Le projet de microbrasserie va de l’avant

Microbrasserie Cookshire-Eaton

Les promoteurs de la microbrasserie Brasserie 11 comtés passent par des montagnes russes d’émotions. Deux jours après que le nombre de signatures, insuffisant, du registre permettait aux promoteurs d’aller de l’avant, une nouvelle résolution du conseil municipal de Cookshire-Eaton, adoptée à cinq contre un, visant à changer le choix de l’entrepreneur, a eu l’effet d’une douche froide. C’est à l’occasion d’une séance extraordinaire que les élus ont convenu que le cautionnement de la ville de 1,4 M$ pour la construction de la microbrasserie soit assujettie au choix du plus bas soumissionnaire, en occurrence Groupe Prévost Inc. Visiblement secoués au terme de la rencontre, les fondateurs du Boquébière laissaient entendre qu’ils se donnaient du temps pour la suite des choses. Le temps ayant fait son œuvre, les promoteurs iront de l’avant avec l’entrepreneur de Cookshire-Eaton.
« Oui, pour notre part, on va aller de l’avant. Cookshire demeure pour nous le choix numéro un », de préciser un des quatre promoteurs Sébastien Authier. « On a eu des surprises étonnantes créant un contexte particulier. On avait l’impression de faire un pas en avant et de reculer. Je crois que la majorité des gens veule du projet à Cookshire et on va se retrousser les manches et aller de l’avant. » Quant au choix de l’entrepreneur, M. Authier précise « on n’a rien contre le Groupe Prévost. On a parlé à Dany et il a l’air content de ce défi. Il a l’air très enthousiaste et déjà ça nous rassure. On va le rencontrer cette semaine. »
La Corporation de développement Cookshire-Eaton Innovation et les promoteurs avaient convenu conjointement de retenir les services de Construction Gératek. Sébastien Authier expliquait ce choix au fait que cette dernière avait effectué les travaux de reconstruction du Boquébière après l’incendie en 2014 et qu’ils étaient satisfaits. « C’était donc normal pour nous que ce soit la première firme qu’on approche parce que c’était un lien de confiance pendant 1 an qu’ont duré les travaux. » Les appels d’offres ont été lancés sur invitation et le Groupe Prévost a déposé le sien 100 000 $ plus bas que Construction Gératek.
Le conseiller auteur de la résolution, Yvan Tremblay, ne remet pas en question le projet et la démarche du processus de soumission, précisant ne pas vouloir retarder le début des travaux qui accuse déjà un retard. Pour M. Tremblay, la corporation de développement a le droit de faire ce qu’elle veut. Mais, dit-il, sur le plan moral, la municipalité peut assujettir que ce soit le plus bas soumissionnaire, et ce dans un souci d’équité. « La municipalité ne peut favoriser un entrepreneur par rapport à un autre, mais ça s’adonne que le plus bas soumissionnaire, c’est un entrepreneur de la place, tant mieux. »
Lors des discussions, il a été mentionné que le Groupe Prévost ne respectait pas la qualité de tuiles demandée, expliquant en partie le coût plus bas. Dany Prévost du Groupe Prévost mentionnait avoir eu que huit jours pour déposer la soumission. « Pour ce qui est de la céramique, je me suis peut-être trompé dans mon coût, mais je n’ai jamais dit que je ne respecterais pas le coût final de ça. Si je me suis trompé de 30 000 $ sur la céramique, je vais la payer. Vous allez avoir la céramique que vous voulez. » Quant à la qualité des travaux, M. Prévost n’y voit aucun problème, « vous avez des architectes, des ingénieurs, si l’ouvrage n’est pas bien fait, on va nous dire de le refaire et on le refait. » Il a profité de l’occasion pour lire un courriel de satisfaction, signé de l’architecte chargé de projet pour la SÉPAQ concernant des travaux effectués au coût de 2 M$ pour un pavillon d’accueil à la plage Fraser. L’entrepreneur avait également lancé au cours de la soirée « Pourquoi ne pas encourager l’achat local. Pourquoi je n’aurais pas la chance de faire une belle bâtisse en entrant à Cookshire ? »
Selon la décision finale, M. Prévost aura la chance de construire la microbrasserie. Évidemment satisfait de la décision du conseil municipal, ce dernier assurait au terme de la soirée que 100 % des retombées se feront à Cookshire-Eaton. « Mes sous-traitants sont de Cookshire et 80 % de mes employés demeurent à Cookshire. » Ce dernier était appuyé de plusieurs sous-traitants présents à l’assemblée. Plusieurs citoyens ayant pris la parole ont exercé une pression sur le conseil municipal de favoriser l’achat local. Une dame a lancé bien poliment « qu’on donne de l’ouvrage, s’il vous plaît, aux gens de la place. »
Mentionnons qu’il était indiqué dans le bail déposé à la séance régulière de mai dernier et adopté par les conseillers que le choix de l’entrepreneur s’effectuait par appel d’offres sur invitation et que la sélection se ferait conjointement par le promoteur et Cookshire-Eaton Innovation. Bien que la décision finale ne soit pas celle initialement retenue, Vincent Cloutier, consultant senior de l’organisme, mentionne « on respecte ce que la municipalité nous impose » et la corporation va de l’avant pour la suite des choses.
Le maire de Cookshire-Eaton, Noël Landry, s’est dit déçu que la décision initiale ne soit pas respectée. « Oui, c’est une bonne chose d’aller au local. Mais en cours de route, quand on revient sur quelque chose quasiment canné, c’est difficile de le faire sans conséquence. Les gens d’ici ne seraient pas contents de se faire faire la même chose lorsqu’ils sont à Sherbrooke. »
Registre
Mentionnons que 264 personnes sur une possibilité de 4 051 électeurs habilités à voter ont signé le registre. N’ayant pas atteint le nombre requis de 416 signatures, cela signifiait que la population donnait son aval à ce que la municipalité cautionne la construction de la microbrasserie pour 1,4 M$. Mentionnons que cet exercice a été précédé de trois séances d’informations tenues dans les secteurs Sawyerville, Johnville et Cookshire. Les promoteurs, représentants de la corporation de développement, représentante du Coeur Villageois et membres de la municipalité ainsi que l’avocate Me Bernadette Doyon ont expliqué les conséquences possibles pour la ville, la nature et les coûts reliés au projet tout en tentant de préciser le degré de risque. Plus de 200 personnes y ont participé dont la plus forte assistance à Cookshire avec près de 120 personnes. Quelques citoyens ont participé aux trois rencontres. Yvan Lapointe, citoyen de Cookshire-Eaton, a littéralement bombardé de questions précises les intervenants, pour les forcer, dit-il, à ce que toute l’information soit divulguée afin que les gens prennent une décision en connaissance de cause. La majorité des gens ayant pris la parole signifiaient leur appui au projet, mais étaient contre le cautionnement de la municipalité. Les payeurs de taxes craignaient de devoir faire les frais si ça ne fonctionnait pas comme prévu. Autre préoccupation qui semblait faire la quasi-unanimité était d’assurer que le maximum de retombées économiques soit dans la municipalité de Cookshire-Eaton.

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