Apollo de l’Étoile : Dévoilement de l’image de marque

Nous retrouvons au centre le préfet Robert Roy, à l’arrière de gauche à droite, Richard Tanguay, président du comité OSE le Haut et Dominic Provost, directeur général de la MRC et du CLD, lors du lancement de l’image de marque.

Le Haut-Saint-François compte sur un nouvel ambassadeur pour faire la promotion du territoire. Apollo de l’Étoile sera aidé des membres de sa famille et amis. À travers ses aventures, le jeune homme du genre, bande dessinée, fera connaître les gens du milieu, les projets, les valeurs et les événements qui animent le territoire.

Le lancement de cette image de marque à travers les personnages est le fruit d’une longue réflexion. La démarche, explique Dominic Provost, directeur général de la MRC et du CLD, remonte à 2014 lors d’une grande rencontre à laquelle participaient toutes les municipalités et les organismes du territoire. L’exercice s’est transformé au fil des années en démarche globale intégrée de développement.

Tout le processus débouche sur une vaste campagne de rétention et d’attraction s’adressant entre autres aux personnes de 45 ans et moins à l’ensemble du Québec. Les personnages, précise Richard Tanguay, président du comité OSE le Haut, ont leur propre histoire sous fond de ciel étoilé, d’astronomie et de complexité de la vie d’une famille du Haut-Saint-François. Ils véhiculeront les cinq valeurs définissant le Haut-Saint-François soit l’audace, la solidarité, la préservation, l’égalité et l’apprentissage. Tout cela s’articule à l’intérieur de huit changements identifiés qui sont déjà en voie de transformation ou en devenir. Il s’agit de développer le goût d’apprendre et d’entreprendre, augmenter la scolarisation et les compétences, augmenter la population active et sa qualification, avoir une culture d’égalité homme femme, avoir une culture de solidarité forte, avoir une vision d’avenir partagée et rassembleuse, avoir une croissance démographique dans l’Est du territoire tout en réduisant l’âge médian pour l’ensemble de ce secteur.

Il est également possible de suivre l’histoire d’Apollo et découvrir le Haut-Saint-François en visitant le site web Oselehaut.ca. « Dans le Haut-Saint-François, nous aimons toujours faire preuve d’audace et d’innovation et c’est exactement ce que nous avons fait », de compléter le préfet, Robert Roy.

Jonatan Audet redonne vie au Town Hall à Gould

En raison de la disposition de ses boiseries, la salle de spectacle offre une acoustique tout à fait exceptionnelle et M. Audet invite les artistes à vivre cette expérience.

Même si l’idée semble un peu «flyée», Jonatan Audet a les pieds bien sur terre. Il sait très bien que l’acquisition du bâtiment centenaire le Town Hall à Gould, dans le Canton de Lingwick, ne se transformera pas en pont d’or. Cela nécessitera des investissements et une bonne dose d’amour. Mais pour lui, il était important de saisir l’opportunité, faire revivre l’édifice. « Je veux le rendre accessible pour moi, mes proches et le public », exprime-t-il avec un brin d’émotion.


Ce lingwickois d’adoption, depuis 1999, vibre littéralement lorsqu’il parle du bâtiment. Il en a fait l’acquisition le 2 septembre 2018, jour de naissance de son père, maintenant décédé. Cela représente une symbolique importante pour le jeune père de famille. Le Town Hall a une vie, une âme perceptible.


Érigé au début du siècle, le bâtiment a servi d’hôtel de ville, de salle paroissiale, de lieu de mariage, de soirées dansantes. Plusieurs doyens de la municipalité ont vu leur couple se former dans l’une de ces soirées. L’édifice a même accueilli une loge de francs-maçons avant d’être vendu à des intérêts privés.


« Il y a de l’énergie ici, tout le monde le sent. Quand on ouvre la porte, nos yeux vont partout, on pousse un soupir de soulagement en entrant ici. On est envahi par un bien-être hors du commun, par la beauté de la place et l’énergie qui l’habite, c’est du positif. On sent qu’il y a du vécu. On sent que l’âme est bonne, qu’on se promène partout, peu importe l’étage sur lequel on est, on sent qu’il s’est passé des événements heureux, qu’il y a eu une communion vraiment à chaque étage. On voit que ça été fait pour accueillir du monde, on le sent. » Pour M. Audet, le bâtiment n’est pas qu’un édifice comprenant un rez-de-chaussée, un premier et second étage, c’est quelque chose de vivant, de tangible. Le coup d’œil est différent à chaque palier. Au rez-de-chaussée apparaît une salle avec deux grandes tables en parallèle, traversées de piliers rejoignant le plafond composé de tôle embossée. Le tout donne accès à la cuisine où trône majestueusement un énorme poêle à bois cuisinière double. M. Audet l’avoue, le poêle à lui seul constitue un centre d’attraction à couper le souffle. Au premier étage s’ouvre une salle de spectacle avec une scène. La disposition de la boiserie offre une acoustique unique prisée par les musiciens. Le deuxième étage, avec de grandes fenêtres donnant sur le pré à l’arrière, offre une luminosité incroyable, inondant la pièce. Cet espace qui accueillait autrefois les francs-maçons peut servir de dortoir pour des artistes qui seraient en résidence, de laisser tomber M. Audet.


Ce dernier a eu l’occasion de visiter à quelques reprises le bâtiment. Il lançait aux propriétaires de l’époque « si vous songez à vendre un jour, faites-moi signe. » Avec le recul, il avoue qu’il n’aurait probablement pas été en mesure d’en faire l’acquisition à cette époque. Toutefois, près de 15 ans plus tard, le signe qu’il n’attendait plus s’est présenté par courriel. Les astres étaient alignés et M. Audet a sauté à pieds joints. « Dans ma tête, fallait que je mette toute l’énergie. Fallait que je fasse tout ce qu’il faut pour y arriver et si je n’y arrive pas, au moins, j’aurai essayé. Ne pas avoir essayé, j’aurais eu des remords, des regrets. » Il avoue avoir eu des moments de questionnements et d’en avoir discuté avec sa conjointe. « Je me disais, je suis-tu fou de vouloir acheter ça ? C’est un puits sans fond, ça demande du temps, de l’énergie. Dans quoi je m’embarque. Finalement, ma conclusion ça été de me dire si je ne l’essaie pas, si je vais jusqu’au bout de cette idée-là, ce rêve-là, il va y avoir quelque chose qui va me manquer dans ma vie. Je vais être passé à côté de quelque chose pis je vais trouver que j’ai été peureux ou manqué de courage. Je me serais tout le temps demandé à côté de quoi je suis passé. »


Vocation
Pour l’instant, M. Audet a une vague idée de la vocation qu’il souhaite donner au bâtiment. « À court terme, c’est de vraiment laisser aller les choses, organiser des événements culturels avec le Centre Oscar-Dhu et autres organismes de la municipalité. En fait, je prête la place aux organismes. Je peux voir c’est quoi les besoins. » À moyen terme, le propriétaire aimerait que le Town Hall soit ouvert tout l’été et à plus long terme toute l’année. M. Audet se dit ouvert aux suggestions et à la collaboration. « Moi, je ne suis pas un tenancier de bar, mais si quelqu’un m’approchait pour dire : on ouvre tu un bar, ça pourrait peut-être m’intéresser de déléguer. » Lui-même artiste, le propriétaire aimerait offrir un lieu de création où les artistes pourraient habiter le temps de faire leurs choses et pourquoi pas clôturer leur passage par un spectacle ?


Le propriétaire se donne encore du temps pour définir la vocation du bâtiment. « Je ne suis pas pressé et je ne suis pas prêt. Il faut que je trouve la façon de faire qui va concilier les étages. Comment concilier l’aménagement de l’espace pour produire tout ce qu’on peut produire ? C’est quoi le meilleur scénario ? » À ce chapitre, M. Audet avance comme hypothèse la création d’un OSBL qui pourrait être maître d’œuvre des activités. Dans la foulée, il mentionne être à la recherche de partenaires, pas nécessairement financiers, mais « des gens qui sont prêts à mettre du temps, du jus de bras. »


Heureux de son acquisition, M. Audet est d’autant plus fier qu’elle s’ajoute à l’offre touristique de Gould notamment avec le Gîte Au Coeur du Hameau et la Ruée vers Gould.

Travailleuse de rang – Une ressource nécessaire

Selon les experts, la moitié des producteurs agricoles vivent un fort niveau de détresse psychologique, comparativement 1 sur 5 dans la population québécoise en général. Pour contrer cette situation, l’UPA-Estrie avec différents partenaires a procédé à l’embauche d’une travailleuse de rang, Caroline Poulin.

En poste depuis quelques semaines et originaire de l’Estrie, Mme Poulin connait bien le milieu agricole. Détentrice d’un baccalauréat en travail social, elle a œuvré pendant 13 ans dans le réseau de la santé et des services sociaux en plus de posséder l’expérience du secteur communautaire. L’intervenante a travaillé sur l’ensemble du territoire estrien, dont celui du Haut-Saint-François. « J’ai couvert tout le territoire de l’Estrie à travers ma pratique durant les 13 dernières années, je connais bien le milieu », d’exprimer la travailleuse de rang.

Mme Poulin sera intervenante psychosociale en milieu agricole. Son rôle consiste à faciliter la prise de conscience et l’identification des problématiques vécues par les agriculteurs et leur famille. Par son intervention, elle contribuera à réduire les risques d’apparition de problèmes tels que l’isolement, la dépression, la toxicomanie et la violence. Elle pourra également apporter un soutien particulier lors des étapes charnières de l’entrepreneuriat agricole, comme le démarrage, les grands changements vécus dans l’entreprise, la réflexion menant à un transfert de ferme ou à la fin de carrière de producteur agricole. « Le rôle du travailleur de rang, explique Mme Poulin, est d’aider le producteur à trouver les ressources dont il a besoin, que ce soit dans le réseau communautaire, dans le réseau public de la santé ou encore auprès de services privés. » Mme Poulin embrasse sa nouvelle carrière avec enthousiasme. « Moi, je suis une intervenante de terrain. J’aime ça sortir des bureaux, aller rencontrer les gens. Ça colle aussi beaucoup à mes valeurs personnelles de ce que je connais, dans ce que j’ai grandi. J’étais rendue là. J’avais envie d’un changement. »

La nouvelle travailleuse de rang reconnait que le premier défi sera de se faire connaitre des producteurs. « Pour ça, je vais participer aux différents comités qui peuvent avoir lieu, que ce soit les syndicats de l’UPA, que ce soit les GMF, les organisateurs communautaires dans les CLSC. Aussi, je prévois prendre ma voiture et aller me promener dans les rangs en campagne, aller me présenter aux producteurs, offrir mes services s’ils en ont besoin. Suite à ça, quand on aura des demandes, des appels, mon travail sera de me déplacer, de les rencontrer, de déterminer c’est quoi les besoins, ce que je peux faire pour aider et au besoin, les référer vers d’autres professionnels. » Mme Poulin ajoute que son type d’intervention sera individuel ou familial, dépendamment des problématiques. Quant à l’horaire de travail, la travailleuse de rang mentionne « en principe, c’est quatre jours semaine, mais je suis bien consciente que ça va aller selon l’horaire des producteurs. Je vais m’adapter. » Du même souffle, celle qui dépendra de l’organisme Au Cœur des familles agricoles (ACFA) mentionne qu’une ligne 24/7 est disponible pour les producteurs qui en sentiraient le besoin.

Haut-Saint-François
Les producteurs du Haut-Saint-François auront un accès gratuit au service. Heureux de cette nouvelle ressource, Henri Lemelin, président du Syndicat local de l’UPA du Haut-Saint-François, mentionne que la situation chez les producteurs d’ici « n’est pas pire qu’ailleurs. » Il ajoute que les producteurs à l’ensemble de l’Estrie traversent la même chose. « Nos producteurs vivent une insécurité au niveau économique. Depuis des années et des années, on dit que les quotas vont disparaitre. Le jeune quand il rencontre son banquier et qu’il lui demande : ça va tu durer ces gestions de l’offre là ? Pis là, on vient d’avoir la preuve que c’est pas si durable que ça. Avec tout ce qui se passe, les producteurs vivent un stress grandissant au niveau socio-économique. »
« Le problème qu’on a avec les producteurs, les productrices, c’est qu’ils sont isolés. Souvent, tu vas travailler en usine, tu vas ventiler en discutant avec un collègue de travail. Nous, sur le terrain, les voisins sont loin des fois. Les producteurs sont fiers, sont orgueilleux. Ils veulent pas trop en parler non plus. C’est pas facile de rentrer chez soi le soir et de ne pas penser aux problèmes du travail quand tu demeures dans le même environnement 24/24. L’isolement fait en sorte que ça devient de plus en plus important d’avoir quelqu’un sur le terrain », d’exprimer Lynne Martel-Bégin, productrice dans le Haut-Saint-François et vice-présidente de l’UPA-Estrie. Pour cette dernière et M. Lemelin, le fait que l’intervenante soit de l’extérieur et qualifiée, ça sera plus facile pour le producteur de se confier. « Le producteur qui va sentir un climat de confiance va se laisser aller », d’exprimer Mme Martel-Bégin tout en ajoutant avoir déjà rencontré un producteur en détresse alors qu’elle se sentait désarmée devant pareille situation.

