Lors de l’entrevue qui a permis au journaliste de connaître Suzanne Paradis, un modèle positif et très expérimenté pour bien des personnes âgées, la communication a été un sujet important pour elle, qui a même œuvré comme journaliste au journal Le Reflet, à Lingwick, un média communautaire apprécié.
C’est plutôt rare de rencontrer une bénévole à la feuille de route extrêmement chargée, comme celle de Mme Suzanne Paradis. Pas surprenant donc qu’elle se soit vue attribuer le Prix Hommage Aînés 2023 pour la région de l’Estrie. Car c’était amplement mérité.
Il s’agit d’un prix organisé annuellement par le gouvernement du Québec afin de souligner la contribution exceptionnelle d’une personne aînée de chaque région de la province.
Mme Paradis a rayonné dans la région du Haut-Saint-François (HSF), principalement à la Table de concertation des personnes aînées, de 2008 à 2022. Elle y a organisé un grand nombre de conférences s’adressant aux personnes aînées de la communauté, portant sur des sujets comme la prévention de la fraude, l’âgisme, les maladies liées au vieillissement, le deuil, etc. Des conférences qui permettaient d’augmenter le niveau de connaissance des participants, de les sensibiliser aux enjeux que vivent les aînés, améliorant ainsi leur qualité de vie. Elle a même agi comme trésorière de la Table.
Elle a aussi développé le contenu des ateliers Tête alerte : Cœur jeune, visant la stimulation des fonctions cognitives, qu’elle a offert à plus d’une cinquantaine de personnes aînées dans la MRC du HSF, par le biais de 12 rencontres significatives. Elle a formé quatre personnes qui, à leur tour, ont pu jouer le même rôle qu’elle. Elle a participé à la rédaction de la demande de subvention qui a mené à offrir gratuitement ces ateliers et à assurer leur continuité. « J’ai eu beaucoup de plaisir à faire tout ça, ce qui me rend la plus fière dans ma carrière. C’était pour que les aînés continuent de bouger intellectuellement. Je suis perfectionniste, je préparais tout d’avance », insiste-t-elle.
Elle s’est également impliquée à deux reprises dans l’organisation d’une activité importante, les Salons des aînés, faisant connaître les ressources et services contribuant à l’amélioration de la qualité de vie des personnes âgées. De plus, son implication au Comité Municipalité amie des aînés (MADA) a contribué, entre autres, à l’installation d’un monte-personne rendant accessibles les étages du centre municipal, dans la communauté de sa municipalité, Lingwick, facilitant la participation à des repas communautaires et l’accès de la bibliothèque.
Elle n’a jamais hésité à mener de front les luttes sociales qui lui tenaient à cœur, n’ayant pas peur de ses opinions. Inspirante et passionnée, son engagement a été l’expression de ses qualités humaines, en tant que modèle positif de personne vieillissante et une superbe source d’inspiration pour tous ceux qui l’ont côtoyée.
« Je veux remercier Lingwick qui a fait appel à moi. J’ai fait partie du conseil municipal en 2007. J’ai pu recevoir les nouveaux arrivants au centre municipal. Je suis heureuse que ce soit la communauté qui m’ait contactée. Ce fut bénéfique pour moi. Comme dans l’Afeas, par exemple, où j’ai appris à tisser », raconte la septuagénaire jeune de cœur.
Elle a commencé comme formatrice animatrice, à Québec, où elle est née. Elle a enrichi son expérience en effectuant cinq ans de coopération en Afrique. « J’ai développé plein de choses dans ma vie, tout un éventail pour élargir les occasions et me donner beaucoup d’air. J’ai toujours travaillé pour les femmes, par des ateliers pour les aider, toutes les femmes, celles en situation de violence, les femmes âgées sans fonds de pension en milieu agricole, des situations qui m’ont toujours préoccupée », avoue-t-elle.
À la question « Qu’est-ce que représente ce prix pour vous ? » Elle répond sans avoir besoin d’y penser longtemps : « Tout le bénévolat, je l’ai fait par plaisir. Ce sont des collègues qui m’ont parlé de présenter ma candidature. Mais je préfère vraiment travailler dans l’ombre. C’est un honneur, pour moi, de l’avoir reçu. Mais c’est grâce à toutes les personnes, dans les organismes, qui m’ont ouvert la porte, qui sont venus me chercher, je partage avec ma communauté depuis 16 ans, je suis honorée de les avoir représentés ! », déclare-t-elle. « Je le leur ai dit, d’ailleurs, à l’occasion du dîner de Noël de l’Afeas : c’est grâce à vous que j’ai obtenu ce prix ! »
À une autre question, que retenez-vous de vos années de bénévolat, ce qui a le plus d’importance pour vous, elle répond : « C’est l’être humain. La grande générosité des êtres humains, les contacts avec eux, la beauté des faits et des échanges avec tous les humains, durant toutes les rencontres, les conférences, les déjeuners pris ensemble », assure-t-elle avec une sincérité évidente.
Et c’est partout où elle a œuvré qu’elle a ressenti ces sentiments précieux pour elle. Sa modestie voulait qu’on n’en parle pas, mais elle a connu cette satisfaction partout, à l’Afeas, en Afrique, à la prison de Donnacona où elle a aussi enseigné aux détenus, elle a remarqué l’empressement des humains à partager de leur temps pour le bien-être des communautés. Elle en parle avec émotion.