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Le transfert de ferme : Un processus de 2 à 10 ans

UPA

La conférencière Yolande Lemire mentionne qu’on compte une relève pour trois entreprises à vendre et qu’un processus de transfert peut prendre de 2 à 10 ans.

Le transfert d’une entreprise agricole, ça se prépare. Dépendamment si l’acquéreur est formé et autres éléments, le processus peut s’échelonner sur une période de deux à dix ans. Il est donc important de faire savoir à son organisme (UPA) ou autres son intention et de faire appel à des ressources.
C’est du moins le message lancé par Yolande Lemire, M.A. conseillère en transfert et conférencière invitée lors de l’AGA du Syndicat local de l’UPA du Haut-Saint-François, qui se déroulait à la Salle Guy-Veilleux, à Cookshire-Eaton. Mme Lemire mentionne qu’on retrouve une relève pour trois entreprises à vendre et que la moyenne d’âge pour que la relève devienne propriétaire est de 32 ans. Près de 80 % des transferts sont familiaux, mais la tendance va de plus en plus vers la non-parenté. Il est donc important de consulter et bien se préparer, insiste l’invitée.
De façon générale, explique Mme Lemire, le transfert se passe assez bien, mais doit se faire dans le respect mutuel, la confiance, le comment procéder et l’ouverture d’esprit reconnaissant le travail fait par le fondateur. Le plus grand dilemme, précise-t-elle, est l’aspect financier. « Est-ce que le prix est juste et raisonnable, la relève est-elle capable de payer et le vendeur a-t-il besoin du prix demandé ? » Autant d’aspects auxquels les parties doivent s’entendre.
Pour réaliser un transfert, explique Mme Lemire, il faut considérer les aspects humains, organisationnels, financiers et rencontrer un fiscaliste et un juridique. Il faut également prendre le temps de se questionner et le faire en sept étapes. D’abord développer une vision commune. Le choix de la relève doit se faire de façon réfléchie. Elle doit être motivée à participer à la gestion de l’entreprise et avoir la capacité d’être le chef de son entreprise. Quant à l’entreprise, elle devra aussi fournir un soutien organisationnel adéquat. S’entourer de bonnes personnes clés pour faire avancer le projet est important et constitue la seconde étape. Cela doit se faire en fonction de la complexité et l’orientation du projet. Il faut savoir s’entourer au maximum, insiste la conférencière. Troisième étape de réflexion fort importante est de se respecter mutuellement, planifier un transfert, se faire confiance, ouvrir ses horizons et communiquer complètent le processus de réflexion. Dans la marche à suivre, il faut prévoir du temps pour la planification, la mise en œuvre, la transition et la nouvelle direction, d’expliquer l’invitée.
Conseillère
Mme Lemire mentionne qu’une conseillère en transfert est une personne neutre. Son rôle est de coordonner la démarche, clarifier le projet, proposer un plan d’action, faciliter la discussion et aider à la prise de décision. Dans tout le processus du transfert, explique-t-elle, 80 % du temps sera consacré à discuter des enjeux humains et organisationnels comme définir si le cédant peut demeurer dans la maison, s’il aura un accès à la terre, à la machinerie et autres. Une portion de 15 % sera consacrée au comptable et fiscaliste alors que 5 % se passeront chez le notaire. La conférencière insiste pour dire que « la clé de tout ce processus est le respect. Sans le respect de tout ce qu’il va se vivre au cours des prochains mois ou des prochaines années, sans une communication respectueuse, sans écoute, sans ouverture, le transfert ne peut être une réussite positive. »
Antoine Doyon, producteur agricole à Saint-Isidore-de-Clifton, a témoigné de son expérience. Il aura fallu attendre au cinquième acheteur, un jeune homme de Sawyerville, avant de réussir à vendre que les actifs, explique-t-il. « J’ai gardé la compagnie. » Le processus s’est enclenché en février et le transfert complété en juin. « Pendant trois mois, je dois y aller tous les jours et être disponible pendant un an. C’est un deuil de vendre. Ce que je trouve le plus dur, c’est qu’il n’y a plus personne qui dépende de toi. On se dit qu’est-ce qu’on fait. Aujourd’hui, je regarde ça et je me dis qu’il faut faire confiance aux jeunes. Je trouve que le jeune est performant », ce qui est réconfortant pour M. Doyon. Ce dernier mentionne avoir fait affaire avec une compagnie d’intégration avec suivi technique.  Bien qu’il éprouve un pincement au cœur, M. Doyon semble satisfait de la transaction et croit que son entreprise est entre bonnes mains. Mme Lemire conclut en soutenant qu’il « n’y a pas une façon de faire. Il y a aussi votre façon. »

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