« On cherchait le moyen pour qu’ici en Estrie, il y ait une travailleuse de rang. On s’est mis à la tâche avec les MRC, autres partenaires, pour trouver le financement pour les trois prochaines années », d’exprimer M. François Bourassa, président de l’UPA-Estrie. D’ailleurs, la récente activité-bénéfice Bières et fromages, tenue récemment au Centre de foires à Sherbrooke, a récolté plus de 25 000 $ permettant d’obtenir le financement nécessaire de 215 000 $ sur trois ans. Évidemment satisfait, M. Bourassa précise « dans un monde idéal, on devrait pas avoir besoin d’une travailleuse de rang. Moi, je souhaite que la situation économique soit bonne. »

La travailleuse de rang relève de l’organisme Au cœur des familles agricoles (ACFA) qui apporte la formation, l’administration et la gestion. L’OBNL, explique le directeur général, René Beauregard, existe depuis 2003. Il a pour objectif d’aider les agriculteurs. L’ACFA, ajoute-t-il, se positionne comme aide et référence en milieu agricole et fournit un soutien qui varie selon l’urgence de la demande. L’organisme vise à créer des conditions propices à une meilleure qualité de vie pour les agriculteurs. Il est axé sur la cellule familiale. Présentement, l’ACFA compte 5 travailleurs de rang sous son aile et travaille avec deux autres en partenariat.

M. Beauregard mentionne que plus de 60 % de la clientèle sont des hommes et 70 % des interventions sont menées auprès des producteurs laitiers. Selon ce dernier, les problèmes rencontrés sont multifactoriels, mais ceux d’ordre financier constituent la goutte qui fait ressortir tous les problèmes refoulés. « Le producteur, il va demander de l’aide quand il est rendu au bout. Rendu là, il faut lui donner toute l’aide possible », de conclure M. Beauregard.

Restaurant des Cantons à Weedon – Les propriétaires investissent 400 000 $

Satisfaits de la réponse et de la fidélité de sa clientèle, les propriétaires du Restaurant des Cantons situé sur la 2e Avenue à Weedon, Serge Roy et Johanne Lisée, ont tellement confiance en l’avenir qu’ils n’hésitent pas à investir 400 000 $ dans leur établissement, et ce, seulement deux ans après en avoir fait l’acquisition.

Ce qui devait être un petit projet de couple au départ, notamment pour le propriétaire du restaurant Le Dauphin à Sherbrooke, est en voie de prendre des proportions plus importantes. Les promoteurs ont complètement démoli l’ancien restaurant, conservant qu’une partie de plancher et la terrasse. Avec la nouvelle construction qui s’achève, l’établissement aura pratiquement doublé sa capacité d’accueil, passant de 40 à 80 places, plus une trentaine sur la terrasse. Le sympathique couple a confiance en sa clientèle et l’avenir de la municipalité. « En région ici, il y a quand même un bon bassin de population. Un bassin de 3 000 à Weedon, plus les petits villages autour. C’est un village qui est très touristique toutes les saisons. L’été, c’est les chalets, campings, motos, décapotables qui passent ici. Après ça, il y la chasse à l’automne et l’hiver la motoneige et les quadistes. Il n’y a pas de période pour dire où c’est vraiment plate. La route 112 passe ici et va encore passer ici pour des années. C’est une des raisons, la 112. Weedon, c’est une ville centre un petit peu. Les gens vont partir de Marbleton, de Lingwick pour faire des choses à Weedon. Il y a une belle dynamique ici. On regarde les commerces, il y a de belles entreprises, c’est dynamique », d’exprimer M. Roy sous le regard approbateur de sa conjointe, originaire de Weedon. Mme Lisée connait bien le restaurant pour avoir grandi devant.

M. Roy rappelle que l’acquisition du Restaurant des cantons est un projet de fin de carrière que sa femme et lui voulaient réaliser. Il précise qu’à Weedon « c’est elle la maître d’œuvre. Moi, je joue le second rôle. Quand on a acheté, on s’est dit on va voir ce qu’on fait, est-ce qu’on rénove, agrandi ou reste ça comme ça. Ça pas pris de temps, on s’est rendu compte que ça allait bien. On a pratiquement doublé le chiffre d’affaires la première année. » Pour y arriver, les propriétaires ont élargi les heures d’ouverture à sept jours semaine et aménagé une terrasse extérieure dès la première saison. Après ça, « on s’est dit on donne le coup, ça vaut la peine, il y a l’air d’avoir un bon marché. »

Philosophie
Pour les propriétaires, le restaurant n’est pas qu’une place d’affaires, au contraire, ça doit être un lieu de rendez-vous. « On est dans un village ; il faut avoir du plaisir avec ces gens-là. Ce qu’on veut, c’est que ce soit les employés, nous autres, les clients, on est là pour s’amuser. Il faut que ce soit agréable, convivial. C’est un lieu de rendez-vous. Les gens viennent prendre un café le matin, ça jase et reviennent le soir. Faut qu’ils soient comme chez eux. Pour l’employé, on veut qu’il s’informe de ses clients, savoir comment ça va, son nom. On veut créer un contact humain qu’on ne retrouve pas dans un gros restaurant. On aime que nos clients soient reconnus par nos serveuses. Les gens aiment ça. On veut que les gens se disent, on relaxe, on mange bien, c’est confortable et ça va être beau, on le souhaite, lancent-ils en riant. » Le couple désire que cette ambiance soit également ressentie par les nombreux clients de passage. M. Roy mentionne qu’il est étonnant de voir ce que la route 112 peut apporter comme clientèle. « Durant la dernière année, j’ai compté 14 nationalités différentes. Les clients qui débarquent à Montréal, c’est pas Montréal qu’ils veulent voir, c’est les petits villages, les petites routes. » À titre d’exemple, il mentionne des clients provenant de Toronto, de l’Allemagne, la France, l’Égypte, la Chine, la Belgique et autres.

Projet
Interrogé à savoir si l’arrivée de l’entreprise MYM avait influencé leur prise de décision, M. Roy est catégorique « absolument pas. Quand on a acheté le restaurant, on savait pas que le projet existait. Qu’il soit là ou non, on faisait le projet pareil. » À la question, pourquoi investir 400 000 $ « On veut faire un endroit agréable et tant qu’à faire, on l’a pas fait à moitié. Donc, on a reconstruit de A à Z. On a gardé juste le sous-sol et la moitié de la fondation. Le reste tout est neuf. Je pense que la clientèle de Weedon et des environs mérite bien une place comme ça ici. On veut que les gens soient fiers de venir chez nous. On voulait faire quelque chose de beau », d’exprimer avec fierté M. Roy.

Le nouveau restaurant aura une salle à manger de 80 places permettant de recevoir des groupes. Évidemment, tout le mobilier sera changé. « On veut que ce soit confortable. On va avoir plusieurs banquettes, c’est très recherché. » Par ailleurs, la clientèle qui appréciait prendre leur café ou déjeuner au comptoir en échangeant avec les autres pourra continuer à le faire puisque les propriétaires aménageront un comptoir pouvant accueillir 11 personnes. Parmi les améliorations qui seront apportées, M. Roy admet que cela puisse sembler négligeable pour certains, mais un vestibule sera aménagé afin de permettre aux motoneigistes, entre autres, de déposer leur casque et effets. « Je fais de la motoneige et je sais ce que ça peut représenter », d’exprimer M. Roy. Quant au menu, il semble déjà très apprécié alors les propriétaires n’y feront aucune modification pour l’instant, peut-être plus tard. Mme Lisée souligne l’excellence et la variété du menu. « Une personne peut manger un filet de saumon et l’autre en face une poutine », précise-t-elle. Toutefois, une nouveauté s’ajoutera puisque les propriétaires songent à instaurer un service de livraison à court terme.

Phase II
Les propriétaires sont tout feu tout flamme puisqu’ils songent déjà à une phase II. Elle consiste à faire la construction d’une auberge de six à 12 chambres. Le bâtiment sera annexé au restaurant. Ils songent à offrir un lieu d’accueil pour les travailleurs temporaires qui viendront à Weedon ou notamment les quadistes et motoneigistes. « Ils pourront prendre leur douche et traverser au restaurant, en pied de bas » de lancer en riant M. Roy. Le projet, si tout va bien, pourrait s’amorcer à l’automne 2019.

Le couple nourrit de beaux projets à Weedon. Leur objectif est d’être utiles à la collectivité en offrant de nouveaux services de qualité ainsi qu’un endroit accueillant et chaleureux.

Protéger la nuit une conférence à la fois

En devenant la première à être certifiée par l’International Dark-Sky Association, la Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic (RICEMM) a développé une expertise enviable au cours de ses onze années d’existence. C’est ce bagage de connaissances auquel ont fait appel deux conférences internationales portant sur le ciel étoilé et l’éclairage artificiel. La première, au Maroc, vient de se terminer, alors que la seconde débutera dans quelques jours à Salt Lake City aux États-Unis. Deux représentants de notre Réserve locale s’y rendront pour prendre la parole.

Sébastien Giguère, le coordonnateur scientifique de l’ASTROLab du parc national du Mont-Mégantic, reconnait que la Réserve jouit d’une réputation enviable. « D’abord parce que c’est la première, ensuite parce qu’il y a un maillage très grand avec la région et les municipalités. La réputation de la Réserve est aussi à cause du leadership exercé en termes de conversion d’éclairage, de réglementation, de sensibilisation. »

Salt Lake City, É.-U.
Sa présentation lors de la 5e Conférence internationale sur l’éclairage artificiel de nuit portera d’ailleurs sur les liens qu’entretient la Réserve avec la communauté. « Sans l’appui massif de la région, des citoyens, des élus, des professionnels et des commerçants, on n’aurait pas pu la faire [la RICEMM] puis on aurait de la misère à assurer sa pérennité. C’est jamais acquis. On est toujours en train de travailler là-dessus évidemment. »
Deux jours plus tard, le 14 novembre, son collègue Rémi Boucher, coordonnateur scientifique de la RICEMM, présentera l’évolution du ciel étoilé au-dessus de la Réserve. Il s’agira plus précisément d’un bilan des mesures d’évolution de la pollution lumineuse.

Les conclusions sont très satisfaisantes. « La Réserve est en bonne santé », se réjouit M. Boucher. « Ce qui prouve que les mesures mises en place, ça marche. Malgré l’augmentation de la population [environ 9 % sur 10 ans], on réussit à garder un très, très beau ciel au mont Mégantic. »

Pour tous les gouts
Sébastien Giguère trouve intéressant le côté multidisciplinaire de la conférence en sol états-unien. « C’est très intéressant parce qu’il y a des gens de tous les milieux. C’est pas juste des astronomes puis des physiciens qui mesurent le ciel étoilé. Il y a des gens en écologie, des médecins, des urbanistes, des ingénieurs qui vont être là. Ça permet de mettre en lien tous ces gens-là ensemble, puis de mettre en commun les connaissances. »
Cette diversité dans la représentation des disciplines démontre bien l’ampleur qu’a prise la problématique de l’éclairage artificiel extérieur. « Depuis les années 2000, il y a vraiment eu une prise de conscience que les impacts de la pollution lumineuse étaient beaucoup plus larges que la disparition du ciel étoilé. »

« Ça reflète un peu le processus que, nous-mêmes, on a suivi », poursuit M. Giguère. « Au début, l’objectif de la Réserve était de protéger la viabilité scientifique de l’Observatoire. Et ça reste évidemment l’objectif central. Je dis des fois qu’on est passé de protéger l’Observatoire et les étoiles à protéger la nuit de façon plus large. »

Marrakech, Maroc
C’est également le constat que souhaitait partager Rémi Boucher lors des conférences qu’il a prononcées à l’Atelier international sur la pollution lumineuse qui s’est tenu fin octobre à Marrakech. « Des fois, les astronomes ont tendance à penser juste à leur observatoire et à leurs observations. Je voulais agrandir ça comme perspective. »

Le Maroc souhaite instaurer la première réserve de ciel étoilé en Afrique du Nord et celle qui deviendrait la plus grande. À l’heure actuelle, c’est celle du Mont-Mégantic qui est la plus vaste avec un rayon de 50 km.

« Je dirais que la contribution de notre Réserve, c’est de leur donner des outils puis un peu une idée dans quoi ils s’embarquent et de quelle manière ils devraient s’embarquer là-dedans aussi », poursuit M. Boucher. Dans le cadre de ce symposium, la RICEMM était invitée à titre de présentatrice principale et M. Boucher a donné deux conférences.

