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Claude Beaudoin, le Nikola Tesla du Haut-Saint-François

Qui aurait cru que dans un garage de Cookshire-Eaton se cache une entreprise produisant des accessoires pour motoneige vendus à travers le pays et développant un véhicule amphibie tout-terrain ? C’est pourtant ce que fait B-PWR avec, à sa tête, Claude Beaudoin.

Après 17 années passées chez BRP dans les départements de la formation et de la résolution de problèmes, M. Beaudoin est recruté par une firme russe en tant que directeur de l’ingénierie en 2014. De retour au Québec, il se remet vite au travail à son compte en fabriquant des accessoires pour véhicules récréatifs à valeur ajoutée.

Bonifier le produit d’origine
Lors de la visite du journal à l’atelier de B-PWR, l’entreprise venait de conclure une première vente à Las Vegas. Il s’agit d’un fait inusité puisque la compagnie produit principalement des accessoires de motoneige tels que des bras de suspension, des casques et des silencieux. D’un autre côté, Claude Beaudoin est de plus en plus accoutumé à ces demandes en provenance de l’extérieur pour avoir déjà expédié en Europe et en Alaska. Il est d’ailleurs à la recherche d’un distributeur pour ses produits en sol américain, comme la demande va en croissant.

L’an dernier, B-PWR a connu une hausse de 30 % de ses ventes d’accessoires. Présentement en période de précommande pour la saison 2019-2020, la compagnie peut déjà s’appuyer sur des demandes totalisant 65 000 $. Il faut dire que la petite équipe est formée de passionnés très productifs. À quatre, ils ont réussi à générer des ventes de l’ordre de 400 000 $ l’an dernier en seulement six mois de production.

B-PWR est d’ailleurs à un point tournant où elle doit aménager dans des locaux plus grands et mieux adaptés pour poursuivre sa lancée. Elle lorgne autant du côté de Cookshire-Eaton que de celui de Sherbrooke. Elle souhaite aussi attirer investisseurs et conseillers pour l’aider à passer à cette prochaine étape. Son propriétaire est confiant comme la compagnie est profitable, exempte de dettes et propose des produits qui suscitent l’engouement.

Carburer à l’innovation
Cette base solide des accessoires récréatifs propulse le second pan de B-PWR, soit la création d’un véhicule amphibie tout-terrain. Claude Beaudoin le décrit comme le bolide ultime, « une beauté suprême ». L’engin n’aurait virtuellement aucun obstacle à son épreuve en pouvant se déplacer dans toutes les conditions climatiques et en s’y adaptant automatiquement, sans intervention du chauffeur.
Après un prototype dévoilé au public en novembre dernier, M. Beaudoin et son équipe ont tout recommencé à zéro pour bâtir une deuxième version tenant compte des commentaires reçus des utilisateurs potentiels. « Notre compagnie est drivée par le client. Ce dont le client a besoin, on l’écoute et on y répond », résume l’inventeur et entrepreneur.

La seconde mouture ne devrait plus se faire attendre trop longtemps, alors que B-PWR souhaite présenter son Typhon à l’équipe de l’émission RPM cet été lors d’un essai routier qui sera diffusé. Cette fois-ci, B-PWR s’entourera d’aide extérieure. Des étudiants stagiaires viendront prêter main-forte à l’équipe déjà en place.

L’entreprise a d’ailleurs suscité un énorme engouement du côté des chercheurs de stage de l’Université de Sherbrooke. Avec un total de 24 postulants, Claude Beaudoin s’est fait répondre qu’« on n’a jamais eu autant d’applications et de demandes de stage que pour la tienne », de la part de l’administration de l’établissement. Comme quoi la pénurie de main-d’œuvre devient relative lorsqu’un projet soulève les passions.

Quand on veut, on peut
Cela devrait donc porter à 7 ou 8 personnes l’équipe qui s’activera cet été autour du Typhon dans l’atelier de B-PWR. Le prototype avait déjà de quoi étonner avec ses caractéristiques avancées, malgré des moyens de production modestes. Sa plateforme modifiable en autobus ou benne « nous distingue complètement des compétiteurs » qui n’offrent qu’un plateau fixe.

À Bromont, la compagnie Zeal Motor travaille sur son Fat Truck, qui constitue la compétition directe au Typhon de B-PWR. La différence est que le premier a déjà bénéficié d’aides financières de 570 000 $ pour un investissement de départ de 1,5 M$, alors que le véhicule développé à Cookshire-Eaton est en quelque sorte autofinancé.

Claude Beaudoin aborde la situation comme un défi supplémentaire. « Nous, on n’a pas ces moyens-là, mais c’est pas grave. On n’a pas les moyens, mais on a les idées ! »

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