Alain Brasseur, président de Sherbrooke OEM, une entreprise spécialisée dans la conception, la fabrication et l’intégration d’équipements de recyclage sur mesure, ne mache pas ses mots et refuse que l’entreprise serve de « bouc émissaire » à la décision de Valoris de fermer deux lignes de tri.
Dans un communiqué de presse, M. Brasseur mentionne que l’annonce de Valoris tend « à camoufler les résultats d’une gestion catastrophique du projet de l’organisme et des fonds publics. » À titre d’exemple, M. Brasseur mentionne « des dépassements de coûts non provisionnés de plusieurs millions de dollars, le remplacement du directeur général Claude Brochu, en janvier 2017, par un candidat sans expérience connue dans les centres de tri de matières résiduelles, des déficits budgétaires de 800 000 $, en 2015 et 2016 » et des majorations budgétaires dont une récente augmentation de 53 %. À sa liste, il ajoute les poursuites déposées contre Valoris et « des querelles politiques incessantes opposant la présidente du conseil d’administration de Valoris, Hélène Dauphinais, à la présidente du comité de l’environnement à la Ville de Sherbrooke, Christine Ouellet, et le préfet de la MRC du Haut-Saint-François, Robert Roy, au maire de la Ville de Sherbrooke, Bernard Sévigny. »
Selon M. Brasseur, « le véritable problème de Valoris réside dans son modèle d’affaires. » Son modèle, ajoute-t-il, repose sur un potentiel de valorisation des matières résiduelles traitées qui est beaucoup plus faible que celui initialement prévu par ses dirigeants. Il mentionne que Valoris ne dispose d’aucune source d’approvisionnement et ne traite avec aucun gisement de matières ICI alors que la composition de son gisement de matières résidentielles offre un potentiel de valorisation « bien en deçà de celui prévu aux prévisions budgétaires de l’organisme. »
Lors d’une entrevue téléphonique, le président de Sherbrooke OEM précisait qu’il existait des portes de sortie avec le même équipement. « Les gens en place pourraient être plus créatifs, mais ils n’ont pas l’expérience que ça requiert. Ça fait deux ans qu’on essaie de se parler. L’équipe a besoin d’écoute et c’est pas parce que c’est une régie que c’est plus compliqué. J’achète pas ça. Ils auraient besoin d’un cours 101 voir comment le privé s’y prend. » M. Brasseur croit que les citoyens n’ont pas fini de payer. « Là, la banque, c’est les citoyens et je suis tanné », complète-t-il.
D’autre part, dans un second communiqué, M. Brasseur rappelle que son entreprise réclame un total de 8 M$ dans une poursuite contre la régie.
À celle de 2,3 M$ déjà pendante devant la cour supérieure, s’ajoute un montant de 5,7 M$ « pour des travaux additionnels à ceux prévus à son contrat. EOM a notamment dû traiter plus d’une trentaine de demandes de changements et directives exécutoires imposés en cours d’exécution, sans compensation financière, en plus de subir les conséquences et les coûts additionnels résultant de l’ingérence de Valoris, des retards sur l’échéancier de la construction du bâtiment, des modifications de la dalle sur sol », peut-on lire entre autres dans le communiqué.
Par ailleurs, le quotidien La Tribune mentionne que dans la défense et demande reconventionnelle modifiée déposée par Valoris que la régie se dit « surprise, sinon choquée de constater l’ampleur des supposés travaux additionnels réclamés par la partie demanderesse. » Elle ajoute que « l’autorisation de réaliser des travaux additionnels présuppose des négociations préalables et un échange de consentement quant à leur nature et quant au coût qu’ils engendrent. »
Réaction
Invité à réagir aux propos du président de Sherbrooke OEM, le directeur général de Valoris, Jean-François Sornin, mentionne ne pas vouloir émettre de commentaire. Il en est de même pour le préfet de la MRC du Haut-Saint-François, Robert Roy. Il précise néanmoins « le maire de Sherbrooke et moi, on se parle. On travaille ensemble sur des projets. » Il peut y avoir des divergences, souligne M. Roy, « mais c’est pas une chicane », complète-t-il.