Autant pour l’événement passé que celui à venir, Sébastien Giguère voit ces occasions d’un bon œil. « Ça va nous permettre d’entretenir notre leadership puis de partager notre expérience autant en termes de mesure qu’en termes sociopolitiques. »

Bien qu’ayant une longueur d’avance dans le domaine, la Réserve ne se contente pas que de livrer son savoir. Elle effectue un échange avec de l’expertise extérieure. « Nous, on va chercher beaucoup de choses quand même », admet M. Giguère. « C’est toujours plaisant de rencontrer des gens sur d’autres projets dans le monde. C’est nourrissant pour nous aussi. »

Internet haute vitesse – Branché partout peut-être d’ici 2023

Il en a été largement question au cours de la dernière campagne électorale, le branchement Internet haute vitesse (IHV) à l’ensemble du Québec, particulièrement en milieu rural, semble important aux yeux du gouvernement du Québec. Il en est de même pour celui du Canada.
Dans notre cour, l’OBNL Communication Haut-Saint-François avec la collaboration de la MRC travaille activement depuis plusieurs mois à élaborer une desserte en fibre optique pour l’ensemble du territoire. Le projet d’envergure pourrait nécessiter un investissement variant entre 20 et 30 M$. Le président de l’organisme et maire de Weedon, Richard Tanguay, admet « c’est très gros comme projet », mais ajoute du même souffle que c’est réalisable. « Oui, j’y crois. Il y a des régions qui y ont rêvé et sont en train de le mettre en place. Pourquoi on serait pas capable ? »

Pour y arriver, M. Tanguay compte sur les programmes de subventions existants et les prochains qui devraient être annoncés par les deux paliers de gouvernements. « L’objectif est d’aller chercher le maximum de subvention et que le reste du projet s’autofinance. » Le président de l’organisme croit qu’il est possible d’obtenir des subventions pouvant couvrir de 75 % à 80 % des couts. « Le gouvernement fédéral et le provincial devraient sortir de nouveaux appels de projets. » Pour le reste, M. Tanguay croit que l’OBNL pourrait contracter un emprunt qui s’autofinancera à partir des abonnements.

Projet
Danielle Jean, conseillère en communication et gestion de projets au CLD du HSF, mentionne que le but premier est de desservir les zones mal ou non desservies sur le territoire. Pour y arriver, l’organisme favoriserait « un projet de fibre optique connecté à la maison parce que c’est quelque chose qui va garantir que les gens vont avoir un service de qualité avec une bonne performance. » Le service de téléphonie fait également partie du décor, laisse-t-elle entendre.

Mme Jean admet que le branchement par fibre optique est l’option favorisée, mais pour déterminer s’il est possible de se l’offrir, l’organisme aura des devoirs à faire et des demandes de financement à déposer dans divers programmes.

Étapes
Il y a plusieurs étapes à franchir avant d’avoir la coupe aux lèvres. D’abord, explique Mme Jean, il faudra faire une étude préliminaire. Cette première étape sera confiée à une firme spécialisée. Présentement, l’ensemble du territoire est desservi de trois façons différentes, soit un réseau intermunicipal de fibres optiques, de quatre réseaux FTTH et de 22 tours de transmission wi-fi. La firme, retenue, devra dresser le portrait de la desserte actuelle, les forces, les faiblesses, les zones mal ou pas desservies. « C’est là qu’on va en profiter pour déterminer où la téléphonie cellulaire ne se rend pas », précise Mme Jean. À cela s’ajouteront les secteurs à desservir et un plan d’affaires. Lors de son évaluation, les professionnels auront à déterminer s’il est possible de mettre à profit le réseau de fibre intermunicipale. « On va demander si les brins disponibles sont capables de prendre le trafic qu’on va lui demander et si on peut le connecter. On a besoin d’avoir quelque chose capable de se connecter partout », d’ajouter Mme Jean. L’étude devra permettre également de déterminer le coût et « si c’est trop coûteux apporter la fibre, est-ce qu’on peut amener une technologie alternative ? L’étude préliminaire va nous dessiner ça plus clairement », exprime-t-elle.

Pour réaliser cette étude, l’organisme prévoit un montant de 125 000 $. Une demande d’aide financière de 100 000 $ est déjà déposée auprès du Fonds d’appui au rayonnement des régions (FARR) alors que les municipalités contribuent également à la hauteur de 25 000 $ par le biais du Fonds de développement local et régional (FDLR). Au moment d’écrire ces lignes, les intervenants attendaient une réponse du FARR. M. Tanguay se montre confiant d’obtenir une réponse positive et assure que le projet est prêt à aller de l’avant.

La seconde étape sera de réaliser une étude d’ingénierie préliminaire. Le consultant devra préparer les devis pour l’ingénierie détaillée et l’installation selon le scénario retenu. Mme Jean précise que le tout devra être conforme aux exigences des critères d’admissibilité des divers programmes de subventions fédéraux et provinciaux. Le montant de 125 000 $ devrait couvrir ces études préliminaires avec la préparation des cahiers de charge pour les subventions et l’appel d’intention en vue de conclure un partenariat avec des fournisseurs d’IHV pour les différents services et/ou pour l’entretien du réseau. Mentionnons que la Ville de East Angus est déjà desservie en IHV, elle ne fera donc pas partie de la desserte prévue.

M. Tanguay assure que l’organisme Communication Haut-Saint-François vise à implanter un service efficace à cout abordable pour les citoyens. Ce dernier souhaite que la réalisation du projet soit complétée à moyen terme, c’est-à-dire dans une fourchette de trois à cinq ans.

Deux femmes qui brassent affaires et bières

L’ouverture de la Brasserie rurale 11 comtés et du restaurant Le Cuisinier déchainé sur un même site a créé une petite révolution à Cookshire-Eaton et dans la région, l’été dernier. Derrière les deux établissements se trouvent deux femmes en or qui n’ont pas peur de porter plusieurs chapeaux simultanément.

Copines d’école
Emilie Fontaine et Julie Myre-Bisaillon se sont rencontrées à l’Université de Sherbrooke lorsque la première est venue cogner à la porte de la seconde afin de dénicher une directrice d’essai pour sa maitrise en éducation. « Ça a cliqué. J’ai embarqué dans ses projets de recherche », se remémore Mme Fontaine. Suite à la maitrise, la professeure Myre-Bisaillon encourage l’étudiante à poursuivre au doctorat.

Les deux femmes se lient entretemps d’amitié, autant pendant des congrès outre-mer dans le domaine de l’éducation que lors de festivals de bière. C’est qu’Emilie Fontaine a commencé à s’impliquer dans un nouvel estaminet qui vient de voir le jour à Sherbrooke : le Boquébière. Julie Myre-Bisaillon ne lui en tient pas rigueur : « Ça forme des liens qu’on n’oubliera jamais, les festivals de bière. »

Mme Fontaine ne fait pas officiellement partie de l’équipe du Boq (pour les intimes). C’est plutôt son conjoint Sébastien Authier, l’un des fondateurs, qui l’amène à s’intéresser au domaine. « J’étais la femme derrière l’homme. Un moment donné, je me suis rendu compte que j’avais des conseils puis des prises de décision qu’eux n’avaient pas. L’idée d’avoir ma propre microbrasserie est embarquée là-dedans. »

Originaire de Weedon et ayant grandi sur la ferme laitière familiale, Emilie Fontaine avait le Haut-Saint-François tatoué sur le cœur. Revenir y établir une entreprise était pour elle une priorité. Dès 2013, elle se met à travailler sur le plan d’affaires de la future brasserie rurale. Avec ses quatre jeunes enfants, Mme Fontaine abandonne le doctorat, mais poursuit ses charges de cours à la faculté.

Un foodtruck immobile
« Quand ils ont dit “On installe la micro à Cookshire”, on disait “Ça prend une place pour manger” », se remémore Julie Myre-Bisaillon. Celle-ci a rencontré son conjoint, Yannick Côté, par l’intermédiaire d’une amie d’Emilie… au Boquébière. Vivant au départ à proximité de son travail de professeure titulaire à l’Université de Sherbrooke, Mme Myre-Bisaillon a fait le saut en région en allant s’établir sur la ferme du Jardinier déchainé, près de l’ancien hameau d’Eaton Corner.

« Dans nos projets, c’était vraiment plus tard, moi puis Yannick, l’idée d’un bistro ou d’une cuisine déchainée », voire à la retraite, confie Mme Myre-Bisaillon. Néanmoins, les deux couples Myre-Bisaillon-Côté et Fontaine-Authier affectionnent le même type de microbrasseries de la côte est américaine, souvent flanquées d’un foodtruck. « Ces endroits-là sont fréquentés par une clientèle très hétéroclite. Tout le monde est bienvenu », mentionne l’enseignante.

Après quelques discussions, le projet de double entreprise prend forme. « C’est parce que c’était des amis qu’on a embarqué là-dedans. On n’aurait pas pris de risques avec des gens qu’on ne connaît pas. On n’aurait pas fait ça avec personne d’autre qu’eux », précise Emilie Fontaine.

Si la microbrasserie s’annonce pour être l’aboutissement d’un travail de longue haleine parsemé d’embûches, le restaurant se fera en l’espace de quelques mois. « Ça a été tout un démarchage parce qu’il n’y a personne qui prête de l’argent pour ouvrir un resto », se remémore Julie Myre-Bisaillon. Finalement, la Financière agricole accepte de s’impliquer dans le projet à condition que le restaurant soit mobile, en cas de flop, d’où son allure de camion de rue.

Embarquer sur un train en mouvement
Le 28 juin 2018, l’ouverture de la brasserie rurale et de la table locale se concrétise. « La réponse a été bonne dès la première fin de semaine », relate Emilie Fontaine. « On a affiché complet presque tout l’été, les vendredis et samedis », s’étonne encore Julie Myre-Bisaillon. Celle-ci devait même souvent refuser des gens. « Et on n’a pas fait de publicité ! »

« Je suis pas une femme d’affaires à la base », poursuit Mme Myre-Bisaillon. « Quand on s’est lancé là-dedans, on s’attendait à ce que ce soit un petit projet. C’était supposé être un petit passe-temps tranquille, cette affaire-là ! » Le plan d’affaires de la copropriétaire et de son conjoint prévoyait de 50 à 60 repas par jour et 2 ou 3 employés à gérer. « Du jour au lendemain, on s’est retrouvé avec 12 employés ! Cet été, je suis devenue une femme d’affaires ! »

De son côté, Emilie Fontaine avoue ne pas avoir beaucoup dormi pendant la belle saison. « Mais chaque matin que je me suis levée pour venir ici, c’était du pur bonheur. Même si j’enchainais des 48 heures en quatre jours, c’était le cœur complètement léger versus d’autres emplois que j’ai pu occuper dans ma vie. »

Mme Fontaine savait dans quoi elle s’embarquait. « Mes habiletés de femme d’affaires ; tout vient de mon éducation à la ferme, d’avoir vu mes parents gérer des entreprises. » Ceux-ci ont fait figure de précurseurs dans le domaine laitier en étant parmi les premiers en Estrie à utiliser des robots de traite. « Mes parents ont toujours eu une vision, même s’ils ont fait rire d’eux à une certaine époque. Je leur dois tout. »

D’ici la seconde année d’activités du restaurant Le Cuisinier déchainé, Julie et Emilie avouent qu’elles s’ennuieront l’une de l’autre. La première se tiendra occupée avec son emploi à l’Université de Sherbrooke. Quant à la seconde, elle procédera à la mise en place de l’usine brassicole en vue de la mise en canettes et d’une distribution des produits 11 comtés à travers la province.

Elle est confiante face à l’avenir. « C’est trippant parce que c’est le début de quelque chose. On est à peine dans les premiers balbutiements de quelque chose d’extraordinaire. »

La Patrie s’unit pour combattre la mérule et sauver l’église

Depuis bientôt un an, un véritable chantier sévit autour de l’église St-Pierre de La Patrie. Un second souffle s’apprête à déferler sur l’édifice plus que centenaire avec l’aménagement du sous-sol. Il faut dire que la découverte du champignon de la mérule pleureuse, qui attaquait ce qui était auparavant un vide sanitaire, a précipité les choses.

Un champignon dans la maison du Seigneur
En décembre 2017, le gouvernement fédéral confirme l’octroi d’une subvention de 24 000 $ à la paroisse St-Joseph-des-Monts dans le cadre du programme Nouveaux Horizons pour les ainés (PNHA). À ce moment, l’idée est de commencer l’excavation du sous-sol pour éventuellement en faire une salle. On prévoit trois ou quatre ans pour échelonner les travaux et pour amasser l’argent nécessaire.

