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Une lenteur inexplicable pour l’Internet haute vitesse dans le Haut-Saint-François : Des délais toujours repoussés

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Robert G. Roy est d’avis que le brasse-camarade des derniers jours et le mécontentement de la population feront avancer les choses.

La patience des citoyens et des élus du Haut-Saint-François commence à être à bout. Au départ, la totalité des mal desservis devait être branchée pour septembre 2022, mais ce délai a été repoussé en décembre puis en mars 2023. Aux dernières nouvelles, le branchement complet est prévu au 30 juin 2023.
Plusieurs résidents du HSF ont vu le filage être installé sur leurs maisons, malheureusement le service n’est toujours pas disponible. Les retards de branchement s’accumulent et la grogne commence à être générale, selon le préfet de la MRC, Robert G. Roy. Ce dernier dénote aussi des problèmes avec la carte interactive du gouvernement du Québec qui indique quelle zone est desservie ou non par le service de Cogeco. « J’ai des citoyens qui voient les fils qui sont installés tous près de leurs maisons et quand on va sur la carte interactive, ça indique que c’est desservi, mais c’est faux. Certains n’ont accès qu’à Starlink ou Xplornet. »
Présentement, deux options sont offertes aux résidents qui n’ont pas accès à la fibre optique. D’un côté, le gouvernement subventionne le branchement par satellite avec la compagnie Starlink. Les frais d’installation et de location sont pris en charge par le gouvernement, mais le client doit payer la livraison de 65 $. Un montant de 40 $ par mois est subventionné pour les frais de service et il est possible de se départir de Starlink sans pénalité, avec un mois de préavis. Le préfet a reçu quelques appels concernant le branchement par satellite et les utilisateurs semblent satisfaits de la qualité du produit. « Quelques citoyens ont essayé Starlink et présentement, ça fonctionne super bien. Cependant, l’installation n’est pas prise en charge par la compagnie. Vous devez donc vous improviser bricoleur et faire l’installation vous-même. Je suis content parce qu’une alternative semble fonctionner, mais je ne veux pas que Starlink devienne l’option numéro une. On nous avait vendu la fibre optique, c’est ce qu’on désire avoir. »
Du côté de Xplornet, les points de vue abondent tous dans le même sens. Une citoyenne de Cookshire-Eaton, Katy Lussier, à qui on a promis la fibre optique en juin dernier, fait affaire avec la compagnie depuis plusieurs années, puisqu’elle n’a pas d’autres alternatives. « J’ai appris par les journaux tout récemment que l’option Starlink était possible. Auparavant, il n’y avait que Xplornet disponible chez moi et au coût de 135 $ par mois avec une qualité médiocre et souvent très peu de signal, j’ai l’impression de me faire voler. Et je ne suis qu’à 5 km du centre-ville de Cookshire-Eaton, c’est ridicule. » Plusieurs citoyens, dont Mme Lussier, sont à bout de patience. Non seulement parce qu’ils ont l’impression de faire rire d’eux, mais aussi parce que Cogeco ne semble pas pressé de leur donner des nouvelles. « C’est énervant, non seulement parce que notre accès à Internet est difficile, voire impossible, mais nous n’obtenons aucune nouvelle du câblodistributeur et en plus, on a l’impression d’être pris en otages, puisque nous n’avons pas le choix de faire affaire, avec la compagnie de notre choix », souligne-t-elle.
Il n’y a pas seulement au niveau résidentiel que cela pose un problème comme le souligne Bernard Lapointe, président de l’Union des producteurs agricoles (UPA) du HSF. « Le problème de connectivité touche tout le monde, les agriculteurs et les producteurs ont eux aussi besoin d’un service Internet de qualité. Le manque de main-d’œuvre est présentement universel et le milieu agricole n’y échappe pas. Cette lacune au niveau des employés doit être comblée par de la machinerie plus performante, par des outils informatisés plus efficaces. » La problématique reste la même, l’Internet haute vitesse devrait être accessible pour les résidents de toutes les régions du Québec. « Dans le HSF, l’agriculture et la foresterie sont des acteurs économiques majeurs de notre région. Si on désire se développer comme région, il faut pouvoir avoir accès aux dernières technologies », mentionne M. Lapointe.
Le député d’Orford et responsable gouvernemental du dossier, Gilles Bélanger, pense que l’avenir de l’Internet en région pourrait passer par une nationalisation. M. Bélanger croit que l’équivalent d’une Hydro-Québec de la fibre optique pourrait voir le jour en s’appuyant sur un fonds de trois milliards de dollars annoncé par son parti durant la campagne électorale. M. Bélanger, qui a été responsable de développer Internet haute vitesse en région au cours du dernier mandat, estime que l’État a un rôle à jouer pour améliorer la connectivité des réseaux numériques du Québec. « On a déjà nationalisé l’électricité et ça a été un levier économique incroyable pour les régions et pour le Québec », mentionnait-il dans Le Devoir. Il ajoute avoir prévenu les fournisseurs qui n’ont pas respecté leur engagement qu’ils seraient mis à l’amende. Les pénalités pourraient s’élever jusqu’à 1000$ par foyer pendant les trois premiers mois de retard. Advenant que le branchement ne soit pas effectué, le gouvernement pourrait réclamer la totalité des subventions données.
Robert G. Roy est très heureux de voir que M. Bélanger et l’actuel gouvernement traitent le sujet sérieusement. « Le fait de voir qu’ils prennent le dossier bien en main, ça m’encourage beaucoup. » Même constat du côté de l’UPA du HSF et de son président. « J’ai bien aimé ce que le député caquiste a dit à propos de nationaliser Internet. Les bénéfices vont finir par profiter à tous les citoyens » , de souligner Bernard Lapointe.

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