) entre autres parce que je côtoie les députés caquistes, j’ai tellement une belle relation avec le ministre de l’Agriculture, M. Lamontagne. Moi, ça ne m’inquiète pas. On travaille à servir le mieux possible les Québécois, on a le même objectif, alors on va trouver les bons moyens de s’entendre, ça ne m’inquiète pas. »
Nathalie Bresse
Évidemment, Mme Bresse est déçue du résultat, mais satisfaite du nombre de voix obtenues. Elle signale que Mme Bibeau a également obtenu moins de votes que la campagne précédente. La candidate du Bloc Québécois explique un léger déplacement du vote vers le conservateur et NPD en attribuant la raison à une volonté de changement de gouvernement. Mme Bresse estime avoir mené une bonne campagne et avoir fait tout ce qui était possible. « Je suis fière de la campagne que j’ai faite. » Elle admet que la députée sortante est connue sur le territoire et bénéficie d’un certain avantage comparativement à elle qui devait se faire connaître sur l’ensemble du grand territoire que représente Compton-Stanstead. Par ailleurs, Mme Bresse se dit déçue du résultat national « avoir dépensé 620 M$ en pleine pandémie qui a donné absolument rien, parce que ça donné un miroir, c’est les mêmes qui ont été réélus. »
Quant à sa carrière politique, Mme Bresse laisse entendre qu’il ne faut jamais dire jamais et insiste pour préciser qu’elle n’a pas changé d’idée pour le municipal et ne se représentera pas. Elle préfère se concentrer sur son salon de coiffure « à trois jours semaine. Je m’en vais vers ma préretraite tranquillement », complète-t-elle.
Pierre Tremblay
Le candidat défait du Parti conservateur, Pierre Tremblay, prend les résultats avec sérénité. « C’est la démocratie, moi, j’ai tout donné, j’ai rien à me reprocher de ce côté. Les gens ont fait leur choix, j’accepte la défaite. La chose qui me dépasse un peu, c’est le nombre de gens qui ont décidé de reconduire Justin Trudeau au pouvoir, ça, je ne comprends pas. Je suis très surpris de ce résultat-là. » M. Tremblay est tout de même satisfait de son résultat personnel ayant augmenté le nombre de voies de 1 432 comparativement à son prédécesseur de l’élection de 2019. Pierre Tremblay est satisfait de sa campagne, « je voulais vivre l’expérience, c’était un rêve pour moi d’aller au fédéral, j’étais prêt à me battre pour les gens de ma circonscription. Ils (électeurs) ont fait leur choix, maintenant, je tourne la page et on passe au prochain projet. »
Sylvain Dodier
Le candidat du Parti vert est déçu du résultat « parce que le focus s’est fait uniquement sur les campagnes nationales des gros partis et que sur les territoires, ça s’est pas du tout transformé en vote. » M. Dodier est néanmoins satisfait de la performance des candidats estriens. « En termes de pourcentage, en Estrie, tous les candidats à peu près, pas tous, mais presque, on est tous plus haut que le pourcentage au Québec et le pourcentage national des verts. » M. Dodier ajoute que le message est très clair « ils veulent que les élus travaillent ensemble, c’est la deuxième fois qu’ils élisent un gouvernement minoritaire. » Pour M. Dodier, un gouvernement minoritaire « c’est génial, parce que tous les votes des députés vont compter. Là, chaque député a beaucoup plus de pouvoir pour influencer le gouvernement. » Dans cette optique, M. Dodier souhaite que prendre soin des gens, un de ses chevaux de bataille, soit beaucoup plus considéré. Il ajoute que les citoyens ont fait un vote prudent et c’est souvent ce qui se produit en période de crise. Le candidat du Parti vert estime tout de même avoir réussi à sensibiliser les gens à la cause de l’environnement. Il ajoute avoir senti un vent de sympathie, mais force de constater que cela ne s’est pas traduit en vote.
Quant à son avenir politique, M. Dodier n’entrevoit pas se présenter candidat du Parti vert pour les prochaines élections provinciales. Il mentionne que le programme politique de la formation nationale lui convient mieux sans pour autant s’engager à plonger à nouveau dans une future campagne fédérale.