Mario Audet, le président du Conseil de gestion de l’église St-Pierre, décide alors de se rendre sur place pour prendre des mesures. « Je me suis dit : “Je vais aller voir où c’est que je commence.” »

L’imposante église n’est pas chauffée l’hiver depuis plusieurs années, sauf lors des occasions spéciales comme Noël et Pâques. Sous la nef de 600 places, on retrouve un vide sanitaire d’environ un mètre auquel on n’accède qu’une ou deux fois par année pour se rendre au réservoir à huile.
À cause de l’humidité, de l’absence de lumière et de la mauvaise circulation d’air, M. Audet y aperçoit des spores de mérule. « On pensait nous autres que c’était une catastrophe. Tout le monde avait le caquet bas. J’ai dit : “Je m’assiérai pas pour la regarder pourrir, ça c’est pas vrai !” »

3, 2, 1, action !
Rapidement, en compagnie de l’abbé Gilles Baril, le Conseil de gestion contacte des firmes spécialisées. Les experts insistent tous sur l’urgence d’agir, mais le cout de leurs services dépasse de beaucoup la capacité de la paroisse.
Mario Audet commence alors un processus qu’il répétera maintes fois au cours des mois suivants : appeler des bénévoles. Une première cohorte délimite la zone infectée et se débarrasser des matériaux touchés. « En deux jours, on a réglé le problème. Ça a couté zéro sou. Eux autres, ça aurait couté 40-45 000 $. »

En quelques mois, 140 voyages de camions 12 roues ont permis d’enlever jusqu’à 8 pieds de terre sous l’église. Trente-cinq piliers ont été renforcés et le système électrique refait. On est à construire une annexe du côté de la rue Chartier qui accueillera la future fournaise à la biomasse. Les tuyaux de celle-ci ont été coulés à même le nouveau plancher de béton qui aura couté 75 000 $, au lieu de 1 M$ prévu si les travaux avaient été exécutés par une compagnie de construction.

« On est loin du compte ! », se réjouit Mario Audet. Pour en arriver là, celui-ci a fait appel à quelque 50 bénévoles des environs qui se sont impliqués à un moment ou à un autre. Ceux-ci ont offert au total 1800 heures de travail non rémunéré. Certains, comme Gilles Langlois, 87 ans, sont présents à temps plein depuis des semaines.

Un legs pour le futur
La municipalité de La Patrie et la paroisse St-Joseph-des-Monts font des pieds et des mains pour amasser les fonds nécessaires à l’achat du prochain système de chauffage. Le Conseil de gestion ne se fera plus prendre et désire désormais chauffer l’église St-Pierre d’octobre à mai.
Une fois les travaux terminés, le nouveau sous-sol accueillera un marché aux puces. De nouvelles toilettes y seront aménagées pour recevoir le public qui viendrait assister à de possibles spectacles donnés à l’étage ou dans le nouvel espace souterrain.
Le président du Conseil ne s’en cache pas : « On veut aller chercher un revenu avec l’église, différent de la pastorale. On veut ramener les gens à l’église, mais pas de la même façon que, nous autres, on a été amené à l’église. »
On projette même de vendre les surfaces des piliers, ou colonnes, nouvellement déterrés à des familles locales qui pourraient y indiquer leur généalogie et leur historique.

La communauté de La Patrie peut se féliciter du travail accompli en près d’un an pour un projet qui était sensé de s’étaler sur plusieurs années. Mario Audet insiste sur la générosité des paroissiens qui se sont impliqués et ont mis les mains à la pâte. « C’est sérieux, mais il faut pas trop se prendre au sérieux. Quand on a fait ça, on a eu du plaisir. C’était pas une corvée. On a le droit de s’amuser ! »
On espère maintenant arriver à installer la nouvelle fournaise juste à temps pour célébrer Noël au chaud à l’église St-Pierre.

La polyculture pour des villages vivants

Une centaine de personnes sont attendues au colloque Ruralité et diversité culturelle au Centre culturel de Weedon, le 16 novembre prochain. L’événement, organisé par la Corporation de développement communautaire (CDC) du Haut-Saint-François, réunira une quinzaine de panélistes et de spécialistes.

Pareil, pas pareil
L’organisme avait tenu le colloque sur la diversité sexuelle et de genre en ruralité à l’automne 2016. Bien que le thème soit différent cette fois-ci, la formule demeure semblable. « Dans le fond, on pourrait les appeler la série des colloques ou des initiatives sur la diversité », résume Jinny Mailhot, la directrice générale. « Les deux colloques partent avec l’idée de démystifier. »

La Corporation de développement communautaire lutte contre la pauvreté et la marginalisation des gens. Le Haut-Saint-François étant un milieu rural, « on n’a pas les organismes régionaux qui sont spécifiques à ces enjeux-là » comparativement à une ville comme Sherbrooke, poursuit Mme Mailhot. « Nous, on s’est dit “On va travailler ces enjeux-là sous l’angle rural, mais pour notre monde avec notre monde.” »

Audace, solidarité, égalité
Suite au succès du premier colloque et avec la volonté du Collectif territorial du Haut-Saint-François, le processus d’un second événement s’est mis en branle. On s’est alors associé à la Fédération des communautés culturelles de l’Estrie (FCCE) pour cibler les intervenants du milieu pour ce qui sera en quelque sorte une première phase.

Les gens présents deviendront des multiplicateurs d’ouverture ou du moins des agents de transformation sociale. Y seront donnés des outils de communication interculturelle et des trucs pour améliorer ses pratiques d’intervention et d’accueil. « Plus on a de connaissances et d’information, plus on est ouvert », résume Jinny Mailhot.

Une journée chargée
La première partie de la journée permettra l’acquisition de connaissances. On y définira les différences entre réfugié, immigrant économique ou encore immigrant de réunification familiale. « Tout le reste du colloque sert à comprendre c’est quoi être un immigrant, c’est quoi être issu de la diversité culturelle. Donc, ça ouvre les esprits, ça rend humaine la personne qui vient s’établir à côté de chez nous. C’est l’idée de démystifier l’autre pour finalement l’appeler “nous” », poursuit la dirigeante de la CDC.

Le maire de Weedon, Richard Tanguay, et le directeur général de la FCCE, Boubacar Cissé, ouvriront la journée avec les mots de bienvenue. Juste avant la pause du diner, trois représentants des communautés culturelles de l’Estrie dresseront un portrait actuel.

« On va mettre du vrai sur une communauté très présente en Estrie », détaille Jinny Mailhot. « Ils vont venir nous présenter leur culture puis comment leur communauté est présente en Estrie. » Seront représentés à ce moment l’Amérique latine, l’Afrique centrale et le Moyen-Orient.
Après le repas, Daniel Audet, de l’auberge La Ruée vers Gould, retracera les vagues historiques d’immigration dans le Haut-Saint-François. La députée de Compton-Stanstead et ministre du Développement international, Marie-Claude Bibeau, fera une allocution vidéo en cours de journée. Aussi, une avocate spécialisée en immigration prendra la parole. « On va apprendre les détails de la vie économique et juridique d’un immigrant », détaille Mme Mailhot.

Encore homogène
Bien qu’on ne retrouve encore que très peu de minorités visibles sur le territoire du Haut-Saint-François, le nombre de personnes issues de l’immigration est plus important qu’on ne le croit. On peut inclure dans le lot les Belges et les Français. David Coquart, compositeur établi à Dudswell, fait partie de cette diaspora européenne établie ici. Il viendra agrémenter musicalement le coquetel dinatoire qui clôturera le colloque.

Juste auparavant, un panel de discussion réunira trois résidents locaux issus de la diversité culturelle. L’une d’eux sera Pélagie Kouamé, une entrepreneure de Lingwick. « Le but, c’est de célébrer l’ouverture de la MRC envers la diversité culturelle », conclut Jinny Mailhot.
Outre les intervenants du milieu visés par l’événement, des femmes et des hommes membres de directions, des conseils municipaux et d’organismes de développement ont confirmé leur présence. Même le public général est convié, après avoir confirmé sa présence à l’organisation. Les conférences et ateliers sont gratuits, alors que le repas du diner est offert au cout de 25 $.

Avoir à cœur la culture locale

Le Coeur villageois de Cookshire-Eaton existe depuis maintenant trois ans. L’été 2018 en a été un de tous les records pour le regroupement qui a multiplié les initiatives et les activités. Une forme de culture locale est en train d’y prendre racine. Comme l’indique Jean-Paul Gendron, qui siège sur le comité du Coeur villageois : « Cookshire, ça commence à être vivant ! »

« Il y a une masse critique composée d’éléments diversifiés qui, depuis trois ans, est en train de se constituer au plan culturel », poursuit celui qui est président de l’Agence de mise en valeur de la forêt privée de l’Estrie. « Il y a quatre, cinq ans, c’était peut-être dans le décor, mais moins évident. Là, ça commence à devenir beaucoup plus consistant, beaucoup plus connu. C’est plus lié. »

Des bâtiments intemporels
Le Coeur villageois constitue un segment d’environ 1 ½ km passant par les rues Pope et Principale et qui est situé entre la nouvelle Brasserie 11 comtés et la rue Castonguay, menant à la salle Guy-Veilleux. On y retrouve une concentration d’infrastructures culturelles (trois églises, la Maison de la culture John-Henry-Pope, le Victoria Hall, le parc des Braves) qui commencent toutes à prendre part à l’effervescence. Point non négligeable : « il y a pas de problème de stationnement pour les gens qui viennent voir ! », termine à la blague M. Gendron.

La Maison de la culture John-Henry-Pope, qui abrite la galerie d’art Cookshire-Eaton, a reçu plus de 1000 visiteurs à son comptoir touristique entre la Fête nationale et l’Action de grâce. Manon Elisabeth Carrier est plus que satisfaite de ces chiffres. « On n’a jamais cartonné autant que ça. À toutes les fins de semaine, il y avait du monde. »

Outre les visiteurs, la Maison de la culture a un rôle important à jouer auprès des résidents locaux dans le développement d’un sentiment d’appartenance. En plus des expositions qui s’alternent à la galerie d’art, le bâtiment patrimonial accueille les cours de Pilates de la municipalité, les pratiques de la chorale du Coeur villageois et les Colour Cafe de l’Association Townshippers.

L’église voisine St-Peter’s présente l’exposition John-Henry-Pope tandis que la Trinity United accueille régulièrement des concerts classiques entre ses murs. De l’autre côté de la rue, le Victoria Hall tient également son lot de réunions et de spectacles.

Un seul et même langage
St-Peter’s, Trinity, Victoria Hall ; ce sont là des témoins du passé anglophone de la région. Aujourd’hui, la communauté anglaise représente 15 % de la population du Haut-Saint-François. Si ses relations ont déjà été moins reluisantes avec les citoyens francophones, les choses vont pour le mieux aujourd’hui.

« On veut pas briser les liens de confiance. Ça a pris des années avoir ça », confie Manon Elisabeth Carrier. « Ils nous ont toujours ouvert la porte. Ce qu’ils nous disent, c’est : “Vu que vous êtes là, ça va garder nos affaires vivantes.” »

À ce sujet, l’exemple du Victoria Hall est particulièrement probant, alors que l’édifice n’était plus entretenu par la communauté, faute de moyens. Gilles Denis en a depuis fait l’acquisition. « La collaboration s’établit à un moment où c’est pas trop tard dans la détérioration des bâtiments », dit-il. « Là, on l’a entre nos mains. Je sais pas trop ce qu’on va faire avec ça, mais ça va être un bâtiment culturel, c’est sûr. »

Aller à la rencontre du Cœur
L’action du Coeur villageois continue de grossir et de prendre forme. Le retour de Loisirs Cookshire avec une programmation de spectacles à la salle Guy-Veilleux donnera un coup de pouce supplémentaire aux efforts des bénévoles pour dynamiser le secteur. Céline Blais, la présidente du comité du Coeur villageois, se réjouit du fait que les citoyens pourront de nouveau consommer la culture localement sans avoir besoin de s’exiler.
Mme Blais convie toute la population à la rencontre citoyenne de l’organisme le 13 novembre prochain, à 19 h, à la Maison de la culture John-Henry-Pope de Cookshire-Eaton. Un microdocumentaire sur le Coeur villageois, réalisé par Sébastien Croteau, sera présenté à ce moment.
Céline Blais considère le Coeur villageois comme un comité de réflexion qui a pour mission de développer le pôle attractif qu’est Cookshire-Eaton. Avec la dernière saison plus qu’encourageante, elle souhaite poursuivre les efforts pour embellir le secteur et l’animer. « Le meilleur s’en vient ! », conclut-elle.

Un cinéaste dans le Haut !

Les choses changent avec le temps, elles évoluent, les perceptions se transforment, de part et d’autre, ce qui était inintéressant devient magnifique, ce qui était impensable, il y a à peine dix ans, devient un terreau d’opportunité.

C’est dans cet état d’esprit que s’inscrit le cheminement professionnel du cinéaste Sébastien Croteau. Après plusieurs années passées à Montréal, l’homme dans la trentaine, originaire de Weedon, revient en région pour y réaliser son rêve : partir sa maison de production cinéma et vidéo. Depuis mai dernier, Les Productions de L’inconnu dans le noir a pignon sur rue à Cookshire-Eaton.

De retour de la grande ville, Sébastien a redécouvert son lieu d’origine. Il avait comme oublié comment c’était beau en région, comment les choses pouvaient être plus simples, en plus de découvrir les opportunités d’affaires.

