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Dimanche dans les Cantons : Haggis & Foi, à l’église Chalmers de Gould: pour découvrir les presbytériens écossais

Haggis et foi

Daniel Audet anime l’activité Haggis & Foi à l’église Chalmers, de Gould, au Canton de Lingwick. Il pose ici devant le cadre, à l’entrée de l’église, qui affiche les noms des individus de la communauté qui ont la fierté d’être allés à la guerre, pour servir leur pays. S’y trouve, entre autres, le nom de deux femmes qui ont été infirmières, au péril de leur vie.

Les Cantons-de-l’Est vont dévoiler leurs influences religieuses multiples, par l’entremise de la série d’activités Dimanche dans les Cantons, tous les dimanches jusqu’à la fête du Travail, à travers 16 lieux patrimoniaux tout à fait uniques ! À Gould, dans le Canton de Lingwick, l’activité se tient chaque dimanche à 14 h, s’intitulant Haggis & Foi. Elle permet d’en connaître davantage au sujet de la foi presbytérienne, par une visite-interprétation à l’église Chalmers, bâtie par des Écossais en 1892, et au cimetière Pionnineer, qui date de 1837, tous deux accessibles par la route 108.
Dans toute l’Estrie, l’héritage religieux se transmet ainsi par des visites guidées, des concerts, des musées et des galeries d’art, qui demandent à être découverts, libérant la spiritualité des différentes communautés de la région. L’initiative vient de Tourisme Cantons-de-l’Est et de l’Association du tourisme religieux et spirituel du Québec (ATRSQ).
C’est Daniel Audet, propriétaire de l’auberge La Ruée vers Gould, voisin de l’église Chalmers, qui est chargé de l’animation de l’activité Haggis & Foi, lui qui est relié au Centre culturel Oscar-Dhu.
« Je voulais adopter un titre calqué sur l’Avoine et Catéchisme d’une Écossaise célèbre, qui aurait un certain punch, car le mets écossais culturel qu’est le haggis est important, et je souhaitais en même temps transmettre le respect religieux des Écossais pour leurs ancêtres décédés. » À titre de preuve, l’histoire du premier contingent de ces immigrants dans la région, qui est arrivé de Québec en novembre 1838.
Passant par le lac Saint-Pierre, descendant ensuite en canots la rivière Saint-François, puis la rivière au Saumon jusqu’au village de Victoria, sur le territoire de Scotstown, ces pionniers apportaient avec eux les corps dans la glace de leurs morts survenus durant la traversée de l’Atlantique ou durant le trajet qui a suivi. Leur but était de les enterrer dans leur nouvelle terre d’adoption, près d’eux… », raconte M. Audet.
« Ces Écossais décédés ont été inhumés dans le cimetière Pionnineer, sis sur une colline surplombant le village de Gould, un endroit choisi au sec, qui permettait aux âmes des défunts de surveiller leurs descendants dans leur vie de tous les jours. Car leur croyance était que les âmes restaient près du corps après leur mort. Il s’agit du plus vieux cimetière écossais en Estrie, le premier d’ailleurs, c’est ce que veut dire le terme Pionnineer, un mot qui n’est pas relié à la notion de pionnier. Et on n’y enterre jamais les corps un par-dessus l’autre, mais plutôt un à côté de l’autre. Une vieille croyance veut qu’à la résurrection, l’ordre chronologique prédomine. Le premier enterré, s’il est en dessous, comment ferait-il pour être le premier ressuscité, s’il a trois ou quatre de ses proches par-dessus lui ? », demande-t-il avec un sourire.
Les pierres tombales respectent un ordre précis : chacune a l’écriture alignée vers l’endroit où le défunt a vécu principalement.
« Par exemple, James Ross a sa pierre tombale avec l’écriture tournée vers l’emplacement de son magasin général, sur la route 108. Magasin général qui se trouvait, à l’époque, dans l’édifice de La Ruée vers Gould. C’était un homme très dynamique, arrivé au Québec à l’âge de 15 ans, qui a créé une compagnie marchande de fabrication de potasse, a appris le français, lui qui parlait déjà l’anglais et le gaélique. Il a par la suite été nommé capitaine de vaisseau, a sillonné les Antilles anglaises, y a appris l’espagnol, et à son retour a été le premier maire du Canton de Lingwick, à majorité écossaise, et ensuite premier député de Compton, en 1867, à la création de la Confédération canadienne ! », narre Daniel Audet, féru d’histoire écossaise.
Ce dernier révèle ensuite plusieurs curiosités de la religion presbytérienne, entre autres, que le baptême écossais ne lavait pas de la tache originelle, mais servait plutôt de rite de passage dans la communauté.
« L’église Chalmers ne comporte pas de confessionnal, car le pasteur, engagé par la paroisse, est un simple employé, on ne confie pas ses écarts de conduite à un employé… Et on ne se mettait pas à genoux, dans l’église, encore là jamais devant un employé. La communion sous les deux espèces ne comportait pas de vin, car les Écossais préféraient la tempérance plutôt que l’alcool, ils employaient donc du jus de raisin pour communier, fait remarquer Daniel Audet.
« Chez eux, la femme était davantage l’égale de l’homme, beaucoup plus que chez les francophones. Ainsi, le père de la mariée donnait la dot à sa propre fille qui se mariait, et non pas à son nouveau gendre. Le nombre d’enfants n’était pas le résultat d’une loi de Dieu, comme chez les catholiques, mais plutôt en fonction de l’argent que possédait le couple », conclut-il.
C’est donc une invitation, le dimanche sur le Chemin des Cantons, à Lingwick, pour en apprendre encore davantage sur le patrimoine religieux des pionniers écossais de la région.

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