Yves Gilbert, président de la Commission scolaire des Hauts-Cantons.
Retirer le projet de loi 40 et mettre sur pied une vaste consultation de toutes les parties prenantes sur l’avenir du réseau public d’éducation. Telle était la demande formulée par Yves Gilbert, président de la Commission scolaire des Hauts-Cantons, lors de la récente séance des commissions tenue au parlement à Québec.
Accompagné de Michael Murray, de la Commission scolaire Eastern Townships, Andrée Bouchard, de la Commission scolaire des Hautes-Rivières et Francine St-Denis, de la Commission scolaire des Trois-Lacs, M. Gilbert a déposé un mémoire à l’attention du ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Jean-François Roberge.
Croyant fortement que l’abolition prochaine des commissions scolaires sera néfaste pour les régions, les représentants avaient, en plus de leur requête, plusieurs points à apporter pour le ministre. Ils reprochent entre autres le fait que la principale raison de ce projet de loi est le faible taux de participation aux élections scolaires. « Il n’y a pas de donnée scientifique qui dit que le modèle actuel n’est pas efficace. La seule base de données qu’on veut remettre en question, c’est le nombre de voteurs aux élections scolaires », mentionne M. Gilbert. Selon lui et ses collègues, il serait plus lucratif de combiner les élections municipales et scolaires comme c’est actuellement le cas dans les autres provinces du Canada. Il serait également important de travailler afin d’inciter les gens, autant les jeunes que les adultes, à s’intéresser à la politique.
Le sujet de la parité homme femme au niveau de la démocratie scolaire a également été soulevé. Selon les représentants des commissions scolaires, pour plusieurs femmes, c’est le premier palier d’apprentissage vers la politique et c’est un élément qui n’est pas négligeable.
Diverses inquiétudes ont été avancées, notamment face à la réussite éducative, le rôle des élus scolaires, l’implication des parents et la représentation des commissaires dans leurs différents milieux.
Selon M. Gilbert, la seule question qui devrait préoccuper les personnes qui s’investissent dans le réseau public de l’éducation au Québec, c’est la réussite éducative des jeunes. « Ce qui apparaît plus dommageable encore dans ce projet de loi, c’est que pas un mot n’est dit sur la réussite éducative des élèves », mentionne-t-il.
Concernant le rôle des élus scolaires, Mme Bouchard explique qu’un des atouts majeurs des représentants élus est leur solide expérience et le fait qu’ils aient un réseautage dans le milieu. Selon le projet de loi 40, les conseils d’administration ne reprendront pas le rôle des commissaires et M. Gilbert croit que c’est justement une erreur. « C’est une grosse perte de collaboration entre les milieux et les centres administratifs. »
Ce nouveau système prévoit demander la participation des parents. Or, c’est l’une des craintes formulées par les membres des commissions scolaires que certaines parties des territoires ne soient pas représentées dans la nouvelle structure puisque beaucoup de parents ont plusieurs autres préoccupations. « Le ministre semble tout à fait insensible à la réalité de la faible participation des parents au conseil d’établissement », explique M. Murray. Selon lui, cela aura des effets graves sur l’équité des différentes écoles d’un même territoire d’appartenance.
Le but du gouvernement est de passer ce projet de loi avant la fin de la session parlementaire qui est prévue le 6 décembre. Pour M. Gilbert, c’est incompréhensible. « J’ai de la misère à comprendre qu’un projet de loi aussi important, de bâcler ça dans quelques semaines. »
Bien évidemment, M. Gilbert ainsi que ses confrères et consœurs souhaitent être entendus. « M. le Ministre, vous nous avez déjà demandé notre collaboration, j’aimerais ça qu’on l’ait. Vos meilleurs alliés sont déjà en place », exprime-t-il.