Tenir la planète en haute estime

L’agriculture locale et soucieuse de l’environnement connait un engouement qui ne se dément pas depuis les dernières années. De plus en plus de productions maraichères réussissent à être rentables sur de petites superficies qui n’ont rien à voir avec les exploitations industrielles traditionnelles. À Cookshire-Eaton, la ferme Les Hôtes Épinettes produit des légumes biologiques commercialement depuis 2016, après avoir abandonné l’élevage ovin en 2008.

Le déclic
En 1987, Dominique Guay et son conjoint Alain Lussier acquièrent une ferme de 250 acres au bout du chemin Dubé. Après deux décennies de production de moutons, les propriétaires souhaitent changer de vocation. Mme Guay tombe, comme plusieurs, sur le livre Le Jardinier maraicher de Jean-Martin Fortier. C’est ce qui la pousse à s’essayer à l’agriculture intensive sur petite surface.

« J’ai vraiment accroché là-dessus, puis je me suis lancée à petite échelle », raconte celle qui est aujourd’hui épaulée par sa fille Camille dans l’aventure. Ce n’est qu’en 2016 que Les Hôtes Épinettes entament une production commerciale avec la formule des paniers de légumes. Le mois d’avril est d’ailleurs le moment de l’année pour adhérer à ce modèle d’agriculture soutenue par la communauté.

Avec une vingtaine d’abonnés et une quarantaine de paniers distribués de manière hebdomadaire en 2017, la ferme diversifie rapidement son offre. Pour éviter le gaspillage alimentaire et à la demande de clients, Les Hôtes Épinettes font un peu de transformation depuis l’an dernier. Cela permet de répartir les ventes à longueur d’année si on tient aussi compte de la production d’œufs frais et de volaille.

Une façon de faire nécessaire
Dominique Guay ne regrette pas son choix de migrer d’une production ovine à celle maraichère. « C’est emballant parce qu’on est toujours dans le positif. Il n’y a pas beaucoup de négatif dans notre affaire », confie-t-elle. Il faut dire que le contexte actuel encourage enfin la population à privilégier une offre de produits frais et locaux. Un engouement se fait également sentir auprès de jeunes qui souhaitent effectuer un retour à la terre en se lançant dans le maraichage.

Ce sont ces valeurs écologiques et de proximité qui guident Les Hôtes Épinettes au quotidien. Leur agriculture repose essentiellement sur le développement de la richesse des sols pour en assurer la fertilité. La plupart du travail s’effectue à l’aide d’outils manuels pour éviter la compaction des sols et la pollution. Aucun pesticide ou herbicide n’est utilisé afin de préserver les sols, les cours d’eau et la biodiversité du site et des alentours.

Il reste que l’agriculture intensive sur petite surface demande son lot d’organisation. La ferme du chemin Dubé à Cookshire-Eaton propose une cinquantaine de légumes en saison. Ceux-ci varient des traditionnelles carottes, tomates, laitue en passant par les melons, six variétés de choux et les fines herbes.

Un modèle viable
L’auteur du Jardinier maraicher, M. Fortier, s’est fait connaitre après avoir démarré une ferme d’un seul hectare et généré des profits de 150 000 $. Sa méthode était encore plus surprenante qu’il ne recourait à aucune forme de mécanisation, incluant le tracteur. C’est pourquoi le désherbage est fait à la main aux Hôtes Épinettes. Le recours quasi exclusif à des outils manuels crée autant d’emplois, aux yeux de Dominique Guay.

« T’as pas besoin d’avoir 400 hectares puis 140 vaches pour être nécessairement rentable et viable », poursuit-elle. « On est capable de s’en sortir quand même avec de bons revenus. » De plus, la montée en popularité des paniers de légumes, dans les dernières années, a permis de démocratiser l’offre par rapport à la demande et de proposer des prix alléchants aux consommateurs.

Un test fait à l’émission Légitime Dépense avait démontré que le prix des produits frais était le même en épicerie ou en provenance des paniers de légumes. « On essaie vraiment de garder nos prix les plus accessibles possible pour que les gens soient intéressés par cette agriculture-là », conclut Mme Guay.

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Jean-Marc oeuvre dans les médias communautaires depuis 2013. Il a été journaliste pour le Haut-Saint-François de 2017 à 2019. Il est de retour au Journal depuis 2024.
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