Sébastien admet que son projet mijotait dans sa tête depuis plusieurs années déjà. Le moment déclencheur, pour ainsi dire, c’est passé dans le Haut-Saint-François. En arrêt de travail, le cinéaste a répondu à l’invitation de son ami Michel Vézina. Il lui offrait de passer l’hiver chez lui Le Buvard, à Gould, pour tenir le fort pendant que le poète faisait un saut en France.

Cette période s’est avérée bénéfique pour notre cinéaste qui, dit-il, en a profité pour faire une rétrospective de sa vie professionnelle. C’est l’hiver dernier à Gould que la lumière fut. « Ça m’a apparu comme une évidence. Après avoir contribué au succès d’autres artistes en participant à divers projets, j’en suis arrivé à la conclusion. J’ai le goût de générer du succès pour moi. C’est le temps que je parte ma maison de production à moi. Ça fait des années que j’y pense. » Pour l’artiste, Les Productions de l’inconnu dans le noir définissent bien son métier soit « la personne derrière la caméra, derrière le spotlight, la personne qui observe », explique-t-il.

Le cinéaste est convaincu que son entreprise a un avenir dans le Haut-Saint-François. « Il y a à peine 10 ans, cela aurait été impensable. Maintenant, c’est possible. L’hiver passé, j’étais en train de finir mon court métrage à Gould. Ma monteuse était à Toronto, on se parlait tous les jours. Mon preneur de son était à Rimouski. C’est possible en région. Tout ce que ça prend, c’est une bonne connexion internet. Ça aurait pas été plus facile à Montréal. Ça serait la même chose. » Sébastien voit plusieurs avantages et d’opportunités à s’installer en région. D’abord, explique-t-il, « les coûts de production sont moins chers ici, la qualité de vie est meilleure. Il y a pas d’offre cinématographique dans le Haut-Saint-François et très peu en Estrie. » Pour l’artiste, il s’agit d’une opportunité. Convaincu, Sébastien ajoute que certains organismes comme la SODEC et Téléfilm Canada, entre autres, disposent d’enveloppes budgétaires pour les régions éloignées. « Donc, moins de gens dans les régions éloignées qui appliquent. Statistiquement, ça donne plus de chance d’obtenir du financement », précise-t-il.

Déterminé, l’artiste a réussi à bien vendre son projet auprès des organismes susceptibles de l’aider à le réaliser. « Ici, on m’a écouté, on m’a appuyé. J’ai suivi la formation Lancement d’entreprise. J’ai eu l’aide du CLD et CLE pour un STA et un prêt de la SADC et du CLD. Je dois mentionner Gilles Denis, c’est lui qui m’a écrit pour me dire de venir ici. Il m’a mentoré. Je suis l’artiste en résidence pour l’année à la Maison de la culture John-Henry-Pope. J’ai accès à un local pour l’année gratuitement. C’est un genre de soutien important dans un démarrage. »

Production
Sébastien vient de produire un court documentaire pour le Centre des arts et de la scène Jean Besré de Sherbrooke, à l’occasion de leur 10e anniversaire. « Je suis en train de terminer un court métrage et j’espère le compléter en novembre. J’ai aussi fait des microdocumentaires corporatifs et des vidéos que j’appelle microdocumentaires. Je suis sur une création avec le Petit Théâtre de Sherbrooke. La première du spectacle est prévue en 2023. » Notre cinéaste travaille aussi avec le Théâtre du Double Signe sur une production intitulée Stalone qui sera présentée en février prochain.

Quant à son véritable objectif, il est clair. « Je veux d’abord et avant tout réaliser des films. Je suis un cinéaste. Je pense à une idée et tu portes un projet du début à la fin. Que ce soit l’étape de l’écriture, du financement, tournage, montage. Le but est de faire une boîte de production qui a du financement pour produire et faire des films à projeter en salle. » Sébastien ne se met aucune barrière, au contraire. « Avec ma boîte, j’aimerais attirer d’autres talents, d’autres réalisateurs, attirer des productions à venir dans le Haut-Saint-François. Je voudrais être un genre de régie du cinéma du Haut-Saint-François. Il y a un paquet de gens qui écrivent des films qui se passent en région. Ici, on a les ressources, du paysage en masse, du patrimoine et ça coûte moins cher. On peut les accueillir. Ç’a été fait ailleurs. Il y a plein de boîtes de production à l’extérieur de Montréal; pourquoi pas le Haut-Saint-François. »
Mine de rien, Sébastien a parcouru du chemin depuis l’âge de 8 ans où il empruntait la caméra VHS de son père pour filmer diverses scènes. Ou du moment qu’il assistait à toutes les représentations du Cochon Souriant à Gould pour finalement faire partie de la troupe. Il a également participé à la Course du Haut-Saint-François. Sa passion l’a conduit à l’Institut national d’images et de son à Montréal, ce qui lui a valu de remporter un concours lui donnant accès à un stage documentaire en Belgique. Sébastien a développé divers projets qui l’ont amené à faire des tournages en France, Italie et Haïti. Il a également collaboré avec le réalisateur Martin Laroche pour le long métrage Manège humain. L’expertise de notre artiste local est reconnue puisqu’il a fait des vidéos avec le célèbre auteur Dany Laferrière. Tout ça pour dire que Sébastien Croteau est loin d’être dénué d’expérience et qu’il entend s’en servir pour lui, pour les autres et pour le Haut-Saint-François.

Canton de Lingwick, la force d’une petite communauté

C’est dans l’adversité que l’on reconnait la valeur des gens. La petite municipalité de Lingwick et ses 464 résidants ont connu leurs moments difficiles au fil des années avec la fermeture de l’école du village, du guichet de la Caisse Desjardins, du restaurant Le Caroussel. Ce cumul a de quoi démoraliser une communauté. Au contraire, les gens du Canton de Lingwick affichent une fierté étonnante et s’impliquent tous ensemble à faire de leur village un endroit où il fait bon vivre.

La population par le biais de ses 14 organismes avec l’appui de la municipalité a littéralement changé le visage de Lingwick au cours des dernières années. Le dynamisme dont elle fait preuve, à multiplier les activités de toutes sortes, ne fait pas qu’attirer les regards, les visiteurs, mais aussi de nouveaux arrivants.

L’implication des citoyens est palpable. Le journal avait demandé au maire de l’époque, Marcel Langlois, de convoquer quelques représentants afin de mesurer l’ampleur de l’implication communautaire au sein de la municipalité. À la grande surprise, ils étaient une quinzaine représentant 14 organismes. C’est avec sourire et enthousiasme qu’ils attendaient le journaliste pour transmettre leur passion.

Rare municipalité, Lingwick a la particularité de compter essentiellement des Lingwickois. Parmi les personnes rencontrées, certains provenaient de la Beauce, Montréal, Bromptonville, Sherbrooke, Victoriaville, Lingwick et des Laurentides. Mais à la question d’où venez-vous ? Tous répondent de Lingwick. « Lingwick, c’est chez moi. Je sens que mes racines ici sont plus profondes que où je suis né », d’exprimer Marcel Langlois. « Quand je suis arrivé, j’ai vu que les gens mettent à contribution leur esprit d’entrepreneurship au profit de la municipalité », d’exprimer André Hains, originaire de la Beauce. Les étranges, comme on les appelait à l’époque, « sont arrivés et mis du dynamisme dans la municipalité », d’ajouter Hélène Rousseau, femme de Lingwick, pure laine. « Il y a plus de différence ici, on a besoin de bras », d’ajouter Manon Rousseau, membre de la communauté. Force de constater que les citoyens font confiance aux nouveaux arrivants et sont conscients de ce qu’ils peuvent apporter. Nelly Marais, nouvelle arrivante depuis 1 an et demi, occupait un siège de conseillère municipale et a été réélue par acclamation.

Installé depuis quelques années, Jonathan Audet fait partie de la jeune relève. Impliqué dans l’organisation de La nuit du pont couvert, il avoue avoir regardé du côté de Saint-Camille avant de s’établir à Lingwick. « Ici, c’est une municipalité très vivante. » Père de trois enfants, le jeune homme a contribué à attirer une dizaine de personnes avec enfants.

Les organismes à Lingwick génèrent une implication bénévole de près de la moitié de la population, soit 200 personnes au cours de l’année. Que ce soit la Fête nationale, le tournoi de baseball poches régional, le Bike Stop 108, La nuit du pont couvert, le souper des chasseurs, le concours de labour, le brunch paroissial de l’Action de grâce, le village de Noël sans oublier la coopérative Les artisans de Lingwick et le marché public avec son P’tit Pub.

Contrairement à certains préjugés envers les personnes retraitées, la Fadoq à Lingwick semble être la bougie d’allumage, la dynamo qui alimente tous les organismes. La Fadoq redistribue les profits qu’elle tire de ses activités aux autres et les membres se proposent pour donner un coup de main. Bien que chacun reste indépendant, un partage de biens, de ressources humaines et techniques fait en sorte que tous travaillent dans le même sens et sont interreliés dans le succès de leur projet respectif. À la question pourquoi tant de vitalité, les participants lancent à l’unisson « parce qu’on se sent soutenu par la municipalité. » Effectivement, la corporation municipale met gratuitement à la disposition des gens les locaux, équipements, espaces publics et autres.

Chacun met la main à la pâte. Au marché public, en saison, chaque semaine, un organisme différent s’occupe du P’tit Pub et les profits sont divisés parmi les organismes participants. Les gens répondent présents aux diverses activités. À titre d’exemple, une quinzaine de personnes ont travaillé pendant 1 mois et demi à refaire les sept kiosques pour le marché public. Ils ont été 22 à repeindre les tables à pique-nique. « À la fin novembre, pour la décoration du village de Noël au centre du village, on est une vingtaine. Pour défaire les décorations, on était 25 personnes l’an dernier. C’est comme un party. Les gens sont fiers du succès et de la réalisation », d’exprimer Manon Rousseau. Quant à la relève, elle est déjà amorcée et elle ne fait pas peur aux gens en place. « Il va falloir accepter la relève, c’est de la nouveauté. Il faut pas penser qu’ils vont faire comme nous. On représente une époque, la relève va vivre avec son temps. La vie communautaire va continuer, mais autrement », d’exprimer les participants.

Zacharie Godbout, profession: agent de bord

Zacharie Godbout de Westbury vit présentement son rêve, celui d’agent de bord pour Air Transat. « Je travaille dans les airs et mon bureau est entre deux allées », lance-t-il tout sourire.

Le jeune homme est un bel exemple de détermination. Alors que rien ne le prédestinait pour atteindre cet objectif, il n’a pas hésité à mettre les bouchées doubles et surmonter les obstacles qui se dressaient devant lui. « L’école, ça toujours été dur pour moi. Plus jeune, on voulait m’envoyer en cheminement particulier. Mais c’est parce que j’avais un rêve que j’ai complété mon secondaire. Quand j’avais sept ans, avec la famille, on partait pour la République dominicaine et j’ai dit à mon père: je veux être comme la madame. »

Alors qu’il ne parlait pratiquement pas anglais, le jeune homme est parti à l’été 2015 passer un mois en immersion à Calgary. « J’étais dans un genre de famille d’accueil et j’avais des cours à l’Université de Calgary et des activités.  » À son retour, il s’est dirigé vers l’éducation aux adultes pour compléter son anglais et son français de secondaire V ainsi que son cours d’histoire de secondaire IV. Par la suite, en 2016, il a entamé sa recherche d’emploi pour devenir agent de bord. « J’ai fait six entrevues, à Montréal, à Québec. Ça marchait pas. Je me suis tanné et je me suis dit: je prends un break des entrevues. Je travaillais au Subway quand on m’a appelé pour une entrevue téléphonique à faire le lendemain. Ça ne me tentait pas d’appeler, mais ç’a été ma meilleure entrevue téléphonique. Un mois plus tard, en mars, on m’a convoqué pour une autre entrevue. » Après, plusieurs étapes et au terme de la dernière entrevue, « tout en anglais, se rappelle Zacharie, j’expliquais pourquoi c’était mon rêve et à la fin, elle me dit: es-tu prêt à aller essayer ton uniforme ? »

Depuis juin dernier, le jeune homme vit son rêve à fond. « Je suis basé à Toronto. Je vais monter ma séniorité et quand elle sera assez bonne, je vais essayer d’aller à Montréal. Je me donne cinq ans. » Zacharie est donc un des 3 000 agents de bord de la compagnie Air Transat. Il vole sur trois types d’appareils soit un Boeing 737, un Airbus 310 et 330. D’ailleurs, il a eu la chance d’être sur un vol avec le commandant Robert Piché. « Je faisais Toronto/Lisbonne au Portugal. J’ai eu la chance de lui parler, il est très sympathique. »

Selon Zacharie, être agent de bord ne se limite pas à servir les passagers, c’est beaucoup plus. La sécurité des passagers, explique-t-il, est au centre des préoccupations. « Il faut respecter plusieurs procédures de sécurité. Il faut être attentif aux usagers, il faut surveiller les gens qui embarquent à bord, s’ils ont l’air suspects. Si une personne est intoxiquée d’alcool ou autres, on peut lui interdire le vol avec d’autres procédures. » Une fois que les passagers sont bien installés en toute sécurité, le service peut commencer, d’ajouter l’agent de bord. Zacharie mentionne que le travail ne se limite pas à la sécurité et le service, « il faut être ambulancier, si une personne perd connaissance, pompier, si le feu prend aux fourneaux et même psychologue. »

En poste depuis à peine cinq mois, le jeune homme a déjà vécu des faits cocasses comme échapper du jus de tomate sur une personne ou un cube de glace dans le décolleté d’une femme. Règle générale, les gens sont gentils, précise-t-il, et comprennent.

