Insécurité alimentaire en hausse

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Nathalie Blais: Moisson Haut-Saint-François n’a jamais plus que 48 heures de denrées pour les besoins qui ne cessent d’accroître.

Au début août, toutes les MRC de l’Estrie ont été touchées au passage des restes de la tempête Debby, qui a fortement secoué le territoire. Au-delà des routes bloquées, des arbres tombés et des fils électriques abimés, la perte d’aliments constitue un imprévu important au budget de nombreux citoyens.

Les vents violents ont causé des pannes majeures et certains foyers ont été privés de courant pendant plus de 48 heures, assez longtemps pour subir des pertes de denrées réfrigérées ou congelées considérables. Il s’agit d’une charge financière additionnelle qui est difficile à absorber pour certains.

Des conséquences importantes

Les conséquences de ce genre d’événements sont ressenties dans les banques alimentaires de la région, qui observent une hausse des demandes chaque fois qu’un événement inattendu se produit, comme une tempête importante ou une grève prolongée, par exemple. Nathalie Blais, directrice de Moisson Haut-Saint-François, à East Angus, note une augmentation générale des besoins.

« Nous avons eu quelques cas de dépannage d’urgence après la tempête, mais pas autant que nous avions estimé. Il y a encore de la stigmatisation face à l’aide alimentaire, même si elle touche de plus en plus de gens. Certaines personnes hésitent à profiter de notre service de dépannage, pour toutes sortes de raisons. Oui, nos demandes sont en hausse, mais malheureusement, les dons sont à la baisse en ce moment », affirme Mme Blais.

Moisson Haut-Saint-François est en constante recherche de dons afin de maintenir l’inventaire dont il a besoin pour répondre à la demande. Le Programme de récupération des supermarchés, le PRS, vient en aide.

Chez Moisson Estrie, le directeur général, Christian Bibeau, explique pour sa part que dans le cadre du PRS, Moisson Estrie est responsable de la formation des partenaires et de la récupération des boites de dons auprès des épiciers participants. « En 2023, nous avons redistribué l’équivalent de 15 millions de dollars à 67 organismes de la région, et nous récupérons 96 % de toutes les denrées qui nous sont données », explique M. Bibeau. En général, Moisson Estrie délègue la récupération des dons aux organismes affiliés, qui se rendent directement chez les épiciers. « Mais c’est vraiment à la discrétion de chacun et nous respectons la volonté de chaque donateur », précise-t-il.

Du côté de Moisson Cookshire, non affilié à Moisson Estrie, la responsable Thérèse Soucy donne le même son de cloche. « Tous les jeudis, nous offrons une aide alimentaire à des gens dans le besoin. On voit de nouveaux visages de temps en temps, on sent que le besoin est là », affirme celle qui organise des levées de fonds encore aujourd’hui, à 83 ans. L’organisme, qui ouvre ses portes 4 jours par semaine, accepte également les dons et est toujours à la recherche de bénévoles.

Les épiciers sollicités aussi

Les épiciers interrogés affirment participer à l’effort pour regarnir les garde-manger. C’est le cas de Gilles Denis, le propriétaire de l’IGA Cookshire, qui affirme qu’il donne des produits non vendus à Moisson Cookshire.

Pour sa part, le propriétaire des IGA de Fleurimont et East Angus, William Couture, souligne que la demande actuelle est effectivement très forte, ce qu’il attribue principalement à la rentrée scolaire et à la reprise des activités des organismes communautaires.

« Je n’ai aucun doute que les organismes comme Moisson Estrie soient débordés par la demande. De notre côté, nous répondons plusieurs fois par semaine à des écoles, des organisateurs d’événements et des organismes communautaires, par exemple. La sollicitation est très forte », affirme l’homme d’affaires.

Par ailleurs, William Couture donne de 2 à 3 caisses d’aliments aux banques alimentaires par semaine. « Ce n’est pas facile, parfois on doit faire des choix déchirants, mais on donne autant que possible et sur une base régulière », ajoute-t-il, mentionnant que la politique à l’égard des dons relève de la bannière Sobeys.

Un autre acteur se joint à l’effort

Au moment où la demande alimentaire est à son apogée, en ce début d’année scolaire, la campagne annuelle de la SAQ au profit des banques alimentaires du Québec (BAQ) a été exceptionnellement prolongée. Sur une période de 11 jours, soit du 29 août au 8 septembre, pour chaque achat d’un produit du Québec, un repas a été remis au BAQ, le réseau des Banques alimentaires du Québec.
Du côté de BAQ, il est possible en tout temps de faire des dons, de façon personnelle ou par le biais d’une entreprise, sur le site web de l’organisme. Il y est mentionné que « si vous préférez que votre don serve spécialement à soulager la faim dans une région précise du Québec, il est suggéré de faire votre don directement à un des membres Moisson ou associés. »

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Originaire de la Gaspésie, Marie-Claude est journaliste à la pige avec un intérêt particulier pour le Haut-Saint-François.
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