Inondations à Weedon

La municipalité de Weedon a connu ce printemps ses pires inondations depuis plus d’une trentaine d’années. Près de deux semaines se sont écoulées entre l’émission du premier avis préventif et le moment où les derniers résidents évacués ont pu regagner leur domicile. Les riverains les plus durement touchés furent ceux vivant le long de la rivière Saint-François et du lac Louise.

Le 25 avril, la municipalité diffuse un communiqué préventif en vue des précipitations annoncées et de la fonte des neiges. Le premier ordre d’évacuation est lancé le dimanche 29 avril. Après une accalmie pendant la semaine, une tempête de vent et de pluie dans la nuit du vendredi 4 mai force Weedon à émettre un second avis d’évacuation. Cinq cents habitations riveraines le recevront sous forme papier. Le maire Richard Tanguay parle de crues records jamais vues depuis 30 ans.

Roger Weber, qui habite l’extrémité sud du lac Louise, a vu « l’eau monter de 10 pieds comparativement à où elle est d’habitude. » C’est également l’avis d’Honoré Béland qui habite les abords du lac depuis plusieurs décennies. Lorsqu’il aperçut que la route menant au pont de la rivière Saint-François avait une voie submergée et que la circulation s’y faisait en alternance, il comprit que l’inondation en cours serait d’envergure. La dernière fois qu’il avait vécu une telle chose était lors de l’inondation monstre de 1974. Son frère Jean-Marc, qui habite le chemin Fontaine, a même été contraint de venir passer deux nuits chez lui; la demeure d’Honoré ayant tout de même été épargnée.

Les pannes électriques se mettent de la partie
C’est ce que Marie-Claude Cloutier, secrétaire de direction à la municipalité de Weedon, confirme : la majorité des sinistrés a trouvé refuge chez des proches. La Croix-Rouge avait déployé un centre d’hébergement à même l’hôtel de ville, qui n’aura finalement été utilisé que par une trentaine de personnes. Pour ajouter à la difficulté, la tempête du 4 au 5 mai a provoqué quelques pannes électriques en région. Celle à Weedon a duré une quinzaine d’heures.

« Dans les secteurs riverains qui ont été inondés, il y a un gros arbre qui est tombé sur des fils, en raison du vent. La même nuit, autour de 3 h du matin, on a eu un poteau qui a cassé en plein cœur du village. Donc là, on se retrouvait avec tous nos commerces principaux – la seule épicerie, le seul dépanneur, la pharmacie, le guichet automatique, le CLSC, l’hôtel de ville – tout ça sans électricité », relate Mme Cloutier. Un nombre important de riverains ayant recours à un puits dont l’eau venait d’être contaminée par l’inondation ne pouvaient donc plus s’approvisionner auprès de ces commerces.

Au plus fort de la crue, Weedon recevait l’appui de la Sécurité publique, du Centre d’expertise hydrique du Québec, d’Environnement Canada et de la Sûreté du Québec. Malgré les efforts déployés, certains citoyens se sont sentis pris au dépourvu lors de la crise. C’est le cas de Sylvain Bouchard.
« À la municipalité, ils nous avaient donné le numéro d’urgence, mais personne répondait. Après coup, on nous a dit que c’était parce qu’ils avaient manqué d’électricité. Ils ont pas vraiment donné de support. Tout le monde pouvait rentrer et sortir n’importe quand de la zone évacuée. Il y avait zéro sécurité. » M. Bouchard a vu sa résidence secondaire du chemin Fontaine inondée lorsque sa pompe à puisard (sump pump) ne put démarrer à cause du manque d’électricité. « Ça fait deux jours qu’on a démonté tout l’intérieur : murs, plancher, meubles. J’avais refait tout le sous-sol l’an passé. Au moins, les assurances vont aider, comme c’est un chalet qui avait jamais été inondé. »

L’après-coup
Quelques jours après les événements, Marie-Claude Cloutier dit que l’équipe municipale « continue de mettre en place des mesures pour venir en aide aux citoyens. » Parmi elles, nous retrouvons l’installation de quatre conteneurs dispersés sur le territoire touché pour récolter les débris des résidences. La municipalité a également tenu une séance d’information (voir autre texte) visant à donner les chiffres finaux des inondations et entamer les demandes de réclamations.

La secrétaire de direction en profite pour « féliciter toute la gang de bénévoles, citoyens, employés, conseillers et la Croix-Rouge. J’ai eu une équipe extraordinaire qui a été là jour, soir, nuit. On a fait les trois shifts possibles dans une journée. Pour une première expérience de coordination de mesures d’urgence, c’était vraiment une équipe du tonnerre. »

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Jean-Marc oeuvre dans les médias communautaires depuis 2013. Il a été journaliste pour le Haut-Saint-François de 2017 à 2019. Il est de retour au Journal depuis 2024.
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