Après 33 années à enseigner aux jeunes et moins jeunes, Édith Cournoyer et Robert Cyr ont formé leurs deux dernières élèves. Le couple fondateur du Centre de services éducatifs populaires (CSEP) du Haut-Saint-François cède sa place à Lisane Boisclair et Julie Tremblay. L’annonce officielle a été faite le 7 septembre, veille de la Journée internationale de l’alphabétisation.
Ceux qui ont démarré le CSEP avaient convié à leur local les acteurs régionaux du milieu communautaire pour l’annonce officielle de leur retraite. Mais celle-ci devra attendre un peu. « Oui, ça se peut qu’on traine encore ici », avoue en ricanant M. Cyr. En effet, le couple épaulera les deux nouvelles responsables dans la transition. Après avoir vécu leur dernière fin d’année scolaire en juin, les fondateurs du CSEP ont passé une partie de l’été à faire des boites et à transmettre leur savoir à la relève. La nouvelle équipe se compose de Lisane Boisclair, responsable de la direction, et de Julie Tremblay à la formation pédagogique.
« Après 33 ans ici, l’âge de la retraite avait sonné pour nous », admet Édith Cournoyer. « Mais le gout de continuer et la passion étaient toujours présents. » Robert Cyr renchérit: « Le timing était bon. Ça fait qu’on a décidé d’entamer le processus de sélection. Ce qu’on n’a pas en fonds de pension, on l’a en capital humain ! »
Le couple, qui reçoit hommages et couverture médiatique depuis l’annonce de son départ, a malgré tout priorisé le Centre jusqu’à la toute fin. Il ne pouvait en être autrement. Ceux-ci ont mis sur pied le CSEP avec 15 000 $ au départ. « On s’est battus, on a tout fait de A à Z et il fallait constamment démontrer la pertinence du projet », se remémore Mme Cournoyer. « On avait deux, trois jobs en même temps au début », poursuit-elle. Éventuellement, l’obtention de subventions gouvernementales a permis aux fondateurs de se doter d’un local. Mme Cournoyer se montre plus que satisfaite du chemin parcouru. « On laisse un legs vivant et viable sur le long terme. J’ai été chanceuse, j’ai pu pratiquer le plus beau métier, puis ça m’a permis de m’épanouir. Ça a été passionnant ! »
Deux recrues parées
Si Mme Cournoyer et M. Cyr avaient fondé le CSEP en n’ayant aucune expérience véritable dans le domaine, celles qui leur succèdent sont bien outillées pour le défi qui les attend. Toutes deux ont étudié à l’Université de Sherbrooke et ont travaillé dans le milieu scolaire. Tout de même, « on ne s’en vient pas réinventer la roue », nuance Julie Tremblay, nouvelle responsable pédagogique. « Dans un premier temps, on veut connaitre les gens et poursuivre les projets déjà en place. » Au fil des années, le CSEP est passé d’un groupe d’alphabétisation populaire à un centre de services éducatifs visant la réintégration des participants au cheminement scolaire. « On couvre encore l’alphabétisation, mais également l’informatique, l’éducation financière et d’autres compétences essentielles », continue Julie. Lisane, responsable à la direction, acquiesce: « On veut aller de l’avant et poursuivre ce qui est déjà en place. Cela passe entre autres par la consolidation de partenaires financiers. Les expérimentations et des projets divers, Robert et Édith en ont faits beaucoup en 35 ans. On reprend donc le projet et on peut immédiatement être dans l’action. »
Parmi les invités présents à l’événement du 7 septembre, on retrouvait le député de Mégantic, Ghislain Bolduc. Celui-ci a remis aux nouvelles gestionnaires un chèque de l’ordre de 1500 $. Lors de son allocution, M. Bolduc a mentionné la pénurie de main-d’œuvre à laquelle fait face la région et le besoin de talents locaux pour les entreprises. Il était donc fier d’aider les employées du CSEP dans « la poursuite de leur mission. »