Le chef des pompiers de Saint-Isidore-de-Clifton, Daniel Fortier, a reçu du gouvernement du Québec une médaille pour acte méritoire, qui a permis de sauver une vie.
Daniel Fortier, chef des pompiers à Saint-Isidore-de-Clifton, a reçu une médaille pour son acte méritoire, en octobre dernier, lors de la journée de reconnaissance des pompiers et pompières du gouvernement du Québec. Bien que cette récompense soit gratifiante pour lui, il souhaite maintenant faire bouger les choses pour que sa municipalité se dote de premiers répondants.
Ça s’est déroulé le 23 mars 2016. M. Fortier travaillait à son garage de mécanique automobile lorsqu’un de ses amis est passé pour lui dire qu’une voiture avait fait une sortie de route. Lorsqu’il arrive sur les lieux de l’accident, deux citoyens déjà sur place lui disent qu’il n’y a personne dans la voiture qui était alors renversée dans le cours d’eau. Malgré la crue printanière, M. Fortier descend pour aller voir de plus près et voit une jambe sortir de l’eau. Sans hésiter, les deux citoyens et lui-même sont entrés dans l’eau glacée pour sortir la victime. Une fois celle-ci extirpée, les trois hommes doivent maintenant remonter sur la route, environ trois mètres plus haut. C’est non sans peine qu’ils finissent par y arriver. Une fois sur le plat, M. Fortier commence les manœuvres de réanimation et lance aux citoyens d’appeler le 911. Entre-temps, les pompiers arrivent et le chef continue le massage cardiaque en utilisant le défibrillateur apporté par son équipe. Alors que ses collègues lui disaient d’arrêter puisque la femme était morte, M. Fortier ne voulait pas lâcher tant que les ambulanciers ne seraient pas là pour prendre le relais. Plus de 40 minutes. C’est le temps qu’ont duré les manœuvres de réanimation avant que la victime, Diane Robillard, ne recommence à respirer. « Dans ta vie, tu dis toujours, je vais essayer d’aider le monde, mais tu n’as jamais de chance. Là, j’ai eu une chance de sauver quelqu’un et je suis content. Je suis fier », exprime M. Fortier.
Des situations de secourisme, il en a connu plusieurs durant ses années dans le service incendie, mais pas comme celle-ci. Un homme dans les bois avec une balle de fusil lui ayant transpercé le bassin, une personne avec une jambe coupée, d’autres retrouvées écrasées par des motoneiges, « mais jamais aussi intense pour dire, elle est morte et elle revient ! », exprime-t-il.
Le 10 octobre dernier, plus de cinq ans plus tard, le geste héroïque de M. Fortier est reconnu lors de la Journée de reconnaissance des pompiers et pompières du gouvernement du Québec et une médaille lui est décernée. « Je l’ai sauvée, mais c’est une chaîne », explique-t-il, affirmant que sans l’aide des deux citoyens, la situation n’aurait pas été la même. Bien que très reconnaissante envers M. Fortier, Mme Robillard souhaite maintenant passer à autre chose. Pour le pompier, cette médaille arrive au bon moment, puisqu’il a célébré, en mai dernier, ses 40 ans de service au sein des pompiers. Il considère donc que cette récompense marque bien sa carrière.
Bien qu’il soit fier et heureux de son geste, le chef des pompiers estime que sa tâche n’est pas terminée. Pour lui, avant, mais encore plus depuis ces événements, le service de premiers répondants à Saint-Isidore-de-Clifton est plus que nécessaire. « Les ambulances ne sont pas à la porte là et je ne blâme pas les ambulances là ! Ils font ce qu’ils peuvent, mais ici c’est minimum 25-30 minutes avant d’avoir une ambulance. Donc s’il y avait des premiers répondants, ça pourrait aider pas mal », explique-t-il. Il donne en exemple la situation où il a dû aider une personne amputée d’une jambe, « si t’es 45 minutes à saigner au bout de ton sang, tu vas trouver le temps long à un moment donné », lance-t-il. Selon lui, la municipalité est partante pour ce projet, mais le problème demeure au niveau financier puisqu’au point de vue ressources humaines, il affirme avoir des personnes intéressées à prendre le poste de premiers répondants. Pour que ce projet aboutisse, il croit que les gouvernements doivent s’impliquer et investir pour aider les régions éloignées. « En réalité, nous autres, quand on paie pour des premiers répondants, on n’est rien que 400 ou 500 à payer pour. Tandis que si tu prends Sherbrooke, ils sont 110 000, ce n’est pas pareil. Donc, si tu formes un service de premiers répondants dans une municipalité comme Saint-Isidore, ça devient un fardeau pour les payeurs de taxes », explique-t-il.
Conscient que ce n’est pas demain la veille, il garde espoir qu’un jour, bientôt peut-être, ce service sera offert dans les petites municipalités éloignées.