Même s’il demeure à Toronto, Zacharie mentionne ne pas être souvent chez lui. « C’est pas un mode de vie comme tout le monde. Il faut être organisé, mais ne pas prévoir. Je vis dans mes valises. T’es partout ailleurs dans le monde sauf chez toi. L’été, c’est l’Europe et l’hiver, c’est le Sud. Mon horaire de travail, ça peut être Barcelone, Venise, Paris, Amsterdam. Quand on va en Europe, on reste au moins 24 heures sur place, parfois 48 heures parce qu’on vole de nuit. Il arrive que je travaille sept jours sur sept. » Mais cet horaire de fou, le jeune le veut bien. Il dit prendre tous les vols qu’on lui offre ou presque.

Zacharie adore son travail. « Ce que j’aime le plus, c’est être dans les airs. » On dit qu’un agent de bord perd 1 mois et demi de sommeil par année en raison du décalage horaire, mais Zacharie ne se formalise pas de ce détail. L’important est de faire ce qu’il aime: agent de bord, pour lui, c’est d’être au septième ciel.

Sylvain et Luc : deux artistes à la campagne

Situé en pleine campagne, le centre d’art et de nature Atelier Auckland à Saint-Isidore-de-Clifton rayonne de par les frontières du Haut-Saint-François. Les dynamiques propriétaires et artistes, Sylvain Dodier et Luc Pallegoix, font en sorte que ce petit coin de pays, en apparence, isolé, soit devenu l’épicentre d’un séisme culturel et artistique qui ne cesse de se développer.

Nos deux artistes font la démonstration, au quotidien, qu’il est possible de mener des carrières professionnelles épanouies en région, au Québec et en France simultanément, et ce, à partir de la campagne. Sylvain Dodier, écrivain, poète, médiateur culturel et artiste multidisciplinaire et Luc Pallegoix, illustrateur, créateur d’images virtuelles fixes ou animées, photographe et peintre notamment avec la technologie numérique, développent leur art simultanément avec le centre d’art et de nature.

La mise en commun des deux artistes remonte en novembre 2001 lors d’une rencontre à l’Agora de la danse à Montréal. « On s’était déjà rencontré à l’Agora », de mentionner Luc. À cette époque, ce dernier était directeur général et producteur pour la compagnie de danse Nathalie Pernette, tandis que Sylvain était adjoint à la direction artistique de l’Agora de la danse et directeur du Service d’action culturelle, poste qu’il a cumulé de 1993 à 2003. « On était au top de nos carrières et on voulait faire un premier projet ensemble. On s’est dit : on va faire un truc qu’on n’arrêtera pas ou que les conseils d’administration n’arrêteront pas », d’exprimer les deux artistes engagés. « On a commencé par un spectacle pour enfants en 2004, le show J’aime. » Par la suite, les projets se sont succédé, le magazine numérique J’@ime… express, le lancement du site SylvainEtLulu.com, dont sa popularité au Québec et en France a tenu nos artistes en haleine de 2006 à 2012. Puis à travers les animations dans les écoles et autres occupations professionnelles, s’ajoutent l’atelier en résidence ainsi que le centre d’art et de nature toujours en développement. Tout au long de cette période, nos artistes ont tout de même poursuivi leur carrière solo multipliant les navettes Québec-France.

Il arrive parfois que le hasard fasse bien les choses même si la situation peut sembler triste au préalable. Alors que le couple cherchait un local à Montréal, Sylvain Dodier, originaire de Saint-Isidore-d’Auckland, revient au bercail en raison de l’état de santé de son père. « Je suis revenu au foyer familial, mais je me suis installé dans le garage. On avait transformé le garage en atelier numérique et on dormait dans le garage », mentionne-t-il.

Comme tout artiste, nos deux comparses avaient une vision et un rêve pour le développement de leur art. Dans cette perspective, ils ont amorcé en 2008 une transformation du commerce qui abritait autrefois Aubaines chez Marcel. L’ancienne quincaillerie est devenue le loft ainsi qu’un atelier pour Luc et un autre pour Sylvain. La partie abattoir s’est métamorphosée en grand studio numérique tandis que la salle des moteurs et la boutique de vêtements sont devenues la résidence où on accueille les artistes.

« L’année 2012-2013 en est une charnière. Les gens viennent ici et ça confirme l’idée pour nous qu’on voulait faire une résidence, offrir un atelier pour artistes », d’exprimer avec détermination Sylvain et Luc. Le concept est d’offrir un atelier et toutes les accommodations nécessaires pour accueillir un artiste. Ils jouent en quelque sorte un rôle de mentor et puisent à travers leur vaste expérience professionnelle pour conseiller et appuyer l’artiste dans sa démarche artistique et l’atteinte de ses objectifs.

Situé en pleine nature, dans un décor paisible et reposant, le centre fait rêver les visiteurs. Sylvain et Luc ont prêté l’oreille aux demandes de leurs collègues artistes : « Pourquoi vous recevez pas ici ? » D’où l’idée de développer le centre d’art et la nature qui l’entoure. Pour nos artistes, l’effet n’est que bénéfique. Ils y puisent l’énergie et l’inspiration. « On a toujours les meilleures idées ici », précisent-ils. Les installations, le loft et le studio permettent d’adapter les lieux pour accueillir une exposition, présenter un mini-spectacle ou même pour des réunions. Le centre d’art et de nature est déjà lancé, on y a présenté trois expositions au cours des quatre dernières années et ce n’est pas terminé. Déjà, plusieurs artistes ont eu l’opportunité de s’y produire. L’idée d’ouvrir les portes et de faire un genre d’apéro 5 à 7 les vendredis au cours de la dernière saison estivale a permis de faire connaître l’endroit et créer un lieu de rendez-vous pour artistes et toute la population désireuse de faire de belles découvertes. Nos artistes ont commencé à développer le côté jardin, toujours en y présentant des œuvres d’art et n’ont pas l’intention de s’arrêter là. « On prépare le volet art, nature, culture. On essaie de voir dans quelle culture on va basculer. » Ils entendent bien utiliser une bonne partie des 75 acres disponibles pour développer un concept particulier. Le côté boisé, à leurs yeux, demeure un lieu où les artistes aimeraient travailler. L’idée de sentiers artistiques germe dans l’esprit de nos créateurs. « On pourrait y mettre des œuvres d’art », réfléchissent-ils à voix haute. Il n’y a pas de limites à leur imagination. « C’est un concept en évolution. C’est la même approche qu’en création. Il faut laisser le temps au temps. Ç’a joué sur mon écriture », précise Sylvain Dodier. Heureux et pleinement épanouis, nos artistes se plaisent à dire qu’ils ont développé l’art de vivre. Simultanément à tout cela, Sylvain fait des animations par vidéoconférences pour la France, crée des recueils de poésie sur écran blanc avec des élèves dans les écoles alors que Luc y produit les illustrations sur iPad. À l’image de son collègue, Luc ne chôme pas, la série de photos pour adultes qu’il a développée Les hommes cerfs, les ectomorphes connaissent un vif succès. « Si je n’avais pas habité ici, les gars n’auraient pas eu de tête de chevreuil. Si j’étais resté à Montréal, je n’aurais pas eu cette inspiration. »

Toute cette effervescence n’empêche pas nos artistes de s’intéresser à leur communauté de diverses façons. D’ailleurs, ils ont créé, il y a quelques années, le Fonds permanent en littérature jeunesse en mettant des centaines de livres à la bibliothèque municipale, particulièrement des livres jeunesse. Ce faisant, la bibliothèque municipale est une des mieux fournies en livres pour enfants sur le territoire. « C’est important de redonner au village », manifestent-ils.

Même s’ils sont pleinement épanouis, ils ne sont pas cloitrés pour autant. Le côté jet set, comme se plait à dire Sylvain Dodier, est toujours présent. Cela ne les empêche pas de faire une escapade à Montréal, Sherbrooke ou ailleurs, mais la quiétude du domicile les rappelle rapidement. Pour Sylvain et Luc, « être artiste n’est pas un travail, c’est une nature avec un statut social. Pour nous, c’est possible d’être à la campagne et de mener une carrière. C’est notre capacité à s’adapter, à transformer ce qu’on n’a plutôt que d’espérer ce qu’on n’a pas », de conclure tout souriant nos artistes.

Jacinthe Roger de Finition Jaro

Pendant ses études en chant classique, Jacinthe Roger se voyait vivre la vie d’artiste intello une fois arrivée à l’âge adulte. Elle ne se doutait pas que, à peine quelques années plus tard, elle serait une femme manuelle à la tête d’une entreprise de finition intérieure.

On peut tout de même dire que celle qui est à la tête de Finition Jaro a réalisé son rêve de carrière. Elle a quotidiennement recours à sa créativité pour compléter les divers mandats qui lui sont confiés. Elle doit également faire preuve d’une grande rationalité en tant que gestionnaire et propriétaire d’une entreprise qui emploie jusqu’à six personnes en haute saison. La seule chose qui diffère de son objectif initial, c’est que Jacinthe Roger n’a pas le temps de chômer !

Son initiation au monde de la peinture s’est faite un été en tant que peintre étudiante pour Collège Pro. Mme Roger a par la suite travaillé chez Décoration King à Sherbrooke. « Ça a été une véritable école. » De la peinture résidentielle et commerciale, la propriétaire de Jaro migre lentement vers l’industriel. « Rendus là, on ne calcule plus en gallons de peinture. On compte l’inventaire en poids. »

Les astres s’alignent
Après cinq années, n’étant plus certaine de vouloir poursuivre, Jacinthe Roger quitte Décoration King. « Ça a été le seul moment de ma vie où j’ai été au chômage. » La pause ne durera pas longtemps puisque le téléphone se mit à sonner. Encore aujourd’hui, la principale intéressée n’est pas certaine de qui l’aurait référée. « On me demandait “Ça a l’air que tu fais telle affaire ? ” Sans trop savoir, je répondais “Oui ! ” C’est comme ça que je me suis mise à faire des sidelines pour d’autres peintres. »

Avec l’argent des premiers contrats, Jacinthe Roger en profite pour s’acheter du matériel. Au même moment, son frère Marco démarre Vitrerie Miroplex à Ascot Corner. Il a un peu d’espace inutilisé. La sœur s’y installe un premier atelier démontable.

Les mois se succèdent sans que le téléphone ne cesse de sonner. Jacinthe Roger fait bâtir une rallonge, comme ses affaires et celle de son frère vont bien. Après trois années à être de plus en plus à l’étroit, la peintre acquiert une maison sur le chemin Bélanger à Ascot Corner dans le but d’y bâtir un garage servant d’atelier à son entreprise. Elle n’en a plus vraiment le choix comme ses activités sont plus ou moins compatibles avec celles de la vitrerie. Mme Roger passe 80 heures par semaine à pulvériser de la peinture au fusil alors que, tout près, des pièces de verre devant être exemptes de poussière sont en cours d’élaboration.

C’est vers cette même période qu’un premier employé intègre l’équipe de Finition Jaro. Aujourd’hui, sa main-d’œuvre varie entre 5 et 6 membres, au gré des contrats. « Je trouve que c’est une bonne taille. D’autres entrepreneurs m’ont dit qu’à partir de 7-8 dans l’équipe, tu perds un peu de contrôle sur la qualité par exemple. » Bien qu’elle n’ait pas exclusivement eu des employées, Jacinthe Roger considère la finition comme un domaine féminin. « Je le vois dans les détails, la minutie. Les employées que j’ai eues étaient en général plus perfectionnistes que les hommes. Les hommes de l’équipe font généralement la job de bras. Ils font la préparation des commandes et l’installation à domicile. »

Le service à domicile est d’ailleurs la spécialité de Finition Jaro. « On installe une tente de pulvérisation en plastique, puis on peinture au pistolet. Ça peut être pour des escaliers, des caissons d’armoires, des murs de lambris. C’est un service rapide qui peut prendre de deux à trois jours », indique Jacinthe Roger. « Ça fait aussi que c’est plus compliqué quand je recherche des employés, comme en ce moment. C’est des postes peu connus. Aussi, le peinturage se fait dans un environnement difficile. Il peut y avoir un stress de prestation lorsqu’on travaille chez les gens. Sinon, de manière générale, il y a le fait que tu es exposée à des produits chimiques. C’est souvent des femmes de plus de 45 ans avec beaucoup d’expérience qui ont travaillé ici. »

Malgré son parcours, Jacinthe Roger ne se considère pas comme une femme d’affaires. « J’aime ce que je fais, puis, en plus, ça rend les gens heureux ! » Celle qui n’a pratiquement jamais fait de publicité en 14 années d’existence bénéficie d’un bon réseau de contacts. « Je n’ai pas le sens du marketing développé. Je vais beaucoup fonctionner par référencement, auprès de collaborateurs. J’envoie même des clients à des compétiteurs des fois ! Ça va arriver que le téléphone ne sonne pas et je vais paniquer, puis, tout d’un coup, on aura trop de contrats et je vais souhaiter ralentir. Je crois que rien n’arrive pour rien et que la pensée crée. Il y a beaucoup de synchronicités dans ma vie. »

Espace Sheds

Le Centre local de développement (CLD) du Haut-Saint-François en est à développer un projet de mise en valeur des paysages et de la culture. À terme, Espace Sheds constituera un circuit d’une douzaine de sheds construites et éparpillées à travers la MRC.

