Le logement : une marchandise comme une autre ?

Opinion du lecteur

Nous avons une région exceptionnelle, avec des espaces verts incroyables, des rivières et un ciel avec mille étoiles. Pas étonnant qu’autant d’entreprises de gestion immobilière souhaitent venir y construire des logements haut de gamme, dans ce qu’ils nomment « la banlieue de Sherbrooke » !


Initialement, quelques propriétaires d’immeubles habitant le Haut-Saint-François détenaient à peine quelques portes, puis des groupes venant de Sherbrooke ont commencé à s’intéresser au développement dans nos différentes municipalités. Pour la plupart, il s’agit de promoteurs immobiliers spécialisés dans la construction de multilogements et acquérant de plus en plus de propriétés partout en Estrie.

Non seulement ces nouveaux projets de luxe participent à la financiarisation du marché locatif, mais d’un point de vue environnemental, les impacts peuvent être néfastes sur nos milieux : déforestation, implantation dans les bandes riveraines, travaux d’asphaltage, étalement urbain. Nous en venons à nous questionner sur la réglementation municipale et provinciale.


Notre objectif et notre fierté devraient être de développer un parc locatif accessible pour toute la population, avec des dimensions adéquates pour les familles et visant à atteindre l’équité intergénérationnelle. Nous pensons que les conséquences de ces choix seront très importantes au niveau du bien-être collectif et qu’il s’agit d’un enjeu de santé publique.


La crise du logement a un impact direct sur la santé physique, l’augmentation de la violence conjugale, le développement des enfants et la santé mentale des personnes qui la vivent.
Des conséquences qui engendrent des coûts beaucoup plus importants collectivement que l’investissement qui serait nécessaire pour développer des projets accessibles. Des conséquences que les organismes communautaires sont à même de voir dans leur quotidien et qui sonnent l’alarme depuis plusieurs années.


Nous croyons en la mixité sociale, au partage du territoire. Mais comment arriver à cette mixité sociale alors que les logements sociaux et abordables font autant défaut ? On nous dit que pour résoudre la crise du logement, on doit en construire davantage. Mais qui aura accès à ces appartements de luxe dont le coût est au-dessus de 1000 $, voire 1500 $ par mois pour un 4 ½ ? Il est faux de penser que ces logements aident à résorber la crise, au contraire, cela met une pression constante sur le prix des loyers.


Si tout le monde a le droit d’avoir un toit décent et salubre, que fait-on des gens en situation précaire ou dans la classe moyenne qui peinent à joindre les deux bouts ? Qui se privent parfois de manger pour payer leur logement ? Il faudrait d’abord s’assurer que toutes les personnes en ayant besoin aient accès à un toit pour se loger, ce qui n’est pas le cas dans le Haut-Saint-François.


À titre de comparaison, il faut savoir que nous avons une moyenne de 2,59 logements sociaux (HLM) pour 1000 habitant.es, soit 61 logements : 6 logements familles (St-Isidore-de-Clifton) et 55 logements pour les 50 ans et plus (St-Isidore, East Angus et Ascot Corner). En comparaison, le Val-Saint-François offre 382 logements sociaux, 157 dans Les Sources et 106 dans le Granit.


Alors que la moyenne au Québec est de 8,10 HLM par 1000 habitants, nombre qui est déjà insuffisant, il nous manquerait plus de 130 logements sociaux pour atteindre cette moyenne québécoise. Nous avons un grand retard à rattraper puisqu’aucun logement social n’a été construit depuis 1983.
Nous croyons en un développement social où le bien commun est au centre de l’habitation. Nous avons de beaux modèles de développement social autour de nous, il suffit de nous en inspirer !

Marilyn Ouellet, Dudswell, Centre des femmes du Haut-Saint-François
Plus 42 autres signataires dont les noms sont publiés au journalhautsaintfrancois.com

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