Un employé efficace se charge d’abattre les sapins à terme pour les expédier un peu partout en Amérique.
Avant même que les citrouilles et les bonbons balisent l’Halloween, les principaux médias annonçaient une pénurie d’arbres de Noël, un phénomène à peine croyable pour nous, gens de la MRC du Haut-Saint-François. Nous sommes habitués, quand, circulant par les grandes routes ou les chemins de traverse, de voir ces étendues de sapins baumiers, plus aromatiques et sapins Fraser, les deux espèces les plus cultivées en région.
Forte demande
« Cette année, la demande est très forte », annonçait Larry Downey, président de l’Association canadienne des producteurs d’arbres de Noël. « En juin, tout était déjà vendu », confiait-il à Renée Dumais-Beaudoin, animatrice de l’émission Par ici l’info, à Radio-Canada Estrie. Cette situation se précisait quand, à l’écoute d’autres médias radiophoniques, télévisuels et papier, on en entendait d’autres confirmer cet état de fait.
Cause du manque de sapins
M. Downey, lors de différentes entrevues, expliquait que cette situation subissait les répercussions du krach financier de 2008 et du manque de relève. Cette échauffourée a causé une baisse des prix qui a eu comme conséquence de diminuer la plantation de semis. Beaucoup de petits propriétaires terriens n’y trouvant pas leur compte en ont abandonné la culture. Puisqu’il faut une dizaine d’années pour produire ce sapin décoratif, les arboriculteurs sont aujourd’hui confrontés à ce déficit. Comme il y avait moins de coupes d’arbres à cette époque, il y avait aussi moins d’espaces pour planter de nouvelles pousses. M. Downey prévoit encore une disette qui s’étendra sur quatre à cinq ans avant que la situation se rétablisse.
D’un autre côté, la population vieillissante n’a pas toujours trouvé preneur pour leur terre. La relève n’y était pas au moment des rachats de fermes. Elle était peu intéressée par le travail harassant et les revenus médiocres. M. Downey estime qu’en près de quinze ans, quelque 50 % d’entre eux sont à la retraite.
Il y a bien eu le phénomène de concentration de plusieurs de ces petits producteurs happés par de plus grandes entreprises. Mais, elles ne pouvaient pas tout acheter ce qui était disponible sur le marché. Le potentiel d’arbres à couper a diminué partout au Québec et au Canada. Cependant, M. Downey reconnait que le travail accompli maintenant devrait mener à un équilibre production-demande d’ici peu de temps.
D’autres phénomènes, marginaux ceux-là, ont aussi entraîné des conséquences négatives sur l’industrie du sapin de Noël. Les feux de forêt, mais surtout les grandes sécheresses qu’a connues l’ouest du Canada et des États-Unis, ont nui à leur croissance.
Petit guide d’achats
Qualifiées de modestes, les augmentations des prix à la consommation ont quand même grimpé de 10 à 20 % et même 25 % dans certains cas. Les intrants, l’achat des terres, le coût de la main-d’œuvre, l’entretien des équipements et des nouvelles machineries justifient ces hausses. Tous les producteurs s’entendent pour dire qu’il faut se procurer ces conifères tôt cette année. Les petits détaillants qui habituellement commandaient en septembre se trouvent dépourvus cette année. Pour les familles, ce pourrait être difficile de découvrir ce trésor qui permet de perpétuer la tradition de cette fête.
Dans le Haut-Saint-François, l’approvisionnement risque aussi d’être chamboulé. Un rapide survol sur le site de l’APANQ (Association des producteurs d’arbres de Noël du Québec), on peut identifier quelques fournisseurs locaux. L’autocueillette pourrait contrer ce phénomène. Plusieurs producteurs ont réservé des milliers de sapins à cette fin. Quelques-uns en font même une activité familiale ludique avec tour en voitures tirées par un tracteur.
Plantation Steve, Cookshire-Eaton
Petit producteur, la Plantation Steve de Cookshire-Eaton connaît aussi une pénurie de sapins. La cueillette va bon train cependant. Chez eux, le manque de personnel ne semble pas un problème.
Conseils pour conserver longtemps son sapin
Puisqu’il est recommandé d’acheter tôt son arbre, quelques trucs peuvent servir à le conserver en bon état afin qu’il garde ses épines tout au long de la période des Fêtes. Comme dans le cas des fleurs coupées qu’on souhaite préserver longtemps, on raccourcit d’un pouce le tronc et on le plonge tout de suite dans un contenant de 4 à 6 litres d’eau pour s’assurer qu’il soit toujours immergé. On le laisse dans un endroit ombragé (frais ou froid) tout en le protégeant du vent.
Statistiques
Le Québec est la principale province qui produit des arbres de Noël.
L’APANQ estime qu’on en récolte quelque 71 % de ceux vendus en Amérique.
Les sapins sont distribués un peu partout. La Nouvelle-Angleterre, l’Amérique centrale, les Antilles et même Hong Kong en demandent.
En 2019, les statistiques totalisaient 2 053 111 sapins produits au Québec.