La shed de Hampden
La première de ces sheds vient tout juste d’être terminée à Hampden. Celle-ci est située face à l’entrée du secteur Franceville du parc national du Mont-Mégantic. Elle constitue également une des haltes de la piste multifonctionnelle du Parc du marécage des Scots. Deux thèmes y sont abordés: les premiers colons établis dans le secteur, duquel tire son nom le chemin de Franceville, et l’ancienne mine du mont Mégantic.

Entre 1929 et 1955, plusieurs petites ouvertures de carrière ont été pratiquées à flanc de coteau sur le versant nord-ouest du mont. De la syénite, roche semblable au granite, y a été extraite. Celle-ci a été utilisée pour certaines pierres tombales du cimetière de Scotstown et sur les chantiers de construction de la région.

Suite à l’exode d’une importante partie de sa population vers les États-Unis, la province du Québec tente d’attirer des immigrants français. Une quinzaine de familles s’établissent dans les environs du chemin de Franceville entre 1870 et 1914. Parmi elles, les Constant, Fongellaz, Gabert, Oisel, Laumaillier, Pinoteau.

Un projet en deux phases
Par le biais d’Espace Sheds, le CLD poursuit des objectifs de mise en valeur et de protection du patrimoine, en plus de favoriser la rurbanisation, soit l’attraction et la rétention de la population. L’organisme souhaite aussi bonifier l’expérience des visiteurs empruntant le Chemin des Cantons et la Route des Sommets.

La préparation du projet a débuté en octobre 2014. Pour ce faire, le CLD est aidé financièrement par le ministère de la Culture et des Communications et la MRC. Après quatre années de repérage de lieux, de recherche documentaire et de représentation auprès des municipalités, la première phase sera inaugurée vers le milieu de l’année 2018. La seconde et dernière devrait suivre l’année suivante.

Dans un premier temps, le CLD vise dévoiler un total de 7 ou 8 sheds. Celles-ci se retrouveront entre autres à Weedon, East Angus, La Patrie et Cookshire. Un coup le projet complété, l’objectif sera d’avoir une shed par municipalité ou canton. Julie Pomerleau est l’agente de développement culturel derrière Espace Sheds: « Nous avons une bonne collaboration municipale. Les maires sont emballés et très participatifs. C’est un projet rassembleur. »
« À Weedon, la shed se retrouvera au Parc du barrage. À La Patrie, le site devrait être à la halte routière située au milieu de la ville. La poétesse Éva Senécal [native de l’endroit] y sera à l’honneur », détaille Mme Pomerleau.

Entre le cabanon et la grange
L’agente de développement culturel avoue que le choix du terme shed a été un enjeu lors de l’élaboration du projet. On aurait préféré lui trouver un équivalent français, mais, au final, aucun ne venait se substituer parfaitement à l’anglicisme. « Une shed, c’est plus gros qu’un cabanon, mais plus petit qu’une grange. On ne fait pas non plus un circuit touristique de cabanes ou de hangars. Finalement, ça désigne une réalité régionale qui nous est propre. C’était exactement le mot qu’il nous fallait. » C’est ainsi qu’Espace Sheds a été présenté puis accepté.

En se promenant en campagne, on voit encore beaucoup de ces petits bâtiments agricoles en bois. Les sheds modernes construites dans le cadre du projet en sont donc un rappel. « Elles auront toutes en commun d’être faites en bois et d’avoir un toit de tôle. Le bois vient ici rappeler la ruralité en même temps que la forêt, très présente dans la région. »

À terme, deux modèles de sheds modernes seront accessibles pour le public. Les permanentes offriront points de vue et contenu informatif, alors que les petites ne mettront qu’en valeur le paysage, mais seront mobiles. Dans tous les cas, chaque shed sera unique et inspirée du lieu.

« Dans nos sheds, on veut créer une bulle temporelle où il fait bon relaxer et s’imprégner du moment », explique Julie Pomerleau. Par exemple, la shed de Hampden comprend un double banc allongé sur lequel on peut s’installer pour lire ou regarder le ciel.

L’agente du CLD n’hésite d’ailleurs pas à comparer chaque shed à un objet d’art. La firme Pittoresco s’occupe de la conception de ces bâtiments remis au goût du jour. L’entreprise avait réalisé les installations de la Voie des pionniers, un circuit à saveur historique dans la Vallée de la Coaticook.

Son moyen de redonner à la communauté

Âgée de 67 ans, Lise Pratte vient tout juste de décrocher un doctorat en éducation. Pour l’avocate de profession, il s’agissait d’un rêve en même temps qu’une contribution pour les jeunes.

Avant d’arriver à l’âge de la retraite, Lise Pratte avait en tête quelques projets d’après-carrière. L’un d’eux était la vie à la campagne entourée de poules et d’érables. Ce rêve, elle l’a réalisé avec le Domaine Nature L & M, situé à La Patrie. Elle y vit avec son conjoint Michel, le M dans L & M. Le couple y accueille les visiteurs en offrant hébergement, produits de la ferme et pêche en étang. Se décrivant comme une femme d’action aimant apprendre, la docteure en éducation s’est vite rendue à l’évidence que la retraite devrait attendre. C’est en retraçant son parcours que fermette, Barreau et doctorat prennent leur sens ensemble.

Dans un premier temps, il faut savoir que Lise Pratte adore lire. « Lire, c’est comme manger », considère-t-elle. Et si l’on se fie à sa thèse de doctorat de 400 pages, Mme Pratte a grand appétit. Après son baccalauréat et son passage du Barreau, celle-ci débute à la Commission d’enquête sur les coûts des installations des Jeux olympiques de 1976 à Montréal. Elle fut la reporter des commissaires, soit « les yeux et la voix de tout ce qui se passait » dans les coulisses de la commission Malouf. « Je découvrais des termes d’ingénierie et de marketing. C’était fascinant », se remémore l’avocate.

Suite à la publication du rapport Malouf en 1980, Lise Pratte, grâce à ses nouveaux contacts, reçoit une offre pour le poste de secrétaire générale adjointe chez Imasco, maintenant Imperial Tobacco Canada. Elle entame, les soirs et fins de semaine, un MBA en ressources humaines et finances. Comme travail final, elle fait d’ailleurs une analyse de l’entreprise pour laquelle elle travaille. Elle émet des recommandations qui, sans être prises en considération par l’administration sur le coup, vont s’avérer être justes quelques années plus tard, alors que la compagnie se départira de certains secteurs moins rentables.

C’est à ce moment qu’un chasseur de têtes approche Lise Pratte pour lui proposer le secrétariat général chez Bombardier. Nous sommes en 1988 et la compagnie de Valcourt vient de se porter acquéreuse de Canadair. Dans un souci d’efficacité, Mme Pratte introduit les ordinateurs dans le bureau et crée une petite commotion. De cette période de cinq ans, elle garde le souvenir d’une grande effervescence alors que la compagnie procédait à l’achat d’une entreprise en moyenne chaque mois dans le monde.

Alors que Lise Pratte a la mi-quarantaine, une de ses amies proches est victime d’un AVC. De plus, une de ses voisines d’immeuble tombe en dépression. Dans les deux cas, la vie professionnelle intense serait en cause. Cela fait réfléchir Mme Pratte qui jouit désormais d’une expérience enviable. Elle peut de plus en plus choisir les gens avec qui elle travaille et affirmer son caractère indépendant. Elle prend conscience qu’elle n’aime pas être liée à une compagnie et que, à ses yeux, les relations humaines priment devant les profits.

Lise Pratte fait donc un virage vers le milieu éducationnel en œuvrant pour une commission scolaire. Elle conserve de son passage dans le milieu corporatif un intérêt pour le démarrage d’entreprises. Au fil des ans, elle porte plusieurs chapeaux en tant que formatrice, coach, mentore et conférencière ce qui l’amènera à participer à la mise sur pied d’environ 500 entreprises.

Elle effectue entretemps un retour sur les bancs d’école pour se perfectionner dans le cadre de ses nouvelles fonctions. Elle y fait la connaissance d’une professeure féministe, très proche de ses valeurs. C’est suite à cette rencontre que l’idée d’un diplôme universitaire de deuxième cycle commence à germer dans l’esprit de Lise Pratte. Celle-ci ne fera toutefois pas les choses de manière conventionnelle. Au lieu d’être une chercheuse académique, elle tient à être sur le terrain, en contact avec les gens. Sa maitrise en éducation, suivie huit ans plus tard d’un doctorat, est une forme de contribution. Elle souhaite tout d’abord mettre de l’avant l’histoire des jeunes. Mme Pratte veut que ceux « qui ne l’ont pas eu facile, les poqués, en viennent à croire en leurs capacités. » C’est une problématique qu’elle a souvent constatée chez les jeunes filles à qui « on n’a pas toujours appris à se valoriser. »

Même si Lise Pratte s’était juré d’en avoir fini avec les études après sa maitrise, le désir d’encourager la diplomation et l’insertion des jeunes adultes a eu le dessus. Elle atteint ainsi deux buts: la création d’une certaine forme de richesse et, de manière plus importante, porter une mission sociale. C’est pour la même raison que, même si elle ne pratique plus le métier d’avocat, Mme Pratte offre du temps comme recherchiste juridique au cabinet Blais de Lac-Mégantic. « C’est ma façon de contribuer à la communauté après la tragédie. »

Place aux jeunes en région

L’agent de migration Olivier Jean, du Carrefour jeunesse-emploi d’East Angus, a instauré une variante qui a fait parler d’elle dans les séjours exploratoires qu’il planifie pour l’organisation Place aux jeunes en région : il fait appel aux adolescents.

Place aux jeunes (PAJ) a pour mission d’inciter les jeunes âgés de 18 à 35 ans et détenteurs d’un diplôme d’études postsecondaires à s’établir dans le Haut-Saint-François. Pour y arriver, le programme offre des séjours exploratoires qui comprennent le transport, les repas, les activités et l’hébergement payés aux gens de l’extérieur qui souhaitent en découvrir davantage sur la MRC. Traditionnellement, l’agent de migration organise une visite des municipalités comprenant des rencontres avec les différents intervenants et employeurs de la région. Olivier Jean a eu l’idée d’impliquer les adolescents de la région dans le processus.

