Les entreprises doivent séduire la main-d’œuvre dans le secteur de la transformation du bois

L’OSBL Formabois tenait récemment un atelier régional portant sur la mise à jour du diagnostic sectoriel de l’industrie de la transformation du bois à la salle Guy-Veilleux, de Cookshire-Eaton. La rencontre a réuni près d’une vingtaine de représentants des entreprises forestières locales qui sont venus partager leur réalité. Plusieurs peinent à recruter et à retenir la main-d’œuvre et doivent de plus en plus se tourner vers l’automatisation.

L’avant-midi de réunion était le résultat d’un partenariat entre le comité sectoriel Formabois, Services Québec et le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs de la région de l’Estrie. La présence d’une vingtaine d’acteurs du milieu est un succès pour Réjean St-Arnaud, directeur général de Formabois. « C’est très satisfaisant de par la nature du métier et la réalité actuelle des compagnies qui manquent cruellement de personnel. Ce nombre-là favorisait les discussions et les échanges. »

L’exercice fait suite au dernier diagnostic qui date de 2011. Il est réalisé dans 15 régions administratives du Québec, l’Estrie étant la 12e à recevoir la visite de la tournée. « Les entreprises sont inondées d’enquêtes et de sondages. Elles sont débordées », stipule M. St-Arnaud. « Donc avec le partenariat avec Services Québec et le ministère, on ne les consulte qu’une seule fois. »

Trois enjeux actuels
L’industrie forestière vit aujourd’hui des défis qui sont somme toute récents. Le premier enjeu discuté lors de l’événement est celui du recrutement et de la rétention de la main-d’œuvre. L’Estrie vit une pénurie qui est généralisée à l’ensemble des métiers spécialisés. Lors de discussions, Réjean St-Arnaud affirme que « les compagnies ont reconnu qu’elles ont un effort à faire pour mieux faire connaitre ce qu’elles font et leurs besoins en main-d’œuvre. » Cela serait particulièrement vrai en Estrie où beaucoup d’entreprises forestières n’ont pas de personnel attitré aux ressources humaines. « Souvent, c’est quelqu’un qui va porter plusieurs chapeaux comme les finances, les RH, la production, les achats, etc. La moyenne québécoise des entreprises qui ont un employé ou un département de ressources humaines est de 50 %, alors qu’il est de 35-38 % ici. Avant, il y avait tellement de main-d’œuvre que personne ne prenait le temps de structurer ça. Aujourd’hui, il faut y accorder plus d’importance. » Marc Giguère mentionne à cet effet qu’« on ne parle plus de gestion des ressources humaines, mais de gestion humaine des ressources. C’est un très gros virage. »

La formation des employés constitue un second enjeu problématique pour l’industrie. Les programmes d’enseignement se font de plus en plus rares et sont éloignés des employeurs. Une grande demande apparait pour que des formations soient offertes en entreprises ou tout près d’elles. M. St-Arnaud n’y voit que des bénéfices : « Ça peut aider à la rétention. Comme les employés se sentent valorisés et importants, ils s’impliquent plus au sein de l’entreprise par la suite. Ça développe un sentiment de fierté chez les travailleurs. »

Le troisième thème abordé lors de la rencontre fut celui de la productivité et de l’automatisation. « La majorité des compagnies ont dans leurs cartons des investissements pour de nouveaux équipements. Et ces équipements-là peuvent être une partie de la réponse à la pénurie de main-d’œuvre », poursuit Réjean St-Arnaud. Avec la légalisation prochaine du cannabis, certaines compagnies présentes ont fait part des problèmes de consommation de drogues et d’alcool qui touchent leur main-d’œuvre. « C’est plus fréquent pendant les quarts de nuit. Les compagnies ne savent pas comment gérer ça légalement et voulaient des trucs. Mais c’est un problème qui est généralisé à l’ensemble du secteur manufacturier », résume le directeur général.

Vers des pistes de solution
À la fin du projet et de la tournée, Formabois rédigera un rapport qui sera dans un premier temps présenté aux entreprises qui ont pris part au processus, avant d’être rendu public, dans les jours à venir. « Il s’agit d’une excellente collaboration entre les trois partenaires pour l’élaboration d’un diagnostic sectoriel de la transformation du bois en Estrie et ailleurs », considère Réjean St-Arnaud. « Le bois a une place dans le quotidien et il faut qu’il soit plus valorisé. Pour ça, il faut qu’il soit plus connu. »

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Jean-Marc oeuvre dans les médias communautaires depuis 2013. Il a été journaliste pour le Haut-Saint-François de 2017 à 2019. Il est de retour au Journal depuis 2024.
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