Le maire de Saint-Isidore-de-Clifton, André Perron, ne souhaite pas partir de guerre avec la MRC du Haut-Saint-François, mais préfère savoir si la municipalité est au bon endroit.
La municipalité de Saint-Isidore-de-Clifton adresse une demande d’étude auprès du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH) afin d’évaluer la pertinence d’un éventuel changement de MRC. Si l’étude devait s’avérer concluante et que la population donnait son aval dans une consultation publique, les élus pourraient procéder au changement vers la MRC voisine, celle de Coaticook.
Ce n’est pas d’hier que cette idée circule dans l’air. En 2008, la municipalité avait effectué un référendum dans ce sens où la population s’était prononcée en faveur à 75 %. L’idée, d’expliquer la directrice générale, Sarah Lévesque, a été ramenée dans un lac-à-l’épaule et « les conseillers ont été unanimes sur le fait d’aller plus en profondeur sur cette question. »
Le maire de Saint-Isidore-de-Clifton, André Perron, insiste pour dire qu’il ne souhaite pas partir de guerre avec le Haut-Saint-François. « Nous, ce qu’on demande, c’est une étude d’impact. Ça ne veut pas nécessairement dire qu’on va changer de MRC. Ce n’est pas une question de partir en guerre contre la MRC. Après l’étude, peut-être que ça va être trop onéreux de changer de MRC. » M. Perron rappelle que le dossier remonte à 2008. Il ajoute que l’initiative découle d’une demande des membres du conseil municipal. Le maire souligne que sa municipalité est limitrophe du territoire du Haut-Saint-François. « On veut vérifier si on est à la bonne place. Je pense que c’est justifiable de se poser la question. Si ça ne fonctionne pas et qu’on reste dans le Haut-Saint-François, au moins on aura poussé jusqu’au bout et on aura fait toutes les recherches. » Ça sera comme boucler la boucle de ce qui a été amorcé en 2008, d’ajouter le maire. M. Perron admet que sa municipalité partage des affinités avec le Haut-Saint-François, mais ajoute qu’il y en a également plusieurs du côté de Coaticook, avec plusieurs ententes que ce soit avec la municipalité de Saint-Malo, côté incendie ainsi que Coaticook, Compton et Martinville. Il ajoute que sa municipalité, à caractère fortement agricole et forestier, fait affaire avec les concessionnaires du côté de Coaticook. Il en est de même pour les services vétérinaires, la caisse populaire qui est fusionnée avec Coaticook. « C’est plusieurs facteurs qui nous relient à Coaticook », précise-t-il.
Quant à la façon d’analyser les demandes, elle a évolué depuis 2008, d’exprimer Mme Lévesque. Maintenant, il y a une étude qui est faite par le MAMH. « Mais avant de pouvoir entamer l’étude, les deux MRC devront donner leur accord parce qu’il y aura du temps de ressources humaines à fournir pour transmettre les données et les informations qui seront pertinentes à l’étude. »
Le volet étude constitue la nouveauté dans le processus. Avant, il suffisait qu’une MRC rejette l’initiative pour que le processus s’arrête. « L’étude vient aider la prise de décision par des faits et des calculs. » La directrice générale n’était pas en mesure d’affirmer si l’autorisation des deux MRC était nécessaire pour entamer l’étude « sinon, ça va être de voir avec le ministère des Affaires municipales si on peut quand même aller de l’avant. Si une (MRC) ne veut pas donner les informations, c’est sûr que ça complexifie, mais faudra voir selon les deux réponses qu’on va obtenir des deux MRC. »
La MRC du Haut-Saint-François a reporté sa décision, préférant en discuter, au préalable, en atelier de travail en septembre. Pour la MRC de Coaticook, la directrice générale de Saint-Isidore-de-Clifton mentionne avoir reçu une résolution positive exprimant leur volonté à faire partie de l’étude.
Sur cet aspect, M. Perron ne semble pas trop inquiet. « S’il y avait un refus, on verra. Selon moi, on ne parle pas d’un changement de MRC à ce moment-ci, on parle d’une étude d’impact; donc selon moi, je ne verrais pas pourquoi on empêcherait une étude. Ça serait peut-être mal vu. La décision leur appartiendra. » Le maire compte sur sa participation à la réunion de travail de la MRC du Haut-Saint-François pour faire valoir la position de son conseil municipal.
Préfet
Le préfet de la MRC du Haut-Saint-François, Robert G. Roy, préfère que les élus puissent discuter du sujet en atelier de travail avant de trancher. Il mentionne avoir rencontré au préalable le maire de Saint-Isidore-de-Clifton pour mieux comprendre l’objectif de la démarche. Le préfet précise ne pas vouloir perdre la municipalité et préfère essayer de la convaincre à rester au sein de la MRC tout en ajoutant que l’étude demandera beaucoup de temps pour faire une évaluation. M. Roy ajoute « je n’ai pas le droit de ne pas l’écouter, je pense que c’est mon rôle de l’écouter, qu’il (maire Perron) puisse se prononcer auprès des maires. » Le préfet partage sa crainte quant à l’intégrité de la MRC. « Sur 14 municipalités, j’en ai 10 qui sont limitrophes. Ma crainte, est-ce que ça va ouvrir une porte? Est-ce que le gouvernement est prêt à ouvrir cette porte-là, même si les règles ont changé? » Le préfet croit que le gouvernement pourrait davantage être tenté de favoriser les fusions.
Si jamais la MRC du Haut-Saint-François refusait la demande, le ministre des Affaires municipales et de l’Habitation pourrait, s’il le juge pertinent, autoriser l’étude. Si on devait aller de l’avant, les résultats ne sont pas attendus avant le début de 2023.