Près d’une centaine de personnes ont assisté au récent débat organisé par la Chambre de commerce du Haut-Saint-François, auquel participaient les cinq candidats des principales formations politiques qui se font la lutte dans le comté de Mégantic. Pas de grand gagnant, ni de K.O., si ce n’est que quelques coups portés au corps lancés par les participants lors de la rencontre qui aura duré près de 2 h 30 avec la période de questions. Le ton est demeuré poli et respectueux, laissant l’opportunité aux candidats de défendre leur position.
Parmi les participants, on retrouvait François Jacques de la Coalition Avenir Québec (CAQ), Robert G. Roy du Parti libéral du Québec (PLQ), Gloriane Blais du Parti québécois (PQ), Sylvain Dodier, du Parti Vert du Québec (PVQ) et Andrée Larrivée de Québec solidaire (QS).
Chaque candidat devait répondre à cinq questions. À chacune d’entre elles, une période de cinq minutes était accordée permettant aux participants de débattre entre eux. Cette façon de faire a donné lieu à quelques échanges intéressants où les candidats essayaient de déstabiliser leurs adversaires. Celui du Parti libéral, Robert G. Roy, représentant le parti au pouvoir, a évidemment été la cible des candidats qui lui demandaient notamment d’expliquer les coupures du gouvernement dans différents secteurs que ce soit agricole, santé, éducation et autres. Le candidat caquiste a été également mis sur la sellette lorsqu’on lui a demandé d’expliquer la volonté de sa formation politique de réduire l’immigration alors qu’elle pourrait être une solution à la pénurie de main-d’œuvre.
Le thème qui a clairement mis en évidence la position de chaque formation politique concernait l’agriculture. On demandait si leur parti politique allait permettre l’augmentation des superficies en culture partout où l’on exerce de bonnes pratiques de conservation des sols ; du moins pour les régions dont la qualité de l’eau des sous-bassins versants est bonne comme en Estrie. M. Dodier s’est montré clair en affirmant un non catégorique soutenant qu’il y a déjà beaucoup d’espaces déboisés. « Plus on déboise, plus l’eau s’en va dans nos ruisseaux, nos rivières ». Pour Mme Larrivée, le règlement sur l’exploitation agricole est un moyen pour lutter contre la pollution. « Nous, on considère qu’il y a d’autres façons de faire et une des solutions, c’est l’agriculture biologique. Elle crée moins de pollution dans les bassins versants. » M. Jacques mentionne être en faveur d’augmenter les superficies en culture, « là où c’est possible et dans le respect des normes environnementales. » Robert G. Roy parle d’ouverture possible du moratoire sur la terre agricole et de les moderniser afin de permettre l’augmentation des superficies en culture. Mme Blais rappelle que sa formation mettra en place un projet visant à améliorer l’entretien des zones non productives tout en reconnaissant et en appuyant le travail des agriculteurs et des forestiers qui seront exemptés de taxes foncières pour ces zones.
À la question en lien avec l’arrivée du producteur de cannabis médicinal MYM à Weedon et sur l’aide à apporter à la municipalité, les candidats ont tous manifesté une ouverture. Pour M. Jacques, il importe que le gouvernement mette à la disposition de la municipalité les moyens de réaliser ses ambitions, que ce soit la réfection de la route 257, l’aménagement de l’infrastructure du rang 2, l’accessibilité aux logements et l’accueil des immigrants. Pour Mme Larrivée, son parti politique va favoriser le développement de Weedon et des municipalités autour par les CPE gratuits, le transport collectif à prix abordable, un service internet efficace, la formation, l’éducation gratuite. Pour M. Roy, l’accompagnement de son gouvernement est déjà bien entamé. Il souligne que des rencontres ont eu lieu avec les hautes instances gouvernementales et que le Centre local de développement (CLD) est déjà en démarche avec des organismes. Mme Blais souligne qu’il y a que six producteurs de cannabis médicinal au Québec, comparativement à 47 en Ontario. Elle s’engage à aller chercher « pour le Haut-Saint-François notre part de profit dans cette industrie médicale. » M. Dodier est également en faveur d’aider la municipalité à accueillir MYM et entend s’assurer que cette compagnie qu’il qualifie de « riche » paie bien ses impôts.
L’arrivée d’entreprise comme MYM à Weedon et le manque de main-d’œuvre sur le territoire soulèvent la question de mobilité et de transport collectif. Mme Larrivée rappelle qu’il s’agit d’une priorité pour sa formation politique qui entend nationaliser le transport collectif en milieu urbain comme rural pour en arriver à une gratuité d’ici 10 ans. Le parti vise à mettre en place des incitatifs financiers pour favoriser du covoiturage. Pour M. Roy, le prix du Mérite municipal décroché dans la catégorie organisme à but non lucratif pour Transport de personnes HSF témoigne de son expertise et de son savoir-faire en matière de transport collectif. « Nous avons un très beau modèle et nous allons pouvoir l’utiliser pour répondre à cette nouvelle demande. » Mme Blais rappelle que « la réforme de la gouvernance environnementale du Parti québécois prévoit spécifiquement de l’appui au transport collectif, au covoiturage incluant des incitatifs financiers aux citoyens. » M. Dodier souligne l’importance de développer efficacement le transport collectif sur le territoire, mais cela doit « se faire avec les intervenants locaux, car ce sont eux qui savent quel circuit on doit développer. » Pour M. Jacques, la solution passe par un partenariat impliquant les entreprises et organismes du milieu à la recherche de solutions durables pour l’ensemble des usagers du territoire.
