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Passion, travail, famille pour la députée ministre Marie-Claude Bibeau

La vie de député à Ottawa n’est pas une chose évidente, loin de son foyer la semaine, un retour furtif la fin de semaine à travers les obligations de député font en sorte qu’il reste peu de temps pour la famille. De surcroit, lorsqu’on est ministre du Développement international et qu’on fait une quinzaine de voyages par année dans divers pays, il reste encore moins de temps. Avec l’aide d’une équipe sur laquelle elle peut compter, Marie-Claude Bibeau, députée-ministre de Compton-Stanstead, réussit tant bien que mal à préserver du temps pour sa famille.

D’emblée, Mme Bibeau concède avoir une vie professionnelle trépidante, mais combien passionnante. La vie de l’ancienne directrice du Musée de la nature et des sciences à Sherbrooke a basculé à partir du moment de son élection comme députée et de sa nomination à l’époque de ministre du Développement international et de la Francophobnie. Suite au récent remaniement ministériel du premier ministre du Canada, Justin Trudeau, Mme Bibeau est maintenant titulaire du Développement international, mais son horaire de travail n’a pas diminué pour autant.

Passionnée, elle avoue que le travail de député et de ministre n’est pas évident pour les proches et particulièrement pour les jeunes familles. « J’essaie de préserver une journée par semaine pour ma famille pour rester à la maison, mais je fais aussi des lectures. Moi, je suis chanceuse, j’ai un fils de 19 ans qui étudie à Ottawa, un conjoint (ancien maire de Sherbrooke, Bernard Sévigny) qui comprend ça la politique. Mes collègues qui ont de jeunes enfants, c’est très dur. Je n’aurais pas choisi cette vie-là avec de jeunes enfants », admet Mme Bibeau. La députée explique que l’horaire de travail est différent l’été comparativement l’hiver. Au cours de la période estivale, le parlement est arrêté pendant 2 mois et demi. Même si cela permet en théorie au député d’être plus présent dans son comté, pour Mme Bibeau, c’est une période intense pour les voyages. Au moment de l’entrevue, en début de la période estivale, elle prévoyait prendre deux semaines de vacances, « mais j’ai déjà deux événements rentrés dans mes vacances et je vais être en voyage cinq semaines dans divers pays. »

Un mois de travail type à l’automne pour la députée se traduit par trois semaines au parlement et une dans le comté. « Je reviens à Sherbrooke à peu près trois fins de semaine par mois l’hiver et un long week-end sauf quand je suis en voyage. » Une journée de travail commence à cinq heures le matin par des lectures, arrivées au bureau à huit heures et départ à vingt heures. « À la maison le soir, il y a en principe encore des lectures à faire. » Lorsque Mme Bibeau vient passer la fin de semaine dans le comté, elle quitte Ottawa ves 3 h l’après-midi. « Et là, je commence ma réunion hebdomadaire avec l’équipe de Sherbrooke. D’habitude, je suis rendue au DIX30 ou à Bromont quand je raccroche. »

Parmi toutes ses obligations, Mme Bibeau insiste, c’est le travail de député avant tout. « Le travail de député est sous-estimé, c’est l’accompagnement des citoyens. Lorsque les citoyens cognent à la porte de leur député, c’est que c’est souvent leur dernier recours. » Un autre aspect du travail, ajoute-t-elle, est de rester en contact avec la communauté, les municipalités, organismes, entreprises pour connaître les projets dans le but d’obtenir de l’aide au niveau du financement. « Au niveau des programmes de financement, on veut s’assurer que notre région touche le plus qu’elle peut. » D’autre part, Mme Bibeau est convaincue de pouvoir influencer les choses. « On s’aperçoit qu’on a une réelle influence sur les ministères quand on prend la peine de consulter notre monde, quand on prend la peine de faire les bons suivis et des bons rapports. On a influencé des critères d’éligibilité de différents programmes », d’insister la députée.

Développement international
Passionnée par son travail de député, la responsabilité du Développement international la comble. « Le ministère du Développement international, ça c’était inespéré. J’ai commencé ma carrière en développement international à l’âge de 20 ans à 30 ans. J’ai vécu au Bénin et au Maroc. Le premier ministre m’a donné pour mandat de recentrer l’aide internationale du Canada sur les plus pauvres, les plus vulnérables, les plus fragiles, de faire une grande consultation et une nouvelle politique du développement international. J’ai eu le privilège de repartir sur une feuille blanche et de redessiner complètement l’approche, la vision de l’aide internationale du Canada. Ça, on fait ça une fois par génération. »

Les voyages de la ministre l’ont amenée dans diverses parties du globe et pas nécessairement dans des clubs Med. Elle raconte une anecdote lors de son premier voyage en Irak. « Je ne sais pas si les gars m’ont dit ça pour me taquiner ou s’ils étaient sérieux. J’arrive à l’aéroport, ils me mettent la veste pare-balles, m’embarquent dans la voiture et la première question qu’ils me posent : c’est quoi ton groupe sanguin ? J’étais bien prévenue, pas de talons hauts. Fallait que je sois prête à courir si nécessaire. Ils t’expliquent quoi faire en cas. C’est un peu intimidant, impressionnant au début, mais c’était la première fois. Après ça, t’oublies rapidement. Quand je vais dans un camp de réfugiés, j’ai toujours un bodyguard à une distance de bras de moi. Les autres, ils se mêlent au groupe, je les vois plus. J’oublie complètement, j’ai confiance en eux.»
Au cours de ses voyages, Mme Bibeau a vu et palpé la misère, la pauvreté, la violence particulièrement faite envers les femmes. « Dans des camps de réfugiés, j’ai eu des discussions seule à seule avec des femmes; c’est dur émotionnellement parce qu’elles nous racontent des drames. » Mme Bibeau mentionne avoir entendu des témoignages de femmes victimes de violence innommable. Dans certains pays, « le viol est utilisé comme arme de guerre. C’est de démolir la femme, elle peut avoir trois mois ou 82 ans. C’est détruire une communauté en détruisant la femme. »

« Il y a des facettes plus positives, des pays qui sont pauvres, mais on sent qu’il y a une gouvernance, que les dirigeants travaillent pour le bien de leur communauté. Il y a de l’espoir, tu vois les progrès. » Mme Bibeau ne fait pas que visiter les pays, elle rencontrait dans le cadre de sa vaste consultation les ONG avec les Nations Unies, les dirigeants des pays en développement et les groupes de femmes. « Toute cette consultation a amené à une politique d’aide internationale féministe. C’est le contact humain qui a donné tout son sens à la politique et qui fait que je la porte avec beaucoup de conviction. »

Glamour
Mme Bibeau a également connu des moments plus glamour au cours de son présent mandat. Elle mentionne avoir rencontré la reine Élisabeth II, avoir participé au souper d’état avec Barak Obama. « Ce sont quelques moments de princesse, mais des moments d’exception. » De toutes ces rencontres, la députée de Compton-Stanstead mentionne que le plus impressionnant est « lorsque tu ouvres la bouche et que tu prends conscience que lorsque tu parles, c’est le Canada qui parle, ça, c’est impressionnant. »

Toc, toc. On frappe à la porte, à deux reprises. On signale poliment et discrètement à la députée que le temps alloué à la rencontre est terminé. D’autres engagements l’attendent et voilà on passe à autre chose.

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