Oui ! Et plus qu’on peut le penser. Le Haut-Saint-François (HSF), son histoire et son économie, c’est d’abord une histoire de forêts. Depuis l’arrivée de Josiah Sawyer à la fin du 18e siècle au site qui porte aujourd’hui son nom (Sawyerville) jusqu’aux plus récents inventaires des activités en forêt et en usines de transformation des bois, le HSF a toujours affiché un paysage résolument forestier. Rouler dans le HSF, c’est rouler dans le bois !
Des chiffres
En 2014, quelque 2 300 propriétaires possédaient 178 400 hectares auxquels s’ajoutent 13 000 hectares de forêts publiques, incluant la moitié ouest du Parc national du Mont-Mégantic et la Réserve écologique Samuel-Brisson, répartis dans Chartierville, La Patrie, Hampden et Lingwick. La forêt couvre donc 83 % du HSF; elle compte pour 28 % du territoire forestier estrien et appartient à 25 % des 9 200 propriétaires forestiers de l’Estrie. En gros, le HSF, c’est la deuxième MRC forestière de l’Estrie après le Granit.
Au décompte 2015 du Syndicat des producteurs forestiers du sud du Québec (SPFSQ), le HSF se classe premier sur tout le territoire du syndicat pour le volume de bois mis en marché: 417 producteurs ont mis en marché 181 670 mètres cubes solides (mcs)1, bois de pâtes et de sciage, feuillus et résineux confondus; c’est 25 % de tous les bois transités par le SPFSQ auquel s’additionne un volume indéterminé provenant des terres publiques et d’entreprises possédant leurs propres lots forestiers. Quant au bois de chauffage, sous réserve d’une évaluation exhaustive, le HSF produirait approximativement 63 700 mcs pour 32 % du volume estrien… tout aussi approximatif.
Des entreprises et des emplois
Bon an mal an, entre 50 et 100 travailleurs œuvrent en forêts privées sur une base permanente ou saisonnière, et quatre groupements forestiers (Sommets, Appalaches, Saint-François et Wolfe) et quelques consultants forestiers indépendants assurent une couverture de services conformes aux pratiques forestières en vigueur. Sept entreprises de première transformation localisées à Saint-Isidore, Sawyerville, East Angus, Westbury, La Patrie et Weedon génèrent autour de 160 emplois réguliers. De plus, 12 des 37 transporteurs forestiers accrédités par le SPFSQ ont leur place d’affaires dans le HSF.
«L’avantage Domtar»
Comme propriétaire de forêts privées, Domtar, avec ses 40 000 hectares, est présente dans les 14 municipalités du HSF, superficies variant d’un hectare dans Cookshire-Eaton à 13 088 hectares à Lingwick; c’est 38 % des 106 000 hectares que possède la multinationale en Estrie; des forêts aménagées et exploitées selon leur possibilité. On comprendra donc que Domtar, dont les bois sont triés sur le chantier afin d’en maximiser la valeur, est un important contributeur à l’emploi en forêt et… à l’impôt foncier. Rappelons que l’usine de Windsor dotée de la certification environnementale FSC (Forest Stewardship Council) confère à l’Estrie un net avantage concurrentiel pour la vente de gros volumes de produits ligneux destinés à la trituration (pâtes).
Sirop d’érable et sapins de Noël
Bien qu’apparentés à la forêt, les produits acéricoles et les arbres de Noël sont des productions agricoles. Selon les données inscrites au PDZA du HSF (Plan de développement de la zone agricole), en 2010, le HSF comptait 43 producteurs du conifère emblématique de Noël pour 2 224 hectares, se classant ainsi au deuxième rang après la MRC de Coaticook. Et les érablières aux usages acéricoles appartenaient à une centaine de producteurs, 11,5 % de l’Estrie, comptant un total de 722 000 entailles, 10,5 % du total estrien. Il est utile ici de souligner que l’Estrie est la troisième région acéricole du Québec après le Bas-Saint-Laurent et la Beauce.
Services écologiques, paysages, loisirs et… taxes foncières
Depuis que la mouvance écologiste occupe une place de premier plan dans les médias, les services écologiques rendus par la forêt ont eu leur part de publicité. Séquestration du carbone, lutte à l’érosion, absorption des pluies diluviennes, équilibre hydrique des milieux humides, des lacs et des rivières, maintien de la biodiversité, entretien des paysages; voilà une courte liste des services environnementaux de la forêt auxquels s’ajoutent des valeurs sociales, culturelles, communautaires et souvent… spirituelles. Quant à sa valeur «loisirs», le temps de la chasse, les nombreux aménagements linéaires en tout genre (sentiers) et l’essor de la villégiature en disent long. Pour le compte de taxes municipales et scolaires, les relevés des quinze dernières années sont indicateurs que cette «manne» constitue une part substantielle des apports financiers aux municipalités et aux commissions scolaires.
On aura constaté que la forêt, celle du HSF et d’ailleurs, est un sujet complexe, voire sans fin. Et pour reprendre une expression populaire, « c’est de la grosse argent ! » Fait indéniable: elle contribue fortement au bonheur collectif. « On n’est pas sorti du bois ! Restons-y ! »
Jean-Paul Gendron, prés.
Agence de mise en valeur de la forêt privée de l’Estrie
Le Haut-Saint-François: territoire forestier ?
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