La pauvreté dans le Haut-Saint-François est malheureusement présente et les participants sont invités à préciser de quelle façon ils comptent intervenir pour en réduire les effets dévastateurs. M. Roy rappelle que le gouvernement a adopté son troisième plan de lutte à la pauvreté « permettant à plus de 100 000 personnes de sortir de la pauvreté de façon permanente. » En augmentant le salaire minimum, la loi sur l’aide au premier recours pour les jeunes et les différentes mesures d’aide pour les assistés sociaux facilitant un retour au travail et bien d’autres visent à aider les gens à se sortir de la pauvreté, estime-t-il. Mme Blais précise que sa formation politique augmentera le salaire minimum à 15 $ l’heure d’ici octobre 2022 tout en établissant un mécanisme d’évaluation complet du contenu de la mesure afin de s’assurer que ces effets positifs dépassent nettement les effets négatifs au sein de la société. Au cours de son mandat, précise-t-elle, le PQ augmentera de 200 M$ récurrents le financement de la mission d’organismes d’actions communautaires autonomes de l’ensemble des secteurs. La gratuité des CPE pour les familles ayant un revenu inférieur à 34 000 $, des soins à domicile adéquats pour les ainés font partie des préoccupations de sa formation politique pour contrer la pauvreté. M. Dodier souligne que son parti préconise « un revenu minimum garanti de 1 200 $ par mois avec 600 $ possible d’emploi. Sur le terrain, je propose de redonner 25 % de mon salaire aux organismes communautaires qui travaillent souvent avec les gens les plus pauvres et important de viser la parité salariale une fois pour toutes. »
La meilleure façon de contrer la pauvreté pour M. Jacques, c’est d’offrir des ressources aux personnes qui ont de la difficulté à intégrer le marché du travail. Il cite en exemple, Intro-travail et Carrefour jeunesse-emploi. « Il faut que ces organismes puissent compter sur des budgets récurrents et prévoir sur du long terme et mettre en place des actions structurantes ; je veux m’occuper sur cet aspect du financement de ces organismes qui font un travail exemplaire. » Le candidat souligne l’importance de développer des modèles d’affaires comme Coup de pouce à Lac-Mégantic qui emploie des travailleurs avec des difficultés. Le candidat souligne également l’importance d’exclure les montants des pensions alimentaires des enfants pour aider les calculs de prestation d’aide sociale. Pour Mme Larrivée, un gouvernement solidaire va hausser les prestations d’aide sociale pour des personnes avec contraintes sévères à l’emploi. Il va également hausser à 12 000 $ annuellement les prestations pour les personnes sans contraintes et mettre en place un revenu minimum garanti pour couvrir les besoins de base. Québec solidaire, de mentionner la candidate, va hausser aussi le salaire minimum à 15 $ et va créer une assurance dentaire pour tout le monde. Il mettra également en place des CLSC ouverts 24 h, 7 jours par semaine.
L’éducation occupe toujours une place importante. Quelles mesures entendent mettre de l’avant les candidats pour améliorer la situation dans le Haut-Saint-François ? Mme Blais soutient que le Parti Québécois mettra de l’avant un grand chantier qui mènera au rendez-vous national de l’alphabétisation. « Nous adopterons un plan de travail sur 10 ans qui aura un objectif réaliste, mais ambitieux. » De son côté, M. Dodier soutient qu’il faut investir massivement en éducation en rappelant que sa formation politique préconise la gratuité du préscolaire jusqu’à l’université. Pour sa part, M. Jacques propose d’offrir des formations professionnelles correspondant aux besoins des régions et faire de même pour les formations collégiales. « Il faut mettre en place des partenariats entre les entreprises et les centres de formation. » Concernant l’analphabétisme, il souligne l’importance d’intéresser les jeunes à l’école et de maintenir les professionnels. Mme Larrivée rappelle une des mesures phares de sa formation politique qui est la gratuité à partir du CPE jusqu’au doctorat. Un réinvestissement en éducation, réduire le nombre d’élèves par classe, embaucher des enseignants, du personnel, pour soutenir les jeunes pour contrer le décrochage scolaire, soutenir les projets collectifs comme la Cité-école de la polyvalente Louis-Saint-Laurent font partie des actions à poser. M. Roy rappelle que son parti s’est engagé à soutenir les jeunes jusqu’à 18 ans pour la réussite éducative. Son parti entend également poursuivre le déploiement des classes de maternelle 4 ans temps plein dans les milieux défavorisés. De plus, il rappelle que les services éducatifs pour les enfants 4 ans seront gratuits autant pour la maternelle que pour les services de garde. On prévoit ajouter à l’enseignant une deuxième personne temps plein aux classes de niveau préscolaire et de première année pour accompagner les enfants. Le candidat souhaite valoriser le parcours d’apprentissage adapté et entend travailler à l’offre de formations professionnelles adaptées aux besoins du milieu.