C’est à un débat civilisé et respectueux que les 150 personnes de la grande municipalité de Cookshire-Eaton ont assisté, la semaine dernière, à la salle Guy-Veilleux du secteur Cookshire. Plusieurs citoyens des secteurs Johnville et Sawyerville, sans oublier Cookshire, participaient à la rencontre soucieux de savoir ce que les candidats à la mairie Sylvie Lapointe, Yvon Roy et Marc Turcotte avaient à leur offrir.
Visiblement nerveux, au début, les candidats ont participé à un petit jeu-questionnaire, histoire de casser la glace, suivi d’une courte présentation expliquant respectivement leurs motivations pour solliciter le poste de maire.
À la question si la municipalité avait besoin d’outils de développement que ce soit d’ordre économique, culturel, agricole et autres, Sylvie Lapointe mentionne que oui, mais précise que la municipalité doit utiliser les moyens en place dont le CLD. Elle fait part que l’absence de la municipalité à la table du CLD, organisme de développement régional, constitue un manque et qu’elle y serait présente. Elle ajoute que la création en 2017 de Cookshire-Eaton Innovation visait à développer « nos propres produits à nous. »
Yvon Roy se montre catégorique, « oui, la ville a besoin d’outils. On en a un (Cookshire-Eaton Innovation), il faut laisser le temps à l’organisme. » Il ajoute que la municipalité doit également travailler avec le CLD et autres agents de développement. Marc Turcotte parle de croissance et de satisfaction des besoins. Il mentionne que le projet de Loi 122 permettra une plus grande possibilité aux municipalités d’obtenir l’argent nécessaire. Il souligne l’existence d’organismes et de programmes d’aide comme levier. Il insiste « pour faire des projets, il faut une vision et la meilleure façon est de planifier. » Il ajoute que de travailler à l’amélioration de la qualité de vie dans laquelle les gens se reconnaissent constitue un bon départ.
Quant à la qualité de la gestion municipale, le candidat Roy soutient qu’elle est « assez efficace et compliquée. Il n’y a pas de gros problèmes de gestion », précise-t-il. M. Roy est d’avis que les mécanismes en place sont efficaces et qu’il souhaiterait instaurer une politique ne laissant aucune place au harcèlement psychologique et sexuel. Marc Turcotte parle d’un « manque de communication flagrant. Il y a un manque dans la gestion parce qu’il y a un manque de responsabilisation. Il faut que dans la structure les gens connaissent leurs tâches. Ça prend des chefs et des leaders pour s’assurer que chacun fasse sa job. » Le candidat ajoute s’il n’y a pas de bonne volonté du personnel, il pourrait faire appel à une firme externe. Sylvie Lapointe manifeste son désaccord avec son prédécesseur en soutenant que le personnel en place est hautement compétent. « Il est juste pas bien administré. Avec les gens en place, on peut faire beaucoup plus », il suffit de mieux définir les tâches de chacun, de laisser entendre la candidate.
La taxation municipale était un incontournable. À la question: est-ce que les citoyens sont surtaxés ? M. Turcotte mentionne que les citoyens payent et ne voient rien autour d’eux qui permet une vitalisation de leur milieu. Il soutient une meilleure gestion consistant à planifier les projets à mettre en place. « Il faut planifier, prendre soin des acquis avant de faire de nouveaux projets. » Il propose, ce qu’il qualifie de véritable équilibre budgétaire basé sur des dépenses équivaut aux revenus et non de piger dans un fonds pour équilibrer le budget.
D’emblée, Mme Lapointe mentionne: « Je ne vous ferais pas croire que je vais geler les taxes pendant deux ans pour arriver avec une augmentation de 4 % l’année suivante. Pour moi, c’est de maintenir un taux raisonnable. Il faut augmenter les revenus de la municipalité en implantant de nouvelles industries, avec la construction de maisons neuves et la rénovation. » M. Roy soutient que le taux est « assez bien équilibré et que la municipalité dispose de services complets. » Le problème explique-t-il, en comparant avec Sherbrooke, est que cette municipalité compte beaucoup plus de résidences sur son territoire que celle de Cookshire-Eaton.
