Gilles Denis s’est permis de pavoiser un peu après avoir reçu la nouvelle, via le Conseil de la culture de l’Estrie, de la subvention de 24 000 $ pour son projet Culture en Ruralité, pour l’excellente programmation musique et arts visuels de 2023, une reconnaissance et un soutien qu’il attendait depuis très longtemps.
En octobre dernier, le prestigieux Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) a annoncé un soutien exemplaire de 515 000 $ à 19 artistes et 8 organismes artistiques de l’Estrie, parmi lesquels figure l’Espace culturel Cookshire-Eaton, fondé en 2022, par l’homme d’affaires Gilles Denis, qui s’est vu attribuer une aide appréciable de 24 000 $.
Gilles Denis avait de quoi jubiler d’enfin recevoir ce soutien du CALQ, représentant pour lui une reconnaissance très importante. Son projet, rédigé par lui et sa fille Myriam, comportait une demande de 30 000 $ au programme de soutien aux organismes artistiques professionnels. Cependant, il est très rare que les subventionneurs gouvernementaux acceptent de verser au complet ce que demandent les organismes.
« C’est pour moi la reconnaissance de l’importance des Arts dans un milieu comme le nôtre. La ruralité a toujours été négligée, elle en a besoin de cette reconnaissance. Les villes ont des budgets restreints, ils nous supportent, mais pas à la hauteur de nos besoins, c’est important la culture dans nos vies », a déclaré M. Denis.
« Nos projets culturels ont débuté en 2015 pour les arts visuels et en 2003 pour la musique. Nos objectifs ont toujours été de développer les arts dans une région rurale comme la nôtre. Les préoccupations non urbaines de cette nature représentent des défis différents de ceux qui existent dans la métropole et dans la capitale de la province. Je suis très content que le CALQ reconnaisse ces faits. Car les préjugés auxquels nous faisons face ici ne nous facilitent pas la vie ! », a-t-il lancé en entrevue.
« Nos moyens financiers limités rendent difficile de supporter les artistes en leur payant des cachets décents, qui seraient mérités. On n’avait tout simplement pas les moyens. Cette aide du CALQ nous rend concurrentiels par rapport aux autres activités pour les artistes. Et puis, c’est aussi pour nous une belle reconnaissance des pairs, des élus, des politiciens, de la MRC, des municipalités du HSF. Cela va nous ouvrir des portes avec d’autres artistes et avec le public », fait valoir Gilles Denis.
« J’apprécie spécialement que la MRC se soit impliquée en versant sa quote-part à la Table des MRC de l’Estrie. Ce fut une bonne décision, car cela nous accréditait automatiquement à recevoir une subvention de la part du CALQ. Précédemment, la MRC ne participait pas au fonds. La culture était le parent pauvre des loisirs. Nous avons eu à convaincre nos politiciens comme participants. On ne peut pas être tout le temps tout seuls », déplore-t-il. « C’est encourageant que nous ayons un bon support de la part des commanditaires de notre milieu, cela nous a aidés, mais… » L’homme d’affaires n’a pas osé terminer sa phrase.
« Une autre étape importante a été l’accréditation Cœur Villageois obtenue pour Cookshire-Eaton. Les organismes s’inter-influencent… Tourisme Cantons-de-l’Est a apporté beaucoup à Cookshire-Eaton, en termes d’envergure, avec Cœur Villageois, et maintenant le CALQ… Notre crédibilité s’en trouve reconnue, de même que la qualité de notre travail. C’est un support aux artistes professionnels, c’est majeur, un support comme organisme qui aide à faire connaître les Arts par les professionnels, il s’agit de faire découvrir les “grosses pointures”, ce qu’on essaie de faire », martèle M. Denis.
Un extrait significatif ressort du document préparé par le duo père-fille pour la préparation du formulaire de demande de subvention au CALQ : « La programmation préparée pour notre saison 2023 propose treize événements en musique et en arts visuels, réunissant 29 artistes et musiciens professionnels, dont 11 de l’Estrie et 11 de la relève. La programmation des concerts est pensée par Myriam Genest-Denis, musicienne classique professionnelle depuis plus de 15 ans. Les expositions en arts visuels sont le fruit d’une réflexion d’un comité de travail regroupant artistes et membres du CA. Dans les deux volets, les expositions et concerts programmés sont sélectionnés en fonction d’une balance entre accessibilité et nouveauté », y est-il décrit.
« Le choix des artistes visuels va en ce sens, par la présentation de techniques et visions artistiques variées. Les concerts sont aussi pensés de manière à faire découvrir de nouveaux timbres sonores et mettre en valeur des œuvres moins jouées à travers une programmation plus classique, que ce soit par l’intégration de répertoire contemporain ou la mise en valeur de compositrices… Les cachets offerts sont supérieurs au minimum en usage dans les milieux professionnels », peut-on y lire.
L’Église Trinity United, le parc des Braves dans la ville, la Galerie d’art Cookshire-Eaton avec ses deux salles, la petite et la grande galerie au Victoria Hall, l’étang Cloutier pour les spectacles en plein air, sont ensuite identifiés comme sites des prestations, tous situés à Cookshire-Eaton.
Gilles Denis reprend la parole dans le cadre de l’entrevue : « L’importance économique de la culture, elle est sous-estimée. Les villes d’ici, à défaut d’industries, ont développé le tourisme, souvent par la culture. Le meilleur exemple se trouve dans une autre région : Baie-Saint-Paul ! Par le développement culturel, on sensibilise et on accroche la beauté physique des villes, on fait attention au patrimoine, par ricochet, on le protège, ce qui est un gros fardeau pour les villes », professe le passionné Gilles Denis.
« C’est aussi une question de continuité. Nous espérons faire maintenant partie du réseau du CALQ pour le développement culturel. Nous avons des projets à venir, continuer à développer le secteur de la musique et des arts visuels. Nous avons à cet effet des bâtiments extraordinaires pour le faire ! », a-t-il conclu.
Deux artistes du Haut-Saint-François (HSF) ont également reçu chacun une aide de 19 000 $ du CALQ, soit Chloé Bouchard-Fortier, pour la création et l’enregistrement de cinq compositions de l’artiste NORTH, et Camille Lacelle-Wilsey, pour un projet de recherche en danse et en photographie s’intitulant Enquête radieuse.