Actualités

Projet de loi 40 passé sous bâillon : « On a été congédié de façon cavalière » – Yves Gilbert

Yves Gilbert, ex-président de la défunte Commission scolaire des Hauts-Cantons.

Évidemment contre l’adoption sous bâillon de la loi 40 abolissant notamment les commissions scolaires, Yves Gilbert, ex-président de la défunte Commission scolaire des Hauts-Cantons, digère mal la façon dont le gouvernement Legault a mis un terme au mandat des commissaires.
Un amendement de dernière minute a été annoncé, en après-midi la veille du vote du 8 février, pour abolir les postes des commissaires dès la sanction de la loi plutôt que le 29 février comme ce qui était prévu à l’origine.

« On a été congédié d’une façon cavalière. Ça, c’est ma plus grande déception. En plus, on apporte un amendement en fin de bâillon pour dire qu’on terminait sur le champ, c’est cavalier comme façon de fonctionner », affirme Yves Gilbert, ancien président de la Commission scolaire des Hauts-Cantons. « Le modèle électif qui est proposé par une élection via le comité de parents, c’est encore moins légitime que le nôtre », explique-t-il.

Ce projet de loi visait entre autres à abolir les commissions scolaires francophones et les transformer en centres de services afin de donner plus de pouvoirs décisionnels aux gens qui côtoient les élèves quotidiennement, soit les directions d’écoles et les parents. Ces centres seront gérés par un conseil d’administration composé de 15 membres bénévoles et supervisés par le gouvernement. M. Gilbert soutient que ce projet de loi porte atteinte à la démocratie scolaire et se désole de voir qu’il a été adopté si rapidement.
Les commissaires devront tout de même travailler de pair jusqu’en juin prochain. « On a pris une décision, le directeur général et moi, on va faire une rencontre avec l’ensemble des personnes “déchues”, le 25 février prochain, pour faire une rétrospection de la situation, s’il y en a qui ont besoin de jaser. Par la même occasion, le directeur général va nous entretenir sur le rôle de comité conseil qu’on doit jouer jusqu’au 15 juin 2020 », explique M. Gilbert.

Pour ce dernier, rien n’est encore tracé pour la suite, mais la politique n’est pas un milieu dans lequel il veut continuer de s’impliquer. « Ça fait 41 ans que je suis dans l’enseignement, je vais prendre un temps de recul pour voir si je continue à m’impliquer d’une quelconque façon », affirme-t-il.
Présenté en octobre 2019, ce dossier a amené plusieurs débats entre les commissaires et les représentants politiques. Ce sujet est l’un de ceux que le premier ministre François Legault clamait lors de sa campagne électorale. Il a donc respecté sa promesse qui était de décentraliser les pouvoirs dans le réseau de l’éducation québécois.

Après 70 heures à examiner en détail le projet de loi qui comporte 300 articles et modifie 80 lois existantes, les députés en sont venus au vote peu après 3 h du matin, le 8 février. Parmi ceux-ci, 60 ont voté pour, 35 étaient contre et aucun ne s’est abstenu.

Le député de Mégantic, François Jacques, se dit réjoui de l’adoption du projet de loi. Il tient à reconnaître et souligner l’engagement des élus qui se sont impliqués auprès des élèves de la Commission scolaire des Appalaches, des Hauts-Cantons et de la Région-de-Sherbrooke. Il affirme qu’il prendra en charge d’assurer un lien direct avec le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Jean-François Roberge, tout au long du processus de modernisation pour assurer une réussite des centres de services de la région. « Je me réjouis de l’adoption du projet de loi sur la gouvernance scolaire par l’Assemblée nationale. Je suis fier que notre gouvernement ait eu le courage d’aller de l’avant avec la nécessaire modernisation de la gouvernance scolaire. Aujourd’hui, une nouvelle ère remplie de possibilités s’ouvre pour le réseau scolaire, ici et partout au Québec. Nos concitoyens pourront compter sur moi pour maintenir un lien constant entre notre communauté et mon collègue, le ministre de l’Éducation, afin de réussir la transition vers une gouvernance scolaire moderne et axée sur les besoins de nos élèves », affirme M. Jacques.

Les trois comités de parents francophones de l’Estrie tiennent à remercier le travail, l’implication et le dévouement de tous les commissaires. Ils assurent qu’ils seront présents et offrent toute leur collaboration et leur aide pour la transition.

Article précédentArticle suivant
©2024 Journal Le Haut-Saint-François