Nos écoles ont besoin d’une matière essentielle de plus

Le préfet Robert G. Roy lors de l’inauguration des neuf zones neutres à Lingwick en septembre.

Par un geste extraordinaire, la Nouvelle-Écosse a déclaré en septembre dernier que sa province est dans une épidémie de violence domestique, avec plus que 30 pour cent de femmes et 22,5 pour cent d’hommes déclarant avoir vécu de la violence dans leurs couples. Chez nous, dans le Haut-Saint-François, une étude récente suggère des vécus semblables.

Dans notre région, il y a 2,6 fois d’agressions sexuelles de plus que la moyenne canadienne, par exemple, souvent par un partenaire ou ex-partenaire.

Que nous soyons dans une épidémie ici ou non, le problème est répandu, et on connaît tous quelqu’un qui est affecté. Dans ma vingtaine, mon père m’a partagé comment des prédécesseurs hommes de notre famille étaient violents, des anciens citoyens du Haut-Saint-François. Depuis, j’ai rencontré beaucoup de femmes qui avaient été victimes de violence conjugale; aussi des hommes victimes d’abus verbal, de harcèlement et autres par leurs partenaires, ex-partenaires ou mères.

Des organismes et intervenants concernés se sont rencontrés en septembre pour étudier les statistiques dans le Haut-Saint-François et prioriser les actions, publiés dans un rapport de recherche, Justices pour toutes, par la Corporation de développement communautaire du Haut-Saint-François.

Ces dernières actions portent toutes sur une amélioration du problème dans le court et moyen terme, ce qui est nécessaire. En parallèle, la MRC de notre région a contribué à la création des zones d’échanges sécurisées, entre autres pour le transfert d’enfants en garde partagée.

« J’ai de la misère à concevoir dans ma tête que cela arrive », a dit le préfet de la MRC, Robert G. Roy, à Lingwick, en septembre dernier lors du dévoilement des neuf zones. « Mon rêve, c’est qu’il n’y a plus de violence, que ce soit verbal, parce que le verbal fait aussi mal que les coups. »

Mais pour qu’il n’y ait plus de violence, il faut non seulement sensibiliser les adultes, mais aussi éduquer les jeunes. La violence, comme tant d’autres comportements et aspects de la vie, s’apprend et se perpétue en cycle. Un garçon apprend à frapper à un jeune âge, comme il n’apprend pas à contrôler ses émotions jeune si ses parents ne le font pas. Une fille apprend à blesser avec ses paroles à un jeune âge, comme elle n’apprend pas à contrôler ses émotions si ses parents ne le font pas.

Nos garderies aident à apprendre de bons comportements et le respect des limites personnelles à l’âge préscolaire. Mais qu’est-ce qui est enseigné dans nos écoles ? On apprend un peu ici et là, peut-être aux sports, peut-être dans la discipline en classe, peut-être en parlant brièvement de sexualité dans une classe de science.

Est-ce assez ? Les langues et les chiffres sont des matières de base à l’école, avec raison. Mais les relations humaines ne sont-elles pas aussi fondamentales ?

S’il y a tant de violence dans les familles, ça veut dire que les enfants n’apprendront pas des relations saines à la maison.

Il est alors devenu essentiel de continuer une éducation sur les relations humaines à travers les années d’école, du primaire au secondaire et même après. On commence avec les bases à la garderie, mais ça prend des années de plus pour éduquer et pratiquer tant d’autres éléments de la matière, telles les communications respectueuses et non violentes, la gestion saine de nos émotions, la santé mentale comme la santé physique, l’évolution des phases d’un couple amoureux, les enjeux d’une séparation, comment vivre et gérer les conflits…

Ce sont tant d’éléments de la vie qu’on se laisse présentement naviguer comme des conducteurs sans phares dans la nuit. Et pourtant, ils sont essentiels pour bien vivre comme individu, en relation et en société—pour bien naviguer chacun de nos chemins sans accident grave.

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Originaire du Canton de Hatley, Scott Stevenson est directeur du Journal Le Haut-Saint-François et demeure sur sa ferme à Island Brook depuis 2012.
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