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Gertrude Champigny, centenaire et propriétaire

En arrivant chez Gertrude Champigny à Westbury, la maitresse de la maison nous accueille avec un grand sourire. Celle-ci se lève de sa chaise de cuisine pour s’emparer de sa marchette et inviter la visite à passer au salon, où elle s’installe au piano pour jouer quelques notes. À première vue, munie de son amplificateur auditif, Mme Champigny semble être une ainée comme les autres. Sauf que celle-ci est née le 28 janvier 1918 et vient d’avoir 100 ans.

Dès les premiers instants passés à ses côtés, un détail sur la dentition de Mme Champigny attire l’œil. Un petit diamant est collé sur l’une de ses incisives. « Oui, j’ai mis ça en faisant faire mon dentier. Ça faisait pas mal ! », s’esclaffe la centenaire à la mode. Chantal Bessette, une auxiliaire aux services de santé et sociaux qui rend visite à Mme Champigny deux fois par semaine, le confirme : « Elle est coquette. »

Ils étaient trois employés actuels et retraité du CLSC à rendre visite à Gertrude Champigny pour son anniversaire. La principale intéressée rayonnait de bonheur et répétera plusieurs fois en cours d’entrevue qu’elle n’en revient pas que ces gens avec qui elle a tissé des liens au fil des ans se sont présentés.

Mme Champigny aime être entourée et taquiner les gens. « J’aime ça rire puis avoir du fun. Ça m’en prend », confie-t-elle. D’ailleurs, celle-ci n’a aucun regret, sauf peut-être celui que les célébrations des fêtes 2017 se soient terminées un peu trop tôt à son gout. Pour l’occasion, la résidence Champigny était remplie des fils, neveux, nièces et petits-enfants. Au fil de la soirée, les gens ont dû quitter, ce qui a laissé la grand-mère sur son appétit. « J’ai passé des fêtes assez tranquilles. J’aurais aimé qu’on continue à swinguer ! »

Malgré son âge, Gertrude Champigny a gardé l’habitude des soirées de réjouissances d’antan. Elle est issue d’une famille où la musique et le chant étaient à l’honneur. Un de ses frères était violoniste, un autre, gigueux. Elle-même est joueuse de piano et chanteuse à l’occasion. « Là, je fais moins de musique parce que je suis malade. Si je peux revenir en santé, je vais recommencer à jouer. C’est ça qui me tient en vie, la musique, le chant. Y a pas d’autres choses qui m’intéressent. »

On pourrait tout de même ajouter à la liste l’amour des gens. Mariée à 18 ans, Gertrude Champigny aura un premier enfant à l’âge de 20 ans. S’en suivront trois autres, tous des garçons. Elle les élèvera seule après s’être séparée de son mari. Comme si cela n’était pas assez, un de ses frères perd sa conjointe des suites d’un cancer. Mme Champigny ira quotidiennement l’aider à prendre soin de ses sept enfants. « Je faisais les deux maisons. J’étais chez nous, je faisais mon ouvrage, après ça, j’allais aider mon frère à faire la sienne. »

Plus tard, Mme Champigny a eu un second conjoint, M. Philippe Robert, d’East Angus, avec qui elle demeurera pendant 43 ans, jusqu’à la mort de celui-ci. Malgré tout ce temps passé ensemble, la centenaire continue de présenter M. Robert comme étant son «ami», puisque les deux ne se seront jamais mariés. « Après ça [le décès de M. Robert], je me suis dit “Tiens-toi tranquille ! ” Le troisième aurait été de trop », confie la doyenne dans un éclat de rire.

À l’extérieur, une boite aux lettres indique le nom de Mme Champigny. Rares sont les centenaires qui vivent encore dans leur maison, plutôt qu’en résidence. « J’aime ça, la campagne. Je suis pas prête à être placée. Non, non, non. Pourquoi j’irais dans des maisons, puis aller pleurer ? Je suis pas pressée. Je suis bien avec mon garçon ici, donc j’y reste. Je veux mourir dans ma maison. »
En somme, la jeune centenaire est fière de son parcours. « J’ai eu une belle enfance et j’ai une belle vieillesse. On vieillit, le corps nous vieillit. Mais dans notre tête, on se sent jeunes. »

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