De gauche à droite, Françoise Cliche, résidente, Mélina Veilleux, éducatrice spécialisée, Albert Lafrenière, résident, Rosaire Coté, résident, et Yves St-Pierre, de la Société d’Histoire de Weedon.
Les résidents du CHSLD de Weedon pourront se remémorer des souvenirs grâce aux différentes photos historiques qui recouvrent les murs de la résidence.
Le projet sur lequel travaille Mélina Veilleux, éducatrice spécialisée, depuis deux ans, en collaboration avec la Société d’Histoire de Weedon, a pu être concrétisé récemment. « Je trouvais que les murs, des fois, des CHSLD sont vides et c’est un peu triste », explique celle qui dit aimer « semer la lumière ». Elle est passionnée d’histoire et dans son quotidien, elle partage avec les résidents des récits d’autrefois. Plusieurs d’entre eux sont aphasiques, c’est-à-dire qu’ils ont perdu l’usage de la parole. « Quand les proches venaient, ils ne savaient pas trop quoi aborder, ils ne savaient pas comment aborder la discussion. Donc, même si la personne ne répond pas verbalement, on peut du moins regarder l’image », explique Mme Veilleux, ajoutant que « le but était vraiment d’éveiller le milieu et d’éveiller aussi les discours qu’on avait ou faciliter la communication avec les proches hébergés. »
Non seulement ce projet permet de créer des discussions avec les résidents, mais il a aussi une forme éducative. Une fois par mois, les élèves de sixième année de l’école Saint-Janvier font une visite au CHSLD. Les aînés ont alors l’occasion de partager leurs souvenirs avec les enfants et leur permettent d’en apprendre plus sur le passé. Mme Veilleux surnomme gentiment les pensionnaires de dictionnaires ambulants, de professeurs d’histoire. Ceux-ci prennent plaisir à expliquer aux jeunes les objets sur les photos. Selon l’éducatrice, quand on a l’objet sur l’image, ça permet de mieux se souvenir. Pour Albert Lafrenière, recevoir les enfants est une source de plaisir. Il aime rire avec eux et ressent une fierté de pouvoir offrir de son savoir. Rosaire Côté, qui est non-voyant, aime prendre le temps de parler du braille avec les jeunes. Il explique toutes les « petites machines » qu’il utilise au quotidien. Le fait d’en parler lui permet de se rappeler de son enfance au pensionnat et ce qu’il aimait tant de la campagne.
Les enfants sont toujours très curieux, exprime Mme Veilleux. « Ce qui est drôle aussi, c’est de voir leur raisonnement et de voir les ressemblances malgré les différences. » Elle explique que les jeunes ont du mal à concevoir, par exemple, que les grands-parents ont déjà été petits et ont eux aussi déjà fait de la luge. « C’est beau de voir les échanges qu’il y avait, c’était très loufoque, mais aussi très positif », ajoute-t-elle.
Selon l’éducatrice, la porte d’entrée pour la mémoire procédurale est un sens. Le fait de parler d’une situation peut parfois être complexe pour une personne qui souffre d’alzheimer parce qu’il n’y a pas de concret. Lorsqu’ils ont la possibilité de communiquer avec quelque chose de visuel, ce sont tous les sens qui éveillent les facultés neurologiques. « Dans la mémoire procédurale, malgré la maladie, toutes les émotions positives perdurent », explique Mme Veilleux en ajoutant « j’ai déjà vu des personnes aphasiques, qui ne parlent pas du tout, mais tu vas utiliser un sens par la musique et ils vont se mettre à chanter. »
Mme Veilleux se dit heureuse d’avoir un patron qui a cru à son projet et qui l’a beaucoup encouragé dans cette voie. Elle affirme également que ça n’aurait pas été possible sans le travail de Micheline Fréchette et de Yves St-Pierre de la Société d’Histoire de Weedon.