Claude Leclair, directeur des communications, et Mario Gendron, maire de Cookshire-Eaton, estiment que le dossier de la piscine intérieure à East Angus est incomplet et vise essentiellement à aller chercher la subvention de 5 M$ sans égard à la capacité de payer des municipalités.
Opposés au projet de piscine intérieure à East Angus, qui sera annexée à la polyvalente Louis-Saint-Laurent, les maires des municipalités de Bury, Newport, Saint-Isidore-de-Clifton et Cookshire-Eaton digèrent mal le fait de devoir contribuer financièrement au projet pendant 30 ans. Ils justifient leur position par un manque d’information et à une méconnaissance de la capacité de payer des municipalités.
La MRC du Haut-Saint-François a adopté à double majorité, lors de la séance régulière du conseil des maires de juin dernier, d’aller de l’avant avec le projet estimé approximativement à 8,4 M$. À cela, on prévoit une participation financière des municipalités de 2 225 000 $ à laquelle pourrait s’ajouter une quote-part supplémentaire de 30 % en cas d’augmentation des coûts de construction et de contingence. Selon la loi, l’adoption du projet contraint toutes les municipalités à respecter le choix de la majorité. Les maires récalcitrants sont bien conscients qu’ils ne peuvent changer la décision, mais tiennent à faire valoir leur position particulièrement auprès de leurs contribuables.
Le maire de Cookshire-Eaton, Mario Gendron, mentionne ne rien avoir contre le projet, mais fulmine à l’idée que sa municipalité devra verser une contribution annuelle de 23 795 $ pendant 30 ans. Lui et ses collègues, maires, s’opposent au montage financier proposé. M. Gendron ajoute que cela ne tient aucunement compte de la capacité de payer des villes et municipalités.
Le maire de Cookshire-Eaton souligne que la quote-part exigée totalisant 713 850 $ au terme des 30 années ne tient pas compte de la hausse d’indice du coût de la vie, ni des fluctuations des taux d’intérêt, ni des aléas financiers causés par les imprévus durant la construction de l’infrastructure. Il est d’avis que le montant global pourrait vraisemblablement excéder le million de dollars. Il ajoute que le total des quotes-parts annuelles des 14 municipalités s’élève à 4 669 150 $ et correspondrait davantage à un projet de 10 M$ contrairement à ce qui est indiqué dans le budget révisé présenté par la MRC indiquant 2 225 000 $ pour un projet de 8,4 M$.
Le maire cite un exemple d’impact de fluctuation des coûts en parlant du projet de réfection des patinoires extérieures pour les trois plateaux sportifs de sa municipalité. « On a fait faire un prix prépandémie, on en a fait sortir un récemment et le montant affiche une différence de 49 % à la hausse. » Le coût, indique M. Gendron, est passé de 501 562 $ à 751 133 $ forçant la municipalité à reporter le projet en 2023. Le maire ajoute que plusieurs projets prévus seront revus en raison de l’augmentation des coûts. « Qu’ils lèvent la piscine, qu’ils la financent, qu’ils aillent chercher des sous pour, je suis d’accord avec ça, par contre, venir faire amputer des projets dans notre propre ville, ça passe pas », de laisser entendre le maire.
M. Gendron et Claude Leclair, directeur des communications, reprochent à la MRC de ne pas avoir fourni un plan d’affaires démontrant clairement sa faisabilité tout en omettant de fournir des éléments comme une étude de marché élaborée avec des projections démographiques à moyen et long terme pour la MRC du Haut-Saint-François, des études identifiant et démontrant la réelle clientèle potentielle sur le territoire, des données statistiques liées à la réelle capacité de payer des citoyens. On fait part de l’absence de devis incluant un budget préliminaire des frais d’acquisition et de construction, un plan de gestion décrivant les coûts opérationnels et le niveau de rendement une fois l’infrastructure en service, les études comparatives décrivant les opérations d’infrastructures similaires ainsi qu’un schéma décrivant la gouvernance et la structure organisationnelle qui aura à gérer le complexe sportif. M. Gendron admet avoir obtenu des documents en novembre dernier, mais faisant état du premier projet abandonné. Il ajoute du même souffle qu’une note indiquait que les hypothèses de coût étaient caduques et que les scénarios de répartition de quote-part tout autant. On y précisait, indique-t-il, que le montage financier du projet restait à venir. Il mentionne ne pas avoir tenu compte de ces documents. Selon M. Leclair, « le chiffre magique est le 5 M$ de subvention qui doit représenter 75 % du financement. L’exercice a été fait pour que cette subvention soit obtenue. » « On a voulu aller chercher une opportunité », d’ajouter le maire Gendron.
Pour le maire de Bury, Denis Savage, « notre possibilité de payer sans se le faire demander, comme d’être imposé, ça n’a pas été bien vu par les élus. Pourquoi on ne mettrait pas notre 10 800 $ dans des choses de loisir qu’on veut mettre en place de plus en plus ? On veut ajouter une journée à notre agente de loisirs et ça correspond à peu près à notre quote-part qu’on donnerait pour la piscine. On avait plusieurs autres projets, le conseil a décidé de refuser. »
Quant au maire de Newport, Robert Asselin, « il n’y a pas assez d’éléments là-dedans pour voter consciemment, s’engager pour 30 ans. On a eu un PowerPoint comme présentation, il n’y a aucune étude sur combien ça coûte. Les chiffres qui sont avancés, c’est les mêmes chiffres qu’en décembre l’an passé, on s’entend-tu que tout a monté de 30 % à 40 %, ce n’est même pas pris en considération. Il n’y a pas eu d’étude de fait, tout est à peu près. » Pour la municipalité de Newport, la quote-part s’élève à 8 033 $ annuellement.
Du côté de Saint-Isidore-de-Clifton, le maire, André Perron, signale que son conseil était unanimement contre le projet. Il estime que peu de citoyens utiliseront la piscine. M. Perron ajoute que la MRC ne tient pas compte de la capacité de payer des municipalités. « On fonctionne déjà les mains liées pas mal, donc ça nous les lie encore plus. » La quote-part de Saint-Isidore-de-Clifton est fixée à 5 534 $.