L’équipe du Centre de femmes La Passerelle, de g à d, Jeanette, Léona, animatrice de la journée, Mariame, de la Fédération des communautés culturelles de l’Estrie, partenaire de l’événement, Élysabeth, Andrée, Luz et Marilyn.
Dans le cadre de Février : mois de l’histoire des Noirs, Luz, une réfugiée immigrante au Canada, née en Colombie et qui a quitté son pays à cause de la guerre et de son travail d’activiste féministe, a livré un témoignage qui a vraiment attiré l’attention, par l’émotion qui s’en dégageait. Tous les participants se montraient très attentifs. Elle travaille maintenant pour le Centre des femmes La Passerelle, de Cookshire-Eaton. Cet organisme l’a invitée à raconter son parcours migratoire personnel, lors de la rencontre d’échanges qui s’est tenue le 23 février dernier, au Centre communautaire de Bury, où la Fédération des communautés culturelles de l’Estrie agissait comme partenaire de l’événement.
Les nombreux participants ont pu réagir lors de discussions effectuées par chaque table du dîner. Plusieurs ont transmis qu’ils ont été touchés au cœur, en admettant être troublés par un fort sentiment d’injustice, qu’ils auraient ressenti s’ils avaient été à la place de la réfugiée, de même qu’un réel sentiment de peur et de perte de contrôle sur leur vie, dans les mêmes circonstances, du déracinement et une attente trop longue et difficile avant d’arriver au Québec.
Elle se fait appeler Luz et travaille pour le projet de la décennie, qui consiste à sensibiliser sa communauté d’accueil contre la discrimination et le racisme. Elle craint de vivre encore des représailles, des menaces et du danger réel si elle révèle sa vraie identité.
« J’ai trouvé le processus d’immigration difficile, car on n’est jamais préparé à quitter sa maison. Ça amène toutes sortes de sentiments… c’est difficile de trouver les bons mots. Même le pourquoi… On se demande, sur le moment, ce qui se passe, quand on est obligé de quitter. Surtout avec mes trois enfants qui avaient alors 6, 12 et 14 ans. Cela ajoute à la difficulté, car j’étais femme monoparentale, et surtout je n’avais pas tant d’argent en poche. Il y a toujours le sentiment d’injustice à cause de la guerre. Nous sommes partis de Quito, la capitale de l’Équateur, arrivée en escale à Panama, et ensuite à Toronto à minuit, un peu perdus, en pays inconnu. On ne parlait ni l’anglais, ni le français, les enfants avaient faim et demandaient de la nourriture », rapporte-t-elle.
« Après une nuit à l’hôtel, nous avons repris l’avion pour Montréal et l’autobus, le même jour, pour Sherbrooke, où je demeure encore. Je ne connaissais rien à propos du Canada. Nous n’avons pas décidé de tout ça nous-mêmes. C’est notre agent de protection qui nous a aidés. Il y a eu plusieurs étapes à vivre, la francisation, la formation, etc. », indique-t-elle.
« Le Canada est mon troisième pays. Car en quittant la Colombie, je me suis réfugiée dans le pays voisin, en Équateur. Là aussi il y avait du danger, à cause de mon travail que j’ai réalisé, entre autres en violence conjugale. On attaquait mon intégrité personnelle, par des menaces en rapport avec mon travail, j’ai été obligée de quitter pour le Canada. Je cherchais une vie plus sécuritaire que j’ai trouvée ici. À cause de ma langue maternelle, l’espagnol, j’avais pensé aller au Mexique, mais je songeais aussi au Venezuela, un pays qui avait également des besoins considérables pour la défense des femmes », raconte Luz dans un bon français, avec son charmant accent.
À Sherbrooke, elle a joint une communauté assez vaste de migrants provenant de la Colombie, comme elle. Elle a fréquenté le Centre St-Michel, à Sherbrooke, et le Centre 24-Juin pour en venir à obtenir un DEP. Elle attend son acceptation à la faculté de droit de l’Université de Sherbrooke, où elle veut se spécialiser en droit de l’immigration. À noter qu’elle a acquis la citoyenneté canadienne le 23 novembre 2023.
« Dans mon témoignage, j’aborde des enjeux qui concernent tout le monde, car il y a de l’éducation à faire partout en ce qui a trait à l’intégration des immigrants, la discrimination et le racisme. Je veux remercier le soutien spécial que j’ai reçu et l’influence que m’a offert le Centre de femmes La Passerelle, ce qui m’a beaucoup aidé à continuer », a-t-elle conclu en entrevue, avant de narrer son témoignage aux participants de l’activité.