« J’avais déjà organisé des séjours à thématique entrepreneuriale dans le passé. Il y a aussi d’autres MRC qui en avaient fait à saveur agricole et même industrielle », explique M. Jean. Par ses fonctions au Carrefour jeunesse-emploi, il a également un lien direct avec les adolescents. « Je fais partie du comité de suivi du projet de cité-école à la polyvalente Louis-Saint-Laurent. » Avec l’aide de sa collègue Véronick Beaumont, qui est agente de sensibilisation à l’entrepreneuriat jeunesse, celui-ci a commencé à imaginer des séjours exploratoires présentés par des jeunes. « L’idée est venue en 2016 et on a travaillé pour l’instaurer dès l’année financière 2017-2018. On a contacté les maisons de jeunes en février et mars derniers. »

Le premier séjour exploratoire Quand les ados s’en mêlent a eu lieu en juin dernier. À ce moment, des jeunes des maisons M-SIC, de Saint-Isidore-de-Clifton, et Vagabond, de Weedon, ont présenté leur région par le biais d’une programmation qu’ils avaient eux-mêmes élaborée. Olivier Jean se remémore : « À Saint-Isidore, les ados avaient pris l’initiative d’inviter le maire et le DG. De mon côté, je les aide pour le brainstorm et leur offre un suivi. Je m’assure que les journées ne soient pas trop chargées et que les activités soient réalisables. Mais les jeunes connaissent bien leur ville. Ils ont à cœur leur milieu et y sont attachés. »

Nathaniel Girardin est l’un des jeunes ayant pris part au projet. Il fréquentait la maison Vagabond de Weedon. « On a été cinq, six, à préparer le séjour, puis trois à le présenter. Au début, on pouvait faire ça les soirs, si on n’avait rien à faire. Entretemps, Olivier nous avait donné des points à suivre et de l’information autour. » Nathaniel Girardin se décrit comme un citoyen impliqué dans sa communauté. « J’ai aidé à organiser des labyrinthes d’Halloween et j’ai aussi fait un voyage humanitaire au Pérou. » L’étudiant en foresterie et production acéricole est satisfait de son expérience. « J’ai aimé que le monde qui habite en ville ait un intérêt pour la campagne. On leur en a donné le gout. »
L’agent de migration Olivier Jean ne voit que des impacts positifs à la démarche. « Ça fait découvrir la région au travers les yeux des ados. Ça développe leur sentiment d’appartenance en plus de casser le mythe ou les préjugés qu’on peut avoir envers eux. Finalement, ça donne le pouls réel aux gens de l’extérieur. C’est une belle réussite. »

Une reconnaissance des pairs
Ce changement de la traditionnelle formule des séjours offerts par Place aux jeunes en région n’a pas mis longtemps avant d’être reconnu. Dans le cadre du Congrès PAJ qui s’est tenu à Québec début octobre, le séjour exploratoire Quand les ados s’en mêlent a été le coup de cœur du jury de la Fédération québécoise des municipalités. « Ça a retenu l’attention », admet Olivier Jean. « Des collègues des autres MRC venaient me voir pour dire “Bonne idée ! ” et pour demander conseil. Le but a toujours été de rendre notre milieu attrayant afin d’inciter des jeunes à venir s’y établir. En faisant appel aux jeunes, on a une valeur ajoutée. »

Le prochain séjour exploratoire formule ados approche à grands pas. Celui-ci se tiendra du 17 au 19 novembre. Cette fois-ci, ce sont les jeunes des maisons Actimage, à East Angus, et Chez nous, à Dudswell, qui en seront les hôtes et organisateurs. « C’est du vendredi midi au dimanche après-midi », confirme M. Jean. « On fait le tour des municipalités, on visite des entreprises, en plus de voir les principaux attraits touristiques et culturels. On veut donner une bonne vue d’ensemble, un bon topo à la personne qui ne connait pas le coin. »

Olivier Jean est un lien privilégié entre cette main-d’œuvre potentielle de l’extérieur et les entreprises d’ici. « Il y a un bon marché caché dans le Haut-Saint-François. Ce n’est pas toutes les offres d’emploi qui sont affichées. Certaines vont l’être après quelques mois seulement. Mon rôle est de mettre en lien les participants des séjours exploratoires avec les entreprises. Un peu comme du référencement. »

Cette forme d’aide fait partie des à-côtés qu’offre le programme Place aux jeunes. Ceux-ci comprennent du jumelage direct, du suivi individuel, des cyberbulletins, etc. « Je peux même vérifier s’il y a des places en garderie, avant qu’une personne de l’extérieur vienne s’établir ici », explique l’agent de migration.
Depuis janvier 2015, 48 personnes ont pris part aux séjours exploratoires.

SOLIDel, une entreprise qui voit loin

Installée à Weedon, secteur Saint-Gérard, l’entreprise SOLIDel spécialisée dans l’éclairage solaire résidentiel, commercial, industriel et public, travaille à se tailler une place à l’échelle du Québec, du Canada et même sur le marché international.

Le concepteur et propriétaire, un homme du coin, qui préfère mettre la lumière sur son entreprise plutôt que sur sa personne, travaille depuis plusieurs années à développer des produits. Il aime, explique-t-il, partir de zéro, faire les dessins, la conception, l’ingénierie, l’assemblage pour développer des nouveaux produits. L’homme d’affaires maîtrise l’éclairage au Del depuis plusieurs années. Il s’inscrit parmi les pionniers au Québec à développer les produits Del pour les adapter à l’énergie solaire.
D’ailleurs, c’est après avoir fait plusieurs études de marché qu’il lance son entreprise en 2016. Déjà, SOLIDel offre plusieurs produits dans le secteur résidentiel et commercial. Elle est également en mesure de fabriquer des produits d’éclairage solaire sur mesure «Accumulateurs d’énergie solaire» de très haute performance et adaptés au climat pour les secteurs industriel et public.

Pour SOLIDel, l’avenir est dans l’énergie solaire. « C’est vert, c’est écologique et durable, aucun raccordement aux réseaux électriques n’est nécessaire et complètement autonome. La technologie DEL fait en sorte que ça facilite la performance de l’éclairage, ça se prête mieux à conjuguer avec l’énergie solaire. L’éclairage au DEL peut-être aussi puissant qu’une ampoule conventionnelle et ça consomme beaucoup moins d’énergie », d’exprimer le propriétaire.

SOLIDel est un précurseur dans son domaine. Il s’inscrit parmi les premiers au Canada à installer des accumulateurs d’énergie solaire nouvellement installés au mont Tremblant, permettant d’éclairer une traverse souterraine comprenant un sentier pédestre en été et piste de ski de fond en hiver. Tout près de chez nous, l’entreprise présente son savoir-faire en éclairant à l’énergie solaire une fresque historique sur un mur d’une superficie de 100 pieds de large, en plein centre-ville de Disraeli. SOLIDel éclaire également plusieurs endroits dans diverses municipalités du Québec et du Canada. En fait, la technologie et le savoir-faire de l’entreprise permettent de répondre à tous les besoins que ce soit pour les pistes cyclables, parcs, descentes de bateau dans les marinas, espaces verts, écoles, stationnements, aires de repos, abris d’autobus, boîtes postales et bien d’autres. « Le gros avantage, précise le propriétaire, est qu’aucune excavation n’est requise, aucun branchement sur le réseau électrique. C’est facile et rapide à installer, un avantage pour le marché commercial et l’industriel. »

SOLIDel pousse plus loin son expertise. Elle est parmi une au monde à fabriquer un accumulateur d’énergie solaire communément appelé une tour solaire multifonctionnelle avec son boitier complètement en aluminium et certifié IP 65, pouvant alimenter un système d’éclairage, des caméras de sécurité et divers systèmes de communication.
Ce produit est fort populaire et aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est surtout à l’étranger qu’il semble faire une percée particulièrement en Guinée centrale, en Afrique ainsi qu’en Europe. L’entreprise locale travaille actuellement avec un partenaire au développement d’un nouveau produit très performant qui est en demande un peu partout dans le monde.

SOLIDel est en plein développement. Présentement, la distribution au Québec des produits commerciaux se fait principalement par l’entreprise Lumen, soit le plus gros distributeur de produits électriques. Le propriétaire songe à faire du siège social de Saint-Gérard le futur centre de recherche et de conception. Si tout va bien, on entrevoit une possibilité d’embauche au printemps 2018. Outre les marchés en développement, l’homme d’affaires mentionne que le site de Saint-Gérard est géographiquement bien situé au Québec à proximité de plusieurs centres comme Sherbrooke, Victoriaville, Thetford Mines et Lac-Mégantic.

Évidemment, le propriétaire souhaite le mieux pour son entreprise qu’il désire développer de façon responsable. L’objectif, laisse-t-il entendre, est faire de SOLIDel la référence dans l’éclairage solaire dans le Canada et pourquoi pas outre-frontières. Installée depuis juillet 2017 à Saint-Gérard, SOLIDel est à compléter ses aménagements et consolider une équipe qui l’aidera à atteindre ses objectifs.

Contrée du Massif Mégantic

La Contrée du Massif Mégantic, vous connaissez ? Si oui, tant mieux, et ça ne fait que commencer. Pour les autres, vous serez gagnant à découvrir ses nombreux attraits et de participer aux diverses activités.

La Contrée du Massif Mégantic existe depuis 2015 et regroupe des citoyens et élus de six municipalités situées dans deux MRC; le Granit et le Haut-Saint-François entourant le mont Mégantic. L’objectif est de stimuler le développement socioéconomique et touristique du milieu tout en donnant un coup de main à l’entrepreneuriat local. Pour y arriver, on propose de dynamiser le secteur en mettant de l’avant diverses activités susceptibles d’attirer les touristes, créer un sentiment d’appartenance et une synergie pouvant générer des projets entrepreneuriaux à caractère touristique ou autres.

La Contrée du Massif Mégantic est toute jeune, mais déjà on sent une effervescence que ce soit à Val-Racine, avec l’activité Espace lune, à Hampden et Scotstown avec le Ceilidh écossais, à La Patrie avec le souper gastronomique, à Chartierville le Festival Musique aux Sommets et à Notre-Dame-des-Bois avec l’observation de l’éclipse partielle de Soleil. Toutes ces activités et d’autres ont suscité de belles participations.

À peine deux années dans le corps que la Contrée du Massif Mégantic connaît un début fulgurant. Les citoyens appuient le conseil d’administration et répondent présents aux diverses activités. Les gens ont compris que le regroupement des forces locales au sein d’un même territoire d’action pouvait grandement en favoriser le développement. Carte touristique, dépliant promotionnel et site web, l’organisme sans but lucratif n’a pas tardé à se mettre sur la «map».

Raymond Fournier, de Chartierville, membre de l’organisme et pionnier de la première heure, raconte avec sa fougue et son enthousiasme habituel comment a germé l’idée. « Les gens constatent que la région était en perte de vitesse. C’est à une réunion dans la cuisine de Line Chabot à La Patrie, en avril 2015, que des gens de la place et des néo-intéressés ont parlé d’activités à faire pour la région et ça a pris de l’ampleur. » La bougie d’allumage venait de faire ses premières étincelles et les choses se sont rapidement développées avec l’aide des agents de développement rural du Granit et du Haut-Saint-François.

Concertation des six municipalités, coordination des activités à mettre de l’avant, plan d’action et voilà la Contrée du Massif voit le jour. Mais en fait, au niveau structurel, on a adapté la charte d’un organisme sans but lucratif déjà existant pour la mettre au goût du jour dans l’esprit du développement intermunicipal. Le conseil d’administration regroupe une personne par municipalité, d’expliquer M. Fournier, mais lors des rencontres « on est de 20 à 25 personnes. C’est un genre de plénière. Il y a des élus des six municipalités. Les participants, ce sont des gens intéressés par le développement local, il y a des commerçants, des aubergistes et autres. » À constater l’enthousiasme de l’interlocuteur, la synergie qui se dégage semble des plus stimulantes. D’ailleurs, les six municipalités croient en la démarche puisqu’elles y apportent une contribution financière.

L’année 2016 s’est amorcée avec le lancement du parcours de marche traversant plusieurs municipalités et la carte touristique mettant en avant-plan les divers attraits et activités des six municipalités. « En 2016, on a presque toutes réalisé nos activités et la corporation a réussi à s’autofinancer. On continue à se développer. En 2017, on a créé notre site internet, on a notre Facebook et un logo. On a ajouté trois nouvelles activités et reconduit les autres. On a lancé un «poster» Sorties villageoises sur lequel on retrouve plusieurs activités. Il y a aussi la deuxième année du parcours de marche qui s’intègre aux activités de la contrée. Les activités prennent de l’ampleur, on est reconnu. » Ça y est, M. Fournier est sur une de ses lancées oratoires où son enthousiasme et ses émotions transcendent sur les mots utilisés. Évidemment, les municipalités profitent du pôle que représente le Mont-Mégantic, son observatoire et le parc. Pour renforcer l’image, les municipalités se sont dotées au cours de l’été d’une constellation qui les représente. La municipalité de Chartierville a retenu la Grande Ourse, La Patrie la Lyre, Hampden la Couronne d’Ariane, Scotstown Hercule, Val-Racine le Taureau et Notre-Dame-des-Bois Cassiopée. Visiblement, la Contrée du Massif est sur une lancée. «  On a des projets pour 2018 sur la promotion de produits de la forêt, des matières ligneuses et on va reprendre certaines activités. La contrée veut diversifier ses activités. On veut en organiser d’autres en partenariat, les réaliser et les publiciser », d’ajouter M. Fournier. En outre, on songe à entreprendre une démarche marketing territoriale pour la prochaine année.

Le mont Mégantic et le parc du Mont-Mégantic sont des pôles de développement évident. « On veut se servir de ces pôles pour faire du développement socio-économico et touristique de la région », explique M. Fournier. « On perçoit un intérêt du milieu et on a réussi à attirer des gens de Sherbrooke à nos activités. On veut développer les produits du terroir. On veut un territoire ouvert au monde qui n’est pas replié sur lui-même. On ne veut pas remplacer les CLD. On veut réunir les forces vives du milieu et partir de nouveaux projets surtout touristique et entrepreneurial. Il y a des choses qui se développent autour comme l’hébergement. »

M. Fournier mentionne que la volonté commune de développer les municipalités prend le pas sur toutes autres ambitions. « Il n’y a pas de guerre intestine, n’y a pas de clique. On est une belle gang. On a du plaisir à se voir et à organiser des activités. On ne retire pas d’argent, pas de trophée. La reconnaissance, c’est la contrée », d’exprimer le loquace interlocuteur. Les nombreux intervenants sont propulsés par leur enthousiasme, mais sont conscients qu’une ressource serait la bienvenue et on aimerait bien être en mesure de s’en offrir une pour la suite des choses. La Contrée du Massif Mégantic semble être là pour rester.

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