On me dit, parmi de beaux compliments sur le journal ces jours-ci, qu’il est pourtant mince.
Je suis d’accord.
Ce qu’il faut savoir, c’est que le nombre de pages d’un quotidien, hebdomadaire ou autre journal est généralement dicté par la quantité de publicité. Au Haut-Saint-François, on essaie de jouer aux alentours de 50 pour cent de publicité pour 50 pour cent de contenu journalistique.
Cela vise la rentabilité.
Mais pour notre organisme à but non lucratif qui publie le journal, la rentabilité n’est pas question de profits, plutôt de payer toutes les dépenses reliées à la publication et distribution gratuite d’un journal de qualité. Le plus de contenu journalistique que nous publions, meilleure sera notre qualité.
Avec l’explosion des sources d’information aujourd’hui—et l’implosion de la société, bien prévue en 1964 par le prof torontois Marshall McLuhan—il est maintenant plus difficile de publier un journal qui réussit à payer toutes ses dépenses. L’intérêt et surtout les sources de revenus ont aussi explosé; les petits morceaux qui en résultent doivent être partagés par beaucoup de bouches affamées.
Pourtant, un journal communautaire est une source d’information toujours centrale, fiable et essentielle à la société.
En reconnaissance de ce fait, les gouvernements viennent en aide. Le Haut-Saint-François, comme tant d’autres journaux de nos jours, reçoit des subventions du ministère de la Culture et des Communications du Québec et parfois fédérales de Patrimoine canadien, et bénéficie d’ententes d’appui avec les municipalités de notre région. Les gouvernements nous aident alors à imprimer et distribuer gratuitement autant de copies, 12 129, et de maintenir environ 50 pour cent de l’espace du journal pour le contenu journalistique, parfois plus.
À ma surprise récemment, deux associations professionnelles et communautaires ont lancé une campagne de pression pour avoir un appui plus large du gouvernement provincial. L’objectif en soi n’est pas mauvais, mais le ton de la campagne n’a pas fait de partisans à la table de notre conseil d’administration.
En fait, nous sommes reconnaissants de l’aide que nous recevons en soutien financier. Avons-nous besoin de plus? Oui! Mais nous ne le considérons pas un droit ou une obligation de la part du gouvernement.
Nous reconnaissons et nous vivons le besoin pour cette aide lors de ce passage difficile pour le journalisme fiable dans notre société actuelle; nous acceptons l’aide, mais nous cherchons aussi d’autres façons durables et autonomes pour nous assurer de notre qualité et pérennité.
Ce ne serait pas vrai de dire que nous ne sommes pas une source indépendante de l’information journalistique parce que nous recevons des subventions. Tout comme ce n’est pas vrai de dire la même chose de Radio-Canada parce qu’elle est financée par le gouvernement fédéral. Un média entièrement financé par le secteur privé a autant de vulnérabilités à son indépendance qu’un média financé par le public.
Nous avons tous des liens aux autres, que ce soit comme individus ou comme entreprises médiatiques. L’indépendance est protégée surtout par le professionnalisme des personnes qui travaillent pour l’entreprise, par une diversité des sources de revenus ainsi que par des politiques et façons de faire de l’organisme.
Dans ce sens, votre journal communautaire, Le Haut-Saint-François, lance fièrement un nouveau programme, les Amis du Journal, justement pour diversifier nos sources de revenus, améliorer notre service à la communauté et resserrer les liens entre vous et nous.
C’est une occasion de démontrer de la conviction envers l’économie locale, le journal communautaire et le journalisme indépendant. Et c’est une occasion de bénéficier de toute la visibilité et la qualité des communications que votre journal communautaire peut offrir—aux individus, organismes et entreprises.
Informez-vous! Nous espérons vous compter parmi nos Ami.es.
Des amis du journalisme indépendant
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