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Les esséniens veulent discuter avec Cookshire-Eaton – La Ville attend le dénouement de la cour

L’Église essénienne chrétienne, établie à Cookshire-Eaton, attend la décision du juge Patrick Théroux de la Cour du Québec, à savoir si elle peut en appeler de la décision du tribunal administratif du Québec, la forçant à détruire des bâtiments établis sur leurs terrains. En attendant, Me Julien Cabanac, représentant de l’église, entend demander à la Cour supérieure, si ce n’est déjà fait, de reprendre la contestation des règlements municipaux, suspendue en 2016.

Rappelons que le tribunal administratif du Québec (TAQ) avait confirmé, en janvier dernier, une ordonnance rendue en septembre 2016 par la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ), obligeant l’Église essénienne à démolir ou déménager tous les bâtiments résidentiels et accessoires voués au culte sur une partie de leur terre. Pierre-Antoine Marier, président de l’Église essénienne chrétienne mondiale, est d’avis que le tout pourrait se régler rapidement. Il suffit, dit-il, de rencontrer le conseil municipal de Cookshire-Eaton pour exposer leur position. Le hic, mentionne-t-il, est « que la Ville ne veut pas nous rencontrer. » M. Marier affirme que le juge Théroux « a dit à l’avocate de la Ville, le nœud du problème, c’est le règlement de la Ville. Faut qu’il soit changé. Je le sais, j’étais là », insiste-t-il. M. Marier prétend que «  l’avocate ne dit pas toute la vérité. L’avocate ne dit pas la bonne affaire. »

M. Marier souhaite amener la municipalité à modifier les lieux de culte permis dans le cadre du Règlement de zonage du Canton d’Eaton 371-2000 « qui ne conviennent pas aux besoins de notre église. Les spécificités de nos cultes nécessitent une proximité avec la nature. Or, le règlement de la ville ne permet pas l’établissement de lieux de culte publics en milieu naturel. Il en résulte que notre Église ne peut exercer son culte nulle part sur le territoire de la ville », peut-on lire dans une lettre adressée à la Ville de Cookshire-Eaton, le 12 mars dernier. M. Marier soutient que « la CPTAQ dit que c’est recevable, sur réception d’une copie de projet de règlement adopté par le conseil de la municipalité locale de Cookshire et dont l’objet serait de rendre la demande conforme au règlement de zonage. Alors, si le règlement dit que nous on est conforme au règlement de zonage et qui font un règlement spécial pour que nous, on puisse faire notre culte, ici c’est fini, c’est bouclé. Il envoie ça à la CPTAQ et après ça, c’est la CPTAQ qui doit donner une réponse sur ce que la Ville a décidé. Lorsque ça vient des villes, c’est très rare que la CPTAQ dit non. C’est simple, là on dépense des centaines de milliers de dollars pour absolument rien. »

Ville
Du côté municipal, la mairesse de Cookshire-Eaton ne voit pas ça du même œil. Elle mentionne avoir rencontré dans son bureau, M. Marier, accompagnée de Suzette Kurtness, quelques jours après la séance du conseil municipal, tenue en mai dernier. « Il a présenté son dossier pour demander si la ville pouvait revenir sur sa décision. » Mme Lapointe, qui était membre de l’ancien conseil municipal, rappelle que « la Ville a tenté d’en arriver à des règlements avec le groupe, sans succès. Nous, on a essayé d’avoir des règlements, mais ils n’ont pas voulu. On peut pu rien faire, c’est du côté de la CPTAQ, c’est eux qui ont ça entre les mains. Quand c’est rendu là, c’est qu’on est rendu loin. Nous, on a essayé à la Ville, pis on a dit, on va mettre ça dans les mains de la CPTAQ. Là sont rendus en cour. Nous, la Ville, on attend la décision. »

Le directeur général de la municipalité, Martin Tremblay, mentionne que le cadastre est zoné vert, mais que « la CPTAQ a donné une autorisation pour faire un usage récréotouristique sur 20 hectares. Le problème, c’est que eux, c’est pas du récréotouristique, c’est des gens qui vivent là à l’année. Le récréotouristique, c’est plus de la location de chalet, de motel. Le hic, c’est l’usage qu’ils en font, c’est non conforme ni au zonage ni à la CPTAQ. C’est du culte et du résidentiel. » Pour ce qui est des 80 hectares restants, M. Tremblay précise qu’aucune construction n’y est autorisée.
M. Marier considère que les membres de l’église sont de bons citoyens corporatifs et que la communauté, notamment les commerçants, souffre de cette situation. « Faut dire que 80 % des revenus que nous faisons sont remis à la communauté surtout Cookshire. On faisait avant des investissements de près de 1 M$ ici, qu’on fait pu parce qu’on est bloqué. Il y a une maison qui n’est même pas finie là-bas. On peut pas y toucher, on ne peut pas rien faire, on est bloqué partout », complète-t-il.

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