La dernière question portait sur l’administration des finances publiques et les dépenses. Mme Lapointe croit qu’il y a moyen de couper sur certains postes, mais d’autres sont intouchables comme le service d’incendie. Elle propose de surveiller de près toutes les dépenses à commencer par les frais de cellulaire du personnel. Quant aux travaux publics, elle lance « quand il en a six accotés sur un poteau et deux qui creusent », il y a lieu de se poser des questions. Pour M. Turcotte, il est important de savoir d’abord l’état de la situation générale de l’ensemble de la municipalité et « mettre en place une démarche de planification et voir ce qu’on peut payer. Quand j’entends dire qu’il y a des cols bleus qui passent leur temps à côté du trou, c’est parce qu’il a un responsable qui leur a donné l’ordre. C’est au responsable à dire pourquoi, le type de travail à effectuer et le nombre de personnes nécessaires. » M. Roy soutient que le personnel notamment pour les travaux publics travaille adéquatement et qu’il n’y a pas lieu de réduire les dépenses dans ce secteur étant donné la somme de travail à faire sur les chemins. « Je ne crois pas que ce soit mal géré », précise-t-il.
Période de questions
À la période de questions, une jeune fille a demandé quels étaient les plans pour la jeunesse. Les candidats Turcotte et Lapointe ont invité les jeunes à faire connaître leurs besoins au conseil et qu’ils auraient une oreille attentive. M. Roy parle de faire une mise à niveau des infrastructures en place comme le skate parc et la patinoire et de prévoir un endroit permettant aux jeunes de faire des soirées. Conseiller sortant, Yvan Tremblay demande comment les candidats vont aborder la négociation du contrat de travail des employés alors que cela représente 40 % du budget municipal. Les candidats Lapointe et Turcotte se montrent prudents en laissant entendre qu’il faudra aller avec la capacité de payer de la municipalité. M. Roy mentionne ne pas pouvoir répondre puisqu’aucune demande n’a encore été déposée. À la question posée par une adolescente quoi faire pour répondre aux jeunes anglophones, M. Turcotte soutient que la communauté se sent de plus en plus exclue et propose que l’information soit diffusée automatiquement dans les deux langues. Mme Lapointe ajoute qu’il faut plus que des dépliants bilingues et invite la population à lui donner des éléments de solution. M. Roy parle du projet de regrouper à l’intérieur de l’école primaire de Sawyerville les jeunes francophone et anglophone. Candidate au siège # 5, Danielle Tremblay a sollicité les candidats à s’impliquer pour conserver le caractère bilingue de ce secteur et d’aider les jeunes des deux communautés à grandir ensemble. La préservation de la bibliothèque à Sawyerville ainsi que celle à Cookshire a été soulevée. Un citoyen a demandé aux candidats de se commettre pour donner la chance aux entrepreneurs locaux de soumissionner lors de projets. Tous trois ont souligné l’importance de le faire alors que M. Turcotte a suggéré d’inscrire les noms des entrepreneurs locaux pour pouvoir leur soumettre les soumissions. Diane Latendresse a demandé la position des candidats vis-à-vis la communauté essénienne. Les trois ont refusé de commenter en soutenant qu’un dossier était pendant devant la justice, mais précisé qu’ils entretiendraient une discussion une fois que les choses seraient clarifiées.
Enfin, le maire sortant Noël Landry a tenu à préciser, hors débat, qu’il n’avait pas quitté la table du CLD, mais avait plutôt été remplacé par la municipalité de East Angus lors du vote pour désigner les membres du comité exécutif.
Mentionnons que le débat était organisé par deux citoyens, Michel Turcotte